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Marquis de Sade, The Married Monk, retour de flammes du rock français

Les premiers brisent un silence de 36 ans, les seconds reviennent après 10 ans d'absence, tous deux ont incarné la foisonnante scène rock rennaise: Marquis de Sade joue samedi à Paris à Villette Sonique, The Married Monk sort vendredi un album enthousiasmant.

Il n'est jamais simple de reformer un groupe de rock. Souvent, les motivations sont essentiellement financières, donc mauvaises, et accouchent d'expériences guère concluantes. Autant pour les musiciens, forcés de se retrouver, que pour leurs fans, déçus de ne pas voir leurs héros à la hauteur des attentes.

Pour ce qui est de ces deux groupes, à l'esthétique post-punk glaciale côté Marquis de Sade, à la pop plus exubérante chez The Married Monk, nul risque de cet ordre.

"Pour nous, il n'y a pas vraiment d'enjeu économique", assure Christian Quermalet, la voix et la tête pensante de Married Monk, créé il y a 25 ans et qui sort son sixième opus "Headgearalienpoo" (clin d'oeil à Edgar Allan Poe?). "On n'a jamais été des gros vendeurs. On a dû atteindre les 6.000, 7.000 disques au maximum à une époque", dit-il.

Une époque qui remonte au début des années 2000 lorsque parurent successivement "R/O/C/K/Y" et "The Belgian Kick", deux albums devenus des références avec le temps.

Pour Marquis de Sade, créé en 1977 et dissous seulement après quatre ans et deux disques cultes, "Dantzig Twist" et "Rue de Siam" qui ont posé les fondations d'un certain rock made-in-France, la "notion de plaisir était indispensable" à leur reformation, explique le guitariste Frank Darcel.

Pour rappel, ses différends artistiques avec le magnétique chanteur Philippe Pascal ont fait imploser le groupe.

"On lorgnait chacun vers des choses musicales différentes. Par ailleurs, étant moi-même issu du punk, je ne me voyais pas m'inscrire dans la durée avec un projet", explique Darcel, qui fonda ensuite le groupe Octobre et façonna le son des premiers disques d’Étienne Daho.

- "Ne pas sonner vieux" -

"36 ans après, je trouve assez surréaliste de remonter notre groupe", poursuit-il. "Au concert de Rennes (le 16 septembre), on s'est pourtant rendu compte qu'on représentait quelque chose pour pas mal de gens. Je ne dirais pas que ça nous confère des responsabilités mais ça valide notre démarche".

Pour The Married Monk, le retour dans la lumière s'opère d'abord sur disque, avant une date parisienne le 27 septembre au Café de la Danse et une probable tournée dans la foulée.

"Je n'étais pas sûr d'avoir envie d'y retourner, d'y aller à fond, car c'est ce qu'il faut pour réaliser un album. Un retour manqué c'est embêtant, il y en a pas mal qui ont essayé et se sont ramassés. Bon là, apparemment, les réactions sont bonnes", sourit Christian Quermalet qui a beaucoup collaboré avec Yann Thiersen ces dernières années.

"Headgearalienpoo" a été enregistré en onze jours et contient neuf titres aux mélodies pop-électro imparables auxquelles le trio tord parfois le cou avec une franche réussite.

"On voulait que l'album tienne la route et surtout ne pas sonner vieux", confie-t-il.

Une même préoccupation accompagne Marquis de Sade: "on craignait que notre style n'ait pas passé la barrière du temps. Mais les jeunes, qui sont les enfants de ceux qui nous suivaient à l'époque, trouvent qu'on sonne moderne. C'est curieux", s'amuse Frank Darcel.

Avec Marquis de Sade et The Married Monk, c'est tout un pan de la scène rock rennaise qui ressurgit, même si sa vitalité est entretenue depuis quarante ans par les Trans Musicales, découvreurs de tant de talents hexagonaux et étrangers.

L'étranger. Voilà le seul regret avoué par Frank Darcel à propos du parcours éclair de son groupe. "J'ai découvert par la suite qu'on était connus en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas... Pour nous qui nous prétendions européens, c'est dommage de ne pas avoir joué dans ces pays. Ce serait bien de pouvoir le faire enfin, ça serait dans l'ordre des choses", estime celui qui n'exclut désormais plus rien pour Marquis de Sade. Pas même de créer de nouvelles chansons.

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