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Marseille: grève dans les cantines scolaires, sur fond de "guerre syndicale"

"Grève de confort" accuse FO, "coup de bluff" répond l'UNSA: la grève dans les cantines scolaires marseillaises, entamée il y a une quinzaine de jours et qui devrait durer jusqu'aux vacances d'été, vendredi, pourrait reprendre dès la rentrée, sur fond de "guerre syndicale".

Mardi, le mouvement avait cependant faibli dans les écoles primaires et maternelles de la ville, avec 138 cantines fermées et 79 ouvertes seulement aux élèves ayant leur pique-nique, sur environ 440 au total. Vendredi, 281 cantines étaient restées portes closes et 73 avaient hébergé les élèves avec leur casse-croute personnel, selon les chiffres de la mairie de Marseille.

Initié par Force Ouvrière le 19 juin, notamment sur la question de 14.800 jours de récupérations des employés gelés par l'administration municipale, le mouvement avait été arrêté le soir même par le syndicat, qui estimait avoir obtenu des réponses satisfaisantes.

"Nous ne sommes pas adeptes des grèves locales", a expliqué mardi à l'AFP Arabelle Lauzat, à la tête chez FO de la section des écoles marseillaises: "D'ailleurs, nous n'avions pas fait grève dans les écoles depuis des années, au moins huit ans".

Mais le mouvement a été repris dès le 21 par l'UNSA, la CGT et la FSU: "Et nous sommes toujours en grève, jusqu'à la fin de la semaine, à raison de une heure par jour, entre 11h30 et 12h30", a confirmé à l'AFP Josselyne Cozzolino, secrétaire générale UNSA territoriaux, en dénonçant "le coup de bluff" de FO du 19 juin.

- "Un système s'écroule" -

Certes, la mairie de Marseille a accepté que les jours de récupération 2017 et 2018 soient posés par les employés des écoles. Mais les jours de récupérations 2014, 2015 et 2016 seront eux payés, à hauteur de 65 euros par jour. "Avec le risque pour certains de franchir un seuil au niveau des impôts", regrette Mme Cozzolino.

"Grève de confort", répond FO face à la poursuite du mouvement: "En fait, ils veulent récupérer les négociations de FO, c'est une guerre inter-syndicale, avant les élections professionnelles de décembre", a accusé mardi auprès de l'AFP Arabelle Lauzat, à la tête de la section des écoles marseillaises pour Force Ouvrière.

Majoritaire au sein des personnels municipaux et territoriaux, avec 56% des voix lors des élections de 2014, FO sera la cible lors de ce scrutin, alors que des négociations tendues ont été relancées sur le temps de travail des 12.000 fonctionnaires marseillais, contraints de pointer 40 heures de plus, soit les 1.607 heures légales par an, après plusieurs rapports incendiaires de la chambre régionale des comptes. Des négociations d'autant plus complexes qu'une enquête du parquet national financier vise actuellement la mairie de Marseille sur cette question même du temps de travail des employés municipaux.

C'est cette même enquête qui a mené à l'audition du maire, Jean-Claude Gaudin, par les gendarmes, mardi.

La poursuite du mouvement dans les cantines serait une preuve de plus de la baisse d'influence locale du syndicat, accusé de "50 ans d'acoquinement" avec la mairie (FSU), voire de "gestion clientéliste" (CGT).

L'absence remarquée de Jean-Claude Gaudin au congrès annuel de FO territoriaux, le 26 juin, une première depuis 25 ans, avait déjà fait jaser. "Un système est en train de s'écrouler", a estimé Ludovic Bedrossian (CFTC) dans le quotidien régional La Provence.

Dans ce contexte syndical tendu, la menace d'une reprise dès la rentrée scolaire de septembre du mouvement dans les cantines scolaires plane: "Tout dépendra des discussions sur le temps de travail des 3.200 agents des écoles jeudi", a précisé Mme Cozzolino, en évoquant également le problème du taux d'encadrement non respecté dans les écoles de la ville, avec un agent pour 32 voir 33 enfants, au lieu de 1 pour 25 normalement. "Le plus élevé de France", selon elle.

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