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Mondiaux de judo: l'heure de Malonga

Longtemps restée dans l'ombre, Madeleine Malonga (-78 kg) a jailli en pleine lumière en coiffant sa première couronne de championne du monde de judo, à 25 ans, vendredi à Tokyo. Au meilleur moment, à un an des JO-2020 dans la capitale japonaise.

Après le quatrième sacre historique de Clarisse Agbegnenou (-63 kg) mercredi, puis le premier de Marie-Eve Gahié (-70 kg) jeudi, voilà l'équipe de France à la tête d'une collection de trois médailles d'or, toutes conquises par sa délégation féminine en l'espace de trois jours, plus deux en bronze (Margaux Pinot en -70 kg et Axel Clerget en -90 kg).

Le judo tricolore n'avait plus amassé autant d'or depuis les Mondiaux-2011 organisés dans son antre de Bercy (4 titres). C'est d'autant plus fort que son assurance tous risques Teddy Riner, double champion olympique en titre des poids lourds et décuple champion du monde, fait l'impasse sur le rendez-vous tokyoïte, pleinement focalisé sur les JO-2020. Ca tombe précisément à pic, à onze mois de la grand-messe olympique dans le pays berceau du judo.

- "Team de feu" -

"On a une team de feu !", a souri Malonga à propos du groupe féminin dont elle fait partie au micro de la chaîne L'Equipe. "On s'est bien entraînées, on a été présentes toute l'année, on n'a pas menti, pas triché, c'est le travail qui paie."

Longtemps, Malonga a attendu son tour. Entrée à l'Insep en 2010, l'année de ses dix-sept ans, celle qui, enfant, a rapidement abandonné la danse pour le judo est restée de longues années dans l'ombre, notamment celle d'Audrey Tcheuméo, double médaillée olympique (bronze en 2012 et argent en 2016), triple médaillée mondiale et quadruple championne d'Europe entre 2011 et 2017, mais en difficulté cette année et pas sélectionnée pour ces Mondiaux-2019. Elle a aussi connu largement son lot de blessures (ligaments du genou, de la cheville, pied...).

Vraiment lancée sur la scène internationaleque depuis deux saisons, elle s'est offert de l'or européen, en 2018, puis du bronze, il y a deux mois. Entre les deux, sa première expérience mondiale s'était achevée sur une septième place.

Cinq victoires par ippon en autant de combats, deux derniers succès aux dépens de la N.1 mondiale, la Brésilienne Mayra Aguiar, puis de la championne du monde sortante, la Japonaise Shori Hamada : c'est sur les tapis du prestigieux Nippon Budokan, niché en plein coeur de Tokyo, à quelques encablures du Palais impérial, et qui accueillera les épreuves olympiques de judo l'été prochain, que Malonga s'est accaparé toute la lumière.

- "Pleurer pendant quinze jours" -

En finale, Hamada a rapidement accusé un waza-ari de retard, avant de tomber sans appel sur le dos après un peu moins de 2 min 30 sec de combat.

"C'est l'accomplissement d'un travail acharné, décrit Malonga. "Me dire que j'y suis arrivée, je pense que je vais en pleurer pendant quinze jours... Je suis vraiment fière de moi."

"Gagner au Japon, ça me tenait à cœur. J'espère que dans un an au même endroit, ce sera aussi l'or", ose "Mado", qui a évidemment frappé fort dans la course à l'unique sésame olympique en jeu, et peinait encore à tarir ses larmes de longues minutes après sa victoire.

"Elle a fait une journée extraordinaire. Elle n'a laissé aucune chance à ses adversaires. Elle a pris une dimension encore bien plus grande. Maintenant, il ne lui manque plus que le titre olympique", souligne le directeur des équipes de France Stéphane Traineau.

"Tout au long de l'année, je me suis régulée, j'ai essayé d'attaquer moins précipitamment, d'être plus posée, et ça a payé aujourd'hui. Je suis montée en puissance tout au long de la journée", explique la nouvelle reine.

Malonga, qui mène en parallèle de sa carrière sportive des études d'infirmière, devient la vingtième judoka française de l'histoire sacrée championne du monde.

En -100 kg, le médaillé de bronze olympique 2016 Cyrille Maret et Alexandre Iddir ont tous les deux été stoppés en huitièmes de finale. C'est Jorge Fonseca qui s'est paré d'or dans leur catégorie, une première pour le judo portugais.

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