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Mort de Michel Fourniret: le tueur en série emporte avec lui de nombreux secrets

Des silences, des aveux et des formules alambiquées: le violeur et tueur en série Michel Fourniret, décédé lundi à 79 ans, emporte avec lui de nombreux secrets après avoir souvent dérouté la justice en quarante ans d'un parcours criminel qui lui a valu le surnom d'"ogre des Ardennes".

Condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour le meurtre de sept femmes, puis à nouveau à la perpétuité dix ans plus tard pour un assassinat crapuleux, le tueur n'en avait pas fini avec la justice. Il était encore mis en examen pour les disparitions ou les meurtres de plusieurs femmes, sur lesquels enquêtait la juge d'instruction parisienne Sabine Kheris.

En mars 2020, il avait fini par reconnaître devant elle sa responsabilité dans le plus connu de ces quatre dossiers: la disparition d'Estelle Mouzin en 2003 en Seine-et-Marne à l'âge de 9 ans.

C'est son ancienne épouse Monique Olivier qui avait donné un coup de fouet aux investigations fin 2019, en accusant Michel Fourniret d'avoir enlevé, violé et tué la fillette en contredisant son alibi.

Mais depuis, les problèmes de mémoire du tueur ont compliqué la tâche des enquêteurs. En dépit de nombreuses fouilles engagées avec force moyens dans les Ardennes, son corps n'a pas été retrouvé à ce jour.

En février 2018, Michel Fourniret avait déjà avoué avoir tué deux autres jeunes femmes dans l'Yonne: Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans, et Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée violée et étranglée deux ans plus tard.

"Ego absolu" 

Mis en examen en 2008 pour ces meurtres qu'il avait jusque-là toujours niés, il avait déclaré: "Si ces personnes n'avaient pas croisé mon chemin, elles seraient toujours vivantes". Monique Olivier, avait confirmé ces aveux sibyllins.

En décembre dernier, il a été mis en examen dans un quatrième dossier, celui de la disparition, en 1993 dans l'Orne, d'une femme de 29 ans, Lydie Logé.

Des années après les faits, les aveux de Michel Fourniret avaient relancé l'espoir d'élucider certains "cold cases", des dossiers de disparitions au long cours dans lesquels son implication avait été évoquée et sur lesquels les enquêteurs planchaient, analyses d'ADN à l'appui.

Décrit par l'expert psychiatre Daniel Zagury comme "le tueur en série français le plus abouti", le meurtrier a souvent joué au chat et à la souris avec les enquêteurs.

Me Didier Seban, qui défend plusieurs proches de ses victimes, parle de véritable "bataille" avec l'accusé "pour en savoir plus", s'étonnant de "l'ego absolu de ce personnage", "absolument pervers, absolument insupportable".

Né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes), Michel Fourniret, marié trois fois et père de cinq enfants, a avancé que son "orgueil avait été frappé de plein fouet" lorsqu'il avait découvert que sa première femme n'était pas vierge. De son propre aveu, l'ajusteur et dessinateur en mécanique, père de famille discret le jour, se serait alors mué en "braconnier" à ses heures sombres.>- "Pacte criminel" -

Avant même sa condamnation de 2008, il est condamné à trois reprises en 1967, 1984 et 1987 pour une douzaine d'agressions sexuelles.

De sa troisième épouse Monique Olivier, rencontrée en détention par petite annonce, il fait sa complice, scellant avec elle un "pacte" criminel: en échange du meurtre de son premier mari, elle l'aidera à trouver une femme vierge. A sa sortie de prison en 1987, il s'installe avec elle.

Deux mois plus tard, il viole et tue Isabelle Laville, 17 ans. Suivront Fabienne Leroy, Jeanne-Marie Desramault, Elisabeth Brichet...

Mais l'itinéraire criminel de celui qui était en prison depuis dix-sept ans comprend un trou étrange entre 1990 et 2000, alors qu'il a pu se vanter d'avoir tué deux personnes par an entre 1987 et son arrestation de 2003.

L'équipée macabre du couple s'achève en en effet quand Michel Fourniret est arrêté en Belgique pour un enlèvement raté.

En 2004 et 2005, Monique Olivier craque et révèle aux enquêteurs onze meurtres, dont les sept jugés en 2008 à Charleville-Mézières. Commis entre 1987 et 2001 en France et en Belgique, ces meurtres avaient été précédés de viols ou tentatives de viols.

Chez lui, "le plaisir pervers de faire souffrir l'autre est beaucoup plus fort que le plaisir sexuel", analysait à l'époque le procureur de Charleville.

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