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Mort de Naomi, moquée par le Samu de Strasbourg lors de son appel: "La famille ne souhaite absolument pas que l'on charge uniquement l'opératrice"

La famille de Naomi Musenga, décédée à l'hôpital de Strasbourg fin décembre après un appel pris à la légère par le Samu, compte réclamer jeudi des réponses à ses questions sur la mort de cette jeune femme de 22 ans, refusant d'ériger l'opératrice du Samu en bouc émissaire.

Les parents et la soeur de cette Strasbourgeoise décédée le 29 décembre doivent s'exprimer à 17H30 devant la presse, au cabinet de leurs avocats.

"La famille ne souhaite absolument pas que l'on charge uniquement l'opératrice" mais voudrait que des réponses soient apportées aux "nombreuses interrogations" et que l'on remonte la "chaîne de responsabilités", a déclaré mercredi l'un de ses avocats, Me Mohamed Aachour.

"J'ai très mal au ventre", "J'ai mal partout", "Je vais mourir...", souffle Naomi Musenga, peinant à s'exprimer, dans son appel du 29 décembre transféré par les pompiers au Samu.

"Si vous ne me dites pas ce qui se passe, je raccroche", réplique sur un ton péremptoire l'opératrice du Samu qui ajoute, moqueuse: "oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde" selon l'enregistrement obtenu fin mars par la famille.

Emmenée à l'hôpital plusieurs heures plus tard, après qu'un médecin ait appelé lui-même le Samu, Naomi Musenga, mère d'une petite fille, est victime d'un infarctus puis transférée en réanimation avant de décéder dans l'après-midi. Son autopsie ne sera réalisée que le 3 janvier, 112 heures après sa mort.

Le rapport du médecin légiste évoque une "défaillance multi-viscérale sur choc hémorragique" mais aussi une "putréfaction avancée" du corps qui interroge la famille de Mme Musenga en quête d'explications.


Plainte contre X

La révélation de l'enregistrement de cet appel téléphonique par le magazine alsacien Heb'di fin avril a entraîné, dans un premier temps, l'ouverture le 2 mai d'une enquête administrative par le directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), Christophe Gautier, qui la souhaite "la plus complète et la plus rigoureuse possible".

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a également saisi l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Sur le plan judiciaire, le parquet de Strasbourg, auquel la soeur de Naomi Musenga avait écrit fin avril, a ouvert mercredi une enquête préliminaire pour "non-assistance à personne en péril", confiée à la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) Grand Est.

Ce jeudi étant férié, une plainte pour "non-assistance à personne en danger" et "mise en danger de la vie d'autrui" sera déposée vendredi "contre X et contre les hôpitaux universitaires de Strasbourg", a indiqué Me Aachour.

L'opératrice du Samu concernée a été suspendue "à titre conservatoire" mercredi en attendant l'issue de l'enquête.

"Elle n'est pas bien, elle regrette", dit-on de source syndicale, soulignant qu'il s'agissait d'une "professionnelle confirmée".

"Elle a eu clairement des manquements, ce n'est pas excusable, mais on risque de ne s'en prendre qu'à elle pour que d'autres problèmes ne ressortent pas", insiste cette même source, pointant les "manques de moyens" des services d'urgence.

Des mesures de sécurité ont été décidées mercredi pour le centre d'appels du Samu à Strasbourg, qui, depuis la diffusion de l'appel de Naomi Musenga, a reçu des appels "très agressifs", selon l'hôpital.

Le Samu du Bas-Rhin reçoit en moyenne 2.000 appels par jour, un nombre qui peut encore augmenter certains jours, notamment en fin d'année, dans les périodes d'épidémie et de congés des médecins de ville, d'après le syndicat FO.

Un collectif baptisé "Justice pour Naomi Musenga" a appelé sur Facebook à une marche blanche en la mémoire de la jeune femme le mercredi 16 mai à 17H30 à Strasbourg.

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