Accueil Actu

Municipales 2020 : un test de l'état du pays après des mois de crise sociale

A deux ans de l'élection présidentielle, les municipales des 15 et 22 mars seront un test de l'état du pays après des mois de crise sociale. Mais le scrutin ne devrait pas bouleverser le paysage politique pour autant.

Les candidats ont jusqu'au 27 février pour se déclarer et les tractations s'accélèrent à deux mois du scrutin pour constituer les listes dans les 35.000 communes.

Où en sont les maires ?

Plus de deux Français sur trois ont confiance dans leurs maires qui restent les élus les plus appréciés des électeurs, selon les récentes enquêtes. Dès lors, la prime au sortant est très forte aux municipales. Les maires ont été remis au coeur du jeu politique par la crise des "gilets jaunes" et moins de 30% d'entre eux ne souhaitent pas se représenter en mars, d'après le Cevipof (Sciences Po), malgré les difficultés de la fonction.

Quel enjeu pour Macron et LREM ?

Le chef de l'Etat s'est investi dans la préparation du scrutin et une hypothétique victoire dans une grande ville -Paris, Marseille...- viendrait confirmer la bonne tenue de La République en Marche aux européennes de 2019. Mais le climat social n'est guère favorable à ses soutiens sur le terrain. Contrairement aux quinquennats précédents, les électeurs peuvent difficilement s'emparer des municipales pour sanctionner le pouvoir en place, LREM n'étant que très faiblement implantée localement. Les macronistes ont limité leurs ambitions et tablent sur le gain d'une dizaine de milliers de conseillers municipaux, sur environ 500.000. "Ils n'ont pas parlé de nombre de villes mais d'élus municipaux. Ce qui montre bien que les objectifs sont très faibles", relève Bruno Jeanbart de l'institut OpinionWay. Un nombre conséquent d'élus leur permettrait cependant de préparer le coup d'après, les sénatoriales de septembre, avant les départementales et les régionales de 2021.

Et pour les oppositions ?

Balayés aux européennes (8,5%), Les Républicains doivent montrer qu'ils disposent encore d'un socle local. Ils tenteront de conserver leurs fiefs -Marseille, Bordeaux, Toulouse...- et le maximum des 70 villes de plus de 30.000 habitants prises à la gauche en 2014. Mais de nombreux sortants évitent d'afficher l'étiquette LR et le parti doit endiguer la fuite de ses élus "Macron-compatibles" vers LREM.

Scrutin tout aussi crucial pour le PS. Inaudible au plan national, le parti fait des municipales un enjeu majeur et entend défendre ses positions dans les villes de plus de 100.000 habitants qu'il contrôle, Paris bien sûr, mais aussi Lille, Rennes, Nantes..., et rassembler à gauche dans les plus petites.

Forts de leur bon score aux européennes (13,5%), les écologistes d'EELV tablent sur un bon cru 2020 et revendiquent le leadership à gauche. La transition écologique est de toute façon porteuse, désormais au programme de candidats de tous les horizons.

Le PCF, qui détient encore une vingtaine de villes de plus de 30.000 habitants, veut également rassembler à gauche. Mais le communisme municipal s'effrite à chaque élection. Et LFI est en retrait sur ce scrutin.

A la tête d'une dizaine de villes depuis 2014, le Rassemblement national mise quant à lui sur le mécontentement social pour renforcer son implantation. Mais les municipales sont un scrutin difficile pour le RN, faute d'alliés pour constituer des majorités.

A qui les grandes villes ?

Dans un scrutin largement dépolitisé, les résultats dans quelques villes symboles détermineront le succès ou l'échec des principaux partis. Outre Paris, Lyon, Marseille, où les listes se constituent dans la douleur, la bataille s'annonce rude pour conserver ou conquérir Bordeaux, Lille, Montpellier, Strasbourg, Grenoble ou encore Le Havre, dont Edouard Philippe a été le maire jusqu'en 2017. Autant de villes synonymes d'étendards pour ceux qui l'emporteront, même si les candidats ont jusqu'à présent plutôt tendance à mettre leur étiquette politique dans leur poche.

Quel impact de la grève sur les élections ?

La grève contre la réforme des retraites a déjà pour effet de raccourcir la campagne électorale. Ce qui favorise plutôt les sortants, qui n'ont pas besoin de se faire connaître des électeurs. "A priori, ça ne renforce pas le pouvoir, ça a plutôt tendance à radicaliser les oppositions", note Bruno Jeanbart. L'impact sera d'autant plus sensible si le mouvement devait se poursuivre au-delà de janvier et occulter encore la campagne.

Qu'attendent les Français des municipales ?

Loin des querelles partisanes, "l'attente principale à l'égard du maire, c'est qu'il défende les intérêts de la commune", résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. Elu de proximité par excellence, le maire est vu comme un protecteur vers qui les habitants se tournent en priorité. Un besoin de protection au sens large, qui englobe la sécurité des biens et des personnes, environnementale, ou encore l'accès aux services de santé. La campagne qui s'annonce touchera donc au plus concret, la lutte contre les nuisances, les tracas du quotidien, la défense du cadre de vie ou des services de proximité.

À lire aussi

Sélectionné pour vous