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Municipales à Paris: du mutisme à la déflagration Griveaux

Silence, sidération puis déflagration ont marqué les longues heures pour le parti présidentiel entre la mise en ligne mercredi soir d'une vidéo sexuelle mettant en cause le candidat d'Emmanuel Macron aux municipales à Paris, Benjamin Griveaux, et son retrait vendredi matin.

Mercredi soir, la vidéo sexuelle adressée à une femme d'un homme se masturbant - dont on ne voit pas le visage, mais attribuée à Benjamin Griveaux - est diffusée sur un site créée ad hoc, et partagée par une poignée de politiques dans des messages privés.

Averti de l'existence de ces images, le candidat investi par La République en marche (LREM) choisit de maintenir sa conférence de presse jeudi dans le XVIIe arrondissement. Il arrive avec une heure de retard pour présenter son programme, bon gré mal gré, devant une centaine de soutiens, et une nuée de photographes et journalistes.

Interrogé en aparté par l'AFP sur cette vidéo, un proche du candidat, la mine défaite, répète inlassablement aux questions posées : "Pas de commentaire".

Car dans la salle, les têtes de liste dans les arrondissements assis derrière le candidat au pupitre, ne sont pas au fait.

"Comment est-ce possible ?", s'interroge une élue et candidate à sa succession, "atterrée" l'après-midi lorsqu'elle apprend l'existence d'une telle vidéo. "Mais ce n'est pas possible de faire un truc pareil, putain ! Comment il a pu faire conférence de presse sachant ça ?!", s'emporte-t-elle.

En fin d'après-midi, le député ex-LREM Joachim Son-Forget diffuse sur Twitter le lien vers la vidéo, et les captures d'écran de messages intimes échangés avec une femme.

Rédactions et politiques découvrent l'histoire tandis que les plus proches se retrouvent autour de Benjamin Griveaux, en comité restreint pour réfléchir "à différents scenarri de maintien, retrait, sur des suites judiciaires éventuelles ...".

De retour de Chamonix, Emmanuel Macron et l'ancien strausskahnien de 42 ans se parlent "longuement" et le président lui dit "que quelle que soit (ma) décision, (il) me soutiendrait". M. Macron l'invite surtout à "protéger" les siens.

- "Twitter 1 - démocratie 0" -

Sur les boucles Telegram de la Macronie, c'est l'incompréhension. L'injonction du directeur de campagne aux troupes est: "A ce stade, merci de ne faire aucun commentaire", avant une réunion vendredi matin au quartier général du candidat dans le XVe arrondissement.

Mais le soir même, plusieurs membres de la campagne se réunissent au pied levé pour faire le point, et tenter de mettre en place un plan. Dans les échanges, les premières frictions apparaissent : les deux porte-parole, Olivia Grégoire et Marie-Laure Harel, refusent dans un premier temps d'aller à la réunion autour de Benjamin Griveaux, avant de se raviser. Le troisième porte-parole Sylvain Maillard écrit lui qu'il est "en vacances".

"Ce n'est plus tenable" avec ce candidat, s'insurge une élue, avant d'être appelée au calme par la députée Laetitia Avia. "Personne ne l'ouvre, ils sont tous tétanisés", commente un proche. Dans cette confusion, Mounir Mahjoubi, ancien candidat à l'investiture de LREM, se pose en successeur pour mener la campagne à Paris.

Le lendemain, l'homme déchu, devenu premier politique pris au piège dans une affaire de "revenge porn", arrive au siège de l'Agence France-Presse après 7H30 pour enregistrer son allocution, entouré des plus proches. Emu après une nuit éprouvante, il annonce qu'il se retire de la campagne.

Discrètement, l'un de ses proches résume la situation: "Twitter 1 - La démocratie 0". "Nous vivons des temps étonnants", commente-t-il encore, convaincu comme tous les autres que "cette attaque est large, et dépasse Benjamin Griveaux", l'un des piliers de la campagne d'Emmanuel Macron de 2017. Selon cette source, "elle vise d'autres" personnalités haut placées.

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