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Municipales: les Verts débarquent en force dans les grandes villes

Echec de LREM, déferlante verte dans les grandes villes: les municipales, marquées par une abstention historique, ouvrent un nouveau chapitre politique pour les grands partis et Emmanuel Macron.

Avec les victoires d'EELV seul ou allié aux partis de gauche, "c'est peut-être la première pierre d'une renaissance d'un bloc de gauche qui est posée, avec au coeur la matrice écologiste", souligne auprès de l'AFP Stewart Chau, consultant politique chez ViaVoice.

Autre fait marquant de ce scrutin: la participation historiquement basse, entre 40% et 41% selon les estimations (62,1% en 2014), après 44,3% au premier tour, le 15 mars, à deux jours de l'instauration d'un confinement historique contre l'épidémie de coronavirus.

Emmanuel Macron s'est dit dès le début de soirée "préoccupé" par cette abstention très forte.

L'élection du maire, synonyme de proximité, est un scrutin généralement apprécié des Français.

Mais cette fois, "toutes les conditions étaient réunies pour qu'il n'y ait pas de participation: pas d'enjeu national, pas de campagne, beaucoup de temps écoulé entre les deux tours" en raison de la crise sanitaire, explique à l'AFP le politologue Gérard Grunberg.

Cette abstention est aussi "un message de défiance et une mise en question du système démocratique" qui confirme une tendance à l'oeuvre depuis plusieurs années, ajoute Stewart Chau.

Chez LREM, dont l'objectif de 10.000 conseillers était modeste et dont les listes avaient souffert dès le premier tour, c'est la déception, avec l'échec à asseoir un ancrage local, la perte de Lyon ou encore la défaite du tandem formé avec LR pour gagner à Bordeaux.

Le Premier ministre Edouard Philippe l'a toutefois emporté au Havre face au candidat communiste.

- "Fin de la vieille gauche" -

Ce sont les écologistes d'EELV qui marquent le deuxième tour de ces élections. Après déjà un score surprise de plus de 13% aux européennes de juin 2019, ils remportent cette fois des victoires en forme de trophées dans plusieurs grandes villes: Lyon (ville et métropole), Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Nancy, Tours.

Les Verts ne géraient jusque-là qu'une grande ville, Grenoble, depuis 2014.

Cette "poussée verte" dans les grandes villes est d'autant plus remarquable que "c'est la première fois qu'une dynamique observée aux élections européennes se confirme dans une autre élection", souligne Stewart Chau.

Pour Gérard Grunberg, "c'est l'enterrement du PS et du PCF, la fin de la vieille gauche: les écologistes sont en train de faire la peau de tous les autres partis de gauche".

C'est aussi "l'enterrement de Jean-Luc Mélenchon", avec une France insoumise absente ou noyée dans des alliances.

Le PS reste toutefois en tête dans ses bastions parisien (Anne Hidalgo l'a emporté devant Rachida Dati, avant un troisième tour), et lillois, où Martine Aubry gagne devant les écologistes, mais sur le fil.

Pour la gauche se pose désormais "la question du "leadership et des relations entre le PS et EELV, dans la perspective des régionales de 2021 et de la présidentielle de 2022", souligne Estelle Craplet, directrice d'études chez BVA: "s'ils parvenaient à nouer des alliances, la question sera ensuite pour eux d'avoir une figure consensuelle au niveau national".

- LR se maintient à Toulouse -

Pour Emmanuel Macron, qui compte tourner la page de ce scrutin raté pour son parti dès lundi, en rencontrant les 150 Français de la Convention citoyenne sur le climat, l'enjeu est désormais de "convaincre de sa capacité d'action dans le domaine de l'écologie, qui n'est pas le sujet où il est le plus identifié" par les électeurs, relève Mme Craplet.

Mais, nuance M. Grunberg, attention aux différences entre dynamiques de vote locale et nationale: un récent sondage Ifop-Fiducial pour la présidentielle donnait un Yannick Jadot (EELV) à seulement 8% au premier tour.

Il souligne aussi qu'au-delà du vote vert dans les grandes villes, les électeurs ont bien souvent "voté pour leur maire - ils l'ont réélu -, et le tissu urbain français devrait demeurer largement aux mains de la droite".

Le patron des Républicains Christian Jacob a ainsi revendiqué dimanche soir la victoire de son parti dans "plus de la moitié des villes de plus de 9.000 habitants", après l'échec de la présidentielle de 2012 et des européennes de 2019.

LR s'est maintenu à Toulouse à l'issue d'un scrutin incertain face à la gauche avec la réélection de Jean-Luc Moudenc. Mais le bilan est terni par la situation à Marseille, où les écologistes sont bien placés pour mettre fin à 25 ans de domination de la droite, même si la droite a refusé de reconnaître sa défaite.

A l'extrême droite, le Rassemblement national, qui avait souffert au premier tour de l'abstention des jeunes et des catégorises populaires, sauve la mise en mettant la main sur Perpignan, remportée par Louis Aliot.

C'est la première ville de plus de 100.000 habitants conquise par le parti depuis Toulon en 1995.

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