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Musée juif: une attaque "terroriste", "bestiale", "préméditée", selon l'accusation

La tuerie du 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles constitue une attaque "terroriste", "bestiale" et "préméditée", commise par un homme "archiradicalisé", a estimé mardi le parquet fédéral au procès du jihadiste Mehdi Nemmouche.

"Si attaquer un musée à l'arme de guerre n'est pas violent et bestial, alors rien ne sera jamais violent et bestial. On est parmi les infractions les plus graves", a lancé le procureur Bernard Michel qui achevait son réquisitoire débuté lundi contre le Français, accusé de quatre "assassinats terroristes".

"Pour le tueur, pour Mehdi Nemmouche, l'identité des victimes importait peu. Le but en revanche, c'est qu'il y ait des victimes. Tout cela a bien été prémédité", a poursuivi le magistrat, demandant au jury de le condamner.

Il a souligné que les quatre victimes avaient toutes été exécutées d'une balle dans la tête, soit au revolver, soit à la Kalachnikov. "L'auteur n'était pas là pour discuter, il était là pour abattre", a-t-il commenté.

Pour lui, Mehdi Nemmouche, un délinquant multirécidiviste de 33 ans passé par la prison et la Syrie, "n'est pas simplement radicalisé, mais archiradicalisé". Il a évoqué sa "haine des juifs", qu'il "compare aux nazis".

"Son archiradicalisme l'a incité à refaire le parcours de (Mohamed) Merah", auteur de sept assassinats en 2012 dans le sud-ouest de la France, qu'il considère comme "le plus grand mec que la France ait jamais connu", poursuit Bernard Michel.

Le magistrat a par ailleurs rejeté la thèse de la défense, selon laquelle la tuerie n'est pas une attaque du groupe Etat islamique (EI), mais "une exécution ciblée d'agents du Mossad", (les services secrets israéliens) visant un couple d'Israéliens, les époux Riva, les deux premières des quatre victimes abattues ce jour-là.

Les autorités israéliennes qualifient cette thèse d'"absurde et insultante", a-t-il souligné.

"Si Israël avait estimé qu'il s'agissait bien d'un attentat ciblé, le Mossad serait venu lui-même mener l'enquête à notre place. On les aurait vus débarquer en hélicoptère", a-t-il ajouté.

Il avait déjà qualifié lundi l'argument de "déplacé, indécent et abject à l'égard des victimes", sur lesquelles il fait peser "le poids de leur propre mort".

Dans le box, Mehdi Nemmouche, dont les avocats ont brillé par leur absence, est resté silencieux comme depuis son arrestation il y a cinq ans.

A ses côtés comparaît également Nacer Bendrer, 30 ans, un délinquant marseillais accusé de lui avoir fourni les armes, mais qui nie toute implication.

L'accusation, qui estime qu'il "n'est pas co-auteur, mais complice", a mis en évidence les liens entre les deux hommes, qui se sont rencontrés en prison, dans les jours qui précèdèrent la tuerie, en particulier les 90 contacts téléphoniques entre le 12 et le 24 avril 2014.

Huit minutes, le 15 avril: "Que se raconte-t-on durant 8 minutes ? La recette de la bouillabaisse ?"; Dix minutes, le 22: "C'est long dix minutes pour des personnes qui n'ont rien à se dire."

"Ces discussions ont dû tourner sur les armes réclamées par Nemmouche", qui "a frappé à la bonne porte" pour cela, assure Bernard Michel.

Le verdict est attendu début mars.

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