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Mystérieuses attaques de corbeaux tueurs dans les Pyrénées

Faut-il craindre les corbeaux? Un éleveur de l’Ariège, dans le sud-ouest de la France, accuse une espèce protégée de Corbeaux d'attaquer ses agneaux à la façon des oiseaux d'Hitchcock ! Des accusations accueillies avec circonspection par les spécialistes et les autorités qui enquêtent…

Bernard Antony, 44 ans, qui élève 160 brebis en plein air dans l'Ariège, à Artigat, un village du piémont pyrénéen, affirme avoir "perdu au minimum 80 agneaux et une dizaine d'adultes" lors de la période d'agnelage qui s'achève tout juste. Les grands corbeaux ou corvus corax, espèce protégée, "se rassemblent" et fondent sur le troupeau qu'ils "font avancer" comme le feraient des chiens de berger, dit-il. "Ils les acculent, leur piquent les fesses, les yeux et les côtes".

Bernard Antony souhaite que les autorités trouvent une solution pour le débarrasser des oiseaux et réclame des "indemnisations" évaluées à 140 euros par bête. "J'ai encore trouvé un agneau mort cette nuit", se lamente-t-il. "Il était troué aux flancs, ce sont bien des coups de becs. Les yeux étaient partis. Je sais qu'ils sont là pour être tués, mais là, c'est pas pareil. Ils souffrent. Et je ne fais pas les agneaux pour les corbeaux".

Le maire du côté de l’éleveur

Georges Ballade, adjoint au maire, estime que les attaques montrent "qu'il y a un déséquilibre écologique dans le coin", peut-être du fait que la commune accueille un quai de transfert des ordures ménagères ou "de mauvaises pratiques" d'élevage. Mais certains au village accusent l’éleveur de laisser des carcasses à l'air libre qui attirent ces charognards occasionnels, ce qu'il dément avec force.

Les spécialistes sceptiques
 
Les spécialistes sont étonnés de l'ampleur des dégâts. "Il semblerait qu'on soit tombé sur des corbeaux particulièrement intelligents, qui aient développé des stratégies d'attaque leur permettant de taper fort", ironise un écologue.

La Ligue de protection des oiseaux minimise
 
Yves Roullaud, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de l'Aude, reconnaît que les attaques contre les nouveau-nés (agneaux, poussins ou porcelets) existent même si ce comportement n'est pas "systématique" chez tous les grands corbeaux, des omnivores opportunistes. "La période la plus sensible, c'est lorsqu'une brebis a fait naître un agneau et qu'elle est en train de mettre bas le deuxième", dit-il. Mais que des adultes aient pu avoir été aussi victimes le laisse sceptique. "Je ne connais qu'un cas de grand corbeau s'en prenant à une brebis" et elle "avait une blessure".
 
Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, demande lui à "avoir une explication de ce qui s'est passé, une expertise, avant d'imaginer que ce sont les oiseaux d'Alfred Hitchcock". "Il y a une forme de récupération à considérer que les charognards doivent être des prédateurs même si depuis toujours, certains ont profité d'animaux blessés ou malades pour faire leur travail de sélection naturelle".

Il existe des parades contre les attaques d'oiseaux, soulignent par ailleurs les défenseurs de l'environnement. Les éleveurs ne doivent "rien laisser d'attractif pour le grand corbeau", cadavres ou placentas, explique Yves Roullaud. Ils peuvent aussi s'attacher les services de patous, chiens de berger des Pyrénées généralement utilisés contre le loup ou l'ours mais efficace aussi contre les oiseaux, d'après eux.

Un cas isolé, selon les autorités
 
Alertées le 20 septembre par une lettre au préfet de l'Ariège, les autorités enquêtent. Des équipes de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et des services vétérinaires se sont rendues sur place, où elles ont constaté la présence de grands corbeaux et de quelques vautours. Mais les investigations ne font que commencer, relève la préfecture. "Il reste à déterminer combien d'ovins ont été tués et dans quelles circonstances", dit-on, soulignant que c'est le seul cas du genre dans toute l'Ariège.

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