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Nouvelles manoeuvres au sein du Monde, où Pigasse et Kretinsky veulent se renforcer

Le banquier Matthieu Pigasse et son allié, le magnat tchèque Daniel Kretinsky, négocient le rachat des parts du groupe de médias espagnol Prisa dans le groupe Le Monde, un projet qui suscite des tensions avec un autre actionnaire clé du quotidien français, Xavier Niel.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, la société Le Nouveau Monde, détenue à 51% par Matthieu Pigasse (via son groupe de médias LNEI) et à 49% par Daniel Kretinsky, a annoncé "être entrée en négociation exclusive avec Prisa pour l'acquisition de sa participation dans la société LML (Le Monde Libre)".

LML, créée lors de la recomposition du capital du Monde en 2010, est une holding via laquelle plusieurs investisseurs dont Matthieu Pigasse et Xaviel Niel sont ensemble les actionnaires majoritaires du Monde, avec 75% des actions du journal.

En rachetant les parts de Prisa, Pigasse et Kretinsky, qui détiennent déjà autour de 26% de LML, deviendraient presque majoritaires au sein de cette holding qui contrôle Le Monde, puisqu'ils monteraient à 46% du capital.

Prisa, propriétaire entre autres du quotidien madrilène El Pais, détient 20% de LML après avoir participé au renflouement du Monde en 2005 et en 2010. Mais le groupe espagnol, qui a essuyé l'an dernier une lourde perte (près de 270 millions d'euros, soit deux fois plus qu'en 2017), semble résolu à s'en séparer.

Dans son communiqué, LMN souligne que Prisa lui a notifié "son souhait de céder sa participation dans LML", et "c'est dans ce contexte que LNM et Prisa sont entrés en discussion", précise l'entreprise, ajoutant que le rachat pourrait être bouclé "à l'automne".

- "Agression" -

"Si elle devait être réalisée, LNM financerait cette transaction sur ses moyens financiers propres" et "le contrôle capitalistique de LNM resterait inchangé", insiste l'entreprise, soulignant que Matthieu Pigasse continuerait à détenir la majorité de LNM, dont il a cédé 49% à Daniel Kretinsky.

En outre, le tandem Pigasse-Kretinsky assure agir "dans le seul intérêt du groupe Le Monde Libre et de ses collaborateurs, avec pour unique objectif de conforter le plein respect de son indépendance éditoriale et rédactionnelle et de préserver ses équilibres ainsi que le pluralisme et la diversité de son actionnariat".

Et dans ce cadre, il dit se tenir "à la disposition de tous les actionnaires de LML pour discuter de tout ce qui sera utile à la réalisation de cet objectif".

Selon Médiapart et le Canard Enchaîné, qui ont fait état de ces négociations avant qu'elles ne soient rendues officielles, elles pourraient provoquer une dégradation des relations entre les investisseurs actionnaires du Monde.

Xavier Niel, interrogé lors d'un conseil de surveillance à propos des intentions du milliardaire tchèque, a répondu "je ne peux pas imaginer que Daniel Kretinsky prenne une position de contrôle au-dessus de nos têtes, je le prendrais comme une agression" contre les rédactions du journal et ses autres actionnaires, selon des propos rapportés par l'hebdomadaire satirique, et que l'homme d'affaires, contacté par l'AFP, a confirmé avoir tenus.

Une montée au capital du Monde de MM. Pigasse et Kretinsky confirmerait les grandes ambitions en France du milliardaire tchèque, qui multiplie en ce moment les investissement dans la presse et l'industrie hexagonale, non sans soulever des inquiétudes.

Outre les 49% de LNM, il possède l'hebdomadaire Marianne et a racheté au groupe Lagardère les magazines Elle, Version Femina, Art & Décoration, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris et Public, via son groupe CMI (Czech Media Invest), et a repris les deux centrales à charbon françaises du groupe allemand Uniper (situées à Gardanne et Saint-Avold), vouées à la fermeture, ainsi que des parcs éoliens et solaires.

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