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Noyade de Saint-Cyr en 2012: le général reconnaît un défaut de "vigilance"

Le général Francis Chanson a reconnu mercredi, devant le tribunal correctionnel de Rennes, ne pas avoir été "assez vigilant" sur l'autonomie laissée aux 2e années qui ont organisé un exercice qui s'est révélé fatal à un élève-officier en 2012 à Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan).

A la barre, le général de 60 ans, colonel au moment des faits, s'explique sur sa responsabilité dans la mort du sous-lieutenant Jallal Hami et sur la tenue des séances de "transmission des traditions" qui permettent de faire le lien entre les promotions de "Cyrards".

"Sur la base de départ, ce n'est pas accidentogène" et "il n'y a pas de risque maximal", explique le général, nommé directeur de la formation des écoles (DFE) à Saint-Cyr quelques mois avant les faits, de retour d'opération en Afghanistan.

Jallal Hami, qui avait étudié cinq ans à Sciences-Po Paris avant d'intégrer la prestigieuse école formant les futurs haut-gradés des armées françaises, s'était noyé dans la nuit du 29 au 30 octobre 2012. Il s'agissait pour les nouveaux incorporés de l'école de traverser un étang à la nage, de nuit, avec casque et rangers, dans une eau à 9°, dans le cadre d'une activité hors cadre officiel ayant pour thème le débarquement en Provence.

"Nous n'avons pas été assez vigilants (...) sur le risque intrinsèque de laisser des élèves en autonomie, avec un contrôle qui n’était pas constant", reconnaît l'ancien responsable.

S'il avait eu connaissance de "signes" ou "d'alertes" l'année précédente, où cet atelier avait déjà été perçu comme difficile par plusieurs participants, il l'aurait "modifié ou supprimé".

"La courroie de transmission de ces informations n’est pas remontée", estime Me William Pineau, son conseil.

Le président Alain Kerhoas s'interroge sur cette latitude donnée à des jeunes de 22 ans d'organiser un tel exercice, s'apparentant à une "nage commando", pour près de 150 élèves fraîchement arrivés dans l'école. "Quand on laisse de l'autonomie à des jeunes, il y a quand même un risque de débordements?".

"C’est la particularité de Coëtquidan, vous formez des jeunes qui vont être rapidement chefs", estime le prévenu.

Hervé Wallerand, qui "commandait" les 2e années en 2012 et qui travaille désormais dans les assurances, était interrogé à son tour en fin de matinée. Il est, avec le général Chanson, le seul membre de la hiérarchie à devoir répondre de ce drame devant le tribunal correctionnel de Rennes.

Le procès des sept militaires, tous poursuivis pour homicide involontaire, doit s'achever vendredi.

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