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Paris-2024: des Jeux sans travaux ni opposants, vraiment?

Paris-2024 se targue de n'avoir ni constructions massives à financer, ni sérieuse opposition à affronter pour préparer ses jeux Olympiques. Il lui faudra néanmoins surmonter quelques embûches inhérentes à la réalisation des projets séculaires.

Certes, entre 93 et 95% des installations, sportives ou non, nécessaires à la tenue des JO font déjà partie du paysage francilien. Certes, le plan des transports indispensables à la bonne circulation des athlètes et des spectateurs durant les quinzaines olympique (2-17 août) et paralympique (début septembre) 2024 est déjà validé et budgété dans le cadre des travaux d'aménagement du Grand Paris. Et totalement déconnecté de l'octroi par le CIO des Jeux à la capitale.

Pourtant, les Jeux sont souvent le bouc émissaire lorsqu'il s'agit de contester la nuisance des aménagements ou le coût des travaux qu'ils accompagnent. Les Jeux parisiens, comme beaucoup d'autres à commencer par ceux de Londres-2012, doivent servir d'"accélérateur" d'indispensables projets d'urbanisme selon la plupart des collectivités locales parties prenantes: Ville, Région, Etat. Or, "quand on accélère des investissements, ils coûtent plus cher", note l'économiste du sport Vladimir Andreff, membre du comité scientifique qui a audité la candidature parisienne.

Un exemple parmi d'autres: la mise aux normes des transports collectifs pour les adapter aux personnes à mobilité réduite, mesure exigée par le CIO et sociétalement vertueuse, sera réalisée à marche forcée pour près de 300 millions d'euros.

-'Meilleure qualité de vie'-

Parallèlement, les Parisiens et les Franciliens subiront donc la profonde rénovation de leurs lignes de métros, de tramways, de RER, antérieurement prévue, mais qu'il sera aisé, par amalgame, d'imputer aux Jeux, sur le plan des nuisances comme des coûts.

Le réseau du Grand Paris express --200 km de lignes automatiques, soit autant que le métro actuel et quelque 70 gares-- doit être achevé en 2030 pour une facture estimée à 26 milliards d'euros.

"Ce sera à nous de faire de la pédagogie", estime Etienne Thobois, futur directeur général du comité d'organisation des JO. "D'expliquer premièrement que le coût de ces travaux n'est pas imputable aux JO-2024, deuxièmement que ces quelques nuisances seront largement compensées par une meilleure qualité de vie", notamment autour de l'Ile Saint-Denis où sera érigé, après une dépollution massive des sols et un enfouissement des lignes à haute tension, un village olympique destiné à se muer en logements. Expliquer enfin que la facture finale, pour le contribuable, de tous les travaux franciliens des années à venir ne sera pas forcément le fait des JO.

Estimés à 6,6 milliards d'euros, dont environ la moitié pour le budget d'organisation, espéré au final à l'équilibre, et l'autre moitié pour les constructions pérennes (villages, piscine, etc...), le coût annoncé des Jeux reste modeste par rapport aux éditions précédentes (plus de 11 milliards à Londres et Rio).

Malgré tout, quelques voix se sont élevées durant la campagne pour contester le +coût d'opportunité+ de l'investissement olympique qui de fait détourne l'argent public d'autres postes jugés plus prioritaires.

-'Les colères vont s'alimenter-

"La mobilisation contre les Jeux ne s'arrête pas" avec l'attribution, estime ainsi Danielle Simonnet, élue d'opposition non inscrite, oratrice nationale de la France Insoumise au Conseil de Paris.

"La prise de conscience par les gens de (leur) aspect néfaste va aller croissante à mesure que l'on approchera de la date d'organisation. Tous les investissements vont se faire au détriment d'autres. On est dans une logique où les sponsors et les grandes multinationales qui sont derrière seront gagnantes et non la pratique sportive populaire", avance-t-elle.

Envisager la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine, comme grand bénéficiaire des Jeux parisiens ne suffit pas à apaiser les rétifs.

"Plein de problématiques vont émerger. La priorité va par exemple aller à un grand métro privé à 20 et 30 euros entre l'aéroport et le village olympique alors que les habitants des quartiers concernés ont des problématiques de transport très concrètes", poursuit Mme Simonnet. "Le Non n'est sans doute pas majoritaire aujourd'hui mais les colères vont s'alimenter."

La "pédagogie" vantée par le comité d'organisation sera donc indispensable dans les sept ans qui viennent pour bien "vendre" les Jeux aux Franciliens.

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