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Paris: des élus ont dormi dehors, sous la neige, pour alerter sur le sort des sans-abri

"Est-ce que j'ai dormi? Non, je n'ai pas dormi", lâche Mama Sy. Comme elle, une trentaine d'élus franciliens de toutes les couleurs politiques ont passé la nuit de mercredi à jeudi, une des plus froides de l'année, dans les rues de Paris pour alerter l'opinion publique sur les conditions de vie des sans-abri.

"Mais comment peut-on dormir quand il neige? Il fait moins 4, comment c'est possible?", poursuit Mama Sy. La jeune adjointe, sans étiquette, au maire d'Etampes (Essonne) est à l'origine de l'opération. Entourée d'une douzaine d'autres élus locaux qui, eux aussi, ont dormi dehors, elle fait le point à la gare d'Austerlitz juste avant l'aube.

"Je n'ai pas envie de me plaindre, explique-t-elle, ce serait complètement indécent, sachant que des personnes vivent dans cette situation quotidiennement".

Anne Lebreton, adjointe LREM au maire du 4e arrondissement de Paris, dit avoir "pu dormir un petit peu". "On doit s'attaquer à chacun des problèmes: l'hébergement, éviter que les gens tombent dans la rue. Quand ils viennent d'arriver dans la rue, il y a un travail très important à faire pour éviter qu'ils y restent", dit-elle.

La veille au soir, munie de "deux sacs de couchage, une couverture et un tapis de sol", elle avait dit totalement assumer le "buzz médiatique" généré par l'opération: "le buzz, c'est très important. Regardez ce que l'Abbé Pierre a accompli grâce au buzz médiatique".

Mama Sy et les autres participants espèrent être "reçus par un ministre ou par le président" pour discuter de la prise en charge des sans-domicile-fixe et du plan Grand Froid pour l'hébergement des sans-abri. Pour Mama Sy, il faut trouver des "solutions pérennes". Elle propose notamment "la réquisition des bâtiments publics vides".

"Vingt personnes sans domicile fixe sont mortes en Ile-de-France depuis début janvier", rappelle-t-elle. A Paris, au moins 3.000 sans-abri ont été comptabilisés la nuit lors d'un récent recensement organisé par la mairie.

Face aux températures glaciales, le plan Grand Froid a été décrété et plus de 1.900 places supplémentaires ont été créées à Paris.

- "Arrêtez de filmer!" -

Au plan politique, l'action lancée par Mama Sy n'a pas fait l'unanimité. "La responsabilité d'un élu de la République n'est pas d'aller dormir dans la rue pour faire +plus vrai+, mais de trouver des solutions pour sortir ceux qui y sont", a réagi le groupe PPCI (Parisiens Progressistes, Constructifs et Indépendants, pro-Macron ex-LR) du Conseil de Paris.

Dans la nuit, alors que les élus s'apprêtaient à dérouler leurs duvets sur le bitume, les premiers flocons avaient commencé à tomber dans un froid mordant.

Marchant un peu au hasard dans les rues autour de la gare d'Austerlitz, suivis par une nuée de journalistes, les élus ont tenté de se trouver un coin pour la nuit.

Près du Jardin des Plantes, un SDF auquel les élus voulaient parler s'est manifestement senti importuné par la présence des caméras. "Arrêtez de filmer! arrêtez votre cirque!", leur a-t-il dit, avant de jeter une salière en plastique dans leur direction.

Un peu plus loin, peu avant minuit, à l'entrée du Jardin des Plantes, Abdelsalem Hitache, élu municipal (Modem) au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, a déroulé son duvet. A ses côtés, Philippe, membre de l'association "Un coeur, un toit" qui a passé dix ans dans la rue, lui a raconté "le froid, les agressions et puis les rats".

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