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Pas de grands dispositifs mais du sur-mesure: Macron présente mardi son plan pour les quartiers

Pas de "grands dispositifs" élaborés au sommet de l'Etat ni d'annonces fracassantes mais des mesures "efficaces": après le rapport Borloo, Emmanuel Macron dévoilera mardi son programme très attendu pour améliorer la vie des habitants des quartiers défavorisés.

Ce ne sera pas un énième "plan banlieue" à coups de milliards comme la France en a produit depuis la naissance de la politique de la ville il y a quarante ans, a assuré vendredi l'Elysée, mais une série de mesures dans la continuité de la politique gouvernementale.

Le maire de Saint-Denis évoquait déjà sa déception vendredi: "Monsieur le Président, ce mardi 22 mai, vous n’annoncerez pas les orientations du gouvernement pour la politique de la ville. Pourtant, les banlieues vont mal", écrit Laurent Russier dans une tribune transmise à l'AFP.

Le Premier ministre avait annoncé fin avril qu'Emmanuel Macron annoncerait un "plan de mobilisation" en faveur des quartiers, "nourri" par le rapport Borloo.

"Tirer un trait (sur le rapport) pourrait être perçu comme le signe d’un mépris sans précédent vis-à-vis des habitants des quartiers populaires. Tirer un trait sur le rapport Borloo pourrait alimenter la résignation, la crise démocratique, les dérives communautaires à l’œuvre", prévient M. Russier.

Comme il l'avait fait lors d'un discours à Tourcoing en novembre, le chef de l'Etat, qui s'exprimera mardi matin à l'Elysée devant plusieurs centaines de personnes, martèlera de nouveau sa conviction que "toute la politique du gouvernement concourt à l'amélioration de la vie dans les banlieues", selon la présidence.

"L'enjeu n'est pas de réinventer de grands dispositifs" qui "viennent d'en haut", mais d'"être efficace et de réussir à mobiliser les habitants", en favorisant "l'émergence de projets locaux", assure-t-on.

C'était déjà la philosophie du rapport remis fin avril par Jean-Louis Borloo, élaboré avec l'ensemble des acteurs concernés, des maires aux responsables associatifs en passant par préfets et sociologues.

Le programme présidentiel devrait s'en inspirer, "même si le gouvernement n'a pas attendu le rapport Borloo pour agir", dit-on à l'Elysée. La présidence rappelle ainsi le dédoublement des classes de CP, le lancement des emplois francs et la police de sécurité du quotidien. Ou encore l'engagement de doubler les fonds pour la rénovation urbaine, de cinq à dix milliards d'euros.

"Nous ne supportons plus que la politique des quartiers soit décidée d'en haut, elle doit se co-construire avec nous qui vivons et œuvrons au quotidien sur ces territoires. Nous ne sommes pas un problème mais une partie de la solution", a prévenu vendredi l'association "Pas sans Nous".

Très actif depuis les émeutes de 2005 en banlieue parisienne, son fondateur Mohamed Mechmache, est membre du Conseil présidentiel des villes. Cette instance destinée à nourrir la réflexion présidentielle sur la politique de la ville se réunira mardi matin avant l'annonce des mesures.

- "Remise en confiance" -

L'Elysée prône aussi du sur-mesure, car "la problématique n'est pas la même à Marseille, où le centre-ville est concerné, qu'en Ile-de-France où c'est la banlieue. Et la question de la radicalisation ne se pose pas dans tous les quartiers".

Création de places en crèche pour favoriser le travail des femmes, lutte contre la discrimination à l'embauche, mobilisation des entreprises et de la fonction publique pour recruter massivement des apprentis... Quelles que soient les pistes in fine retenues, une chose est sûre: Emmanuel Macron est attendu au tournant dans les quelque 1.300 quartiers politiques de la ville de métropole, où résident près de 5 millions d'habitants, dont le quart est au chômage.

Car, après s'être engagé pendant la campagne à mettre fin à "l'assignation à résidence" et à favoriser "l'émancipation" par l'école et le travail, celui qui érigeait le chauffeur Uber en exemple a donné l'impression une fois au pouvoir de tourner le dos aux quartiers populaires pour ne plus s'intéresser qu'à la France rurale.

"Certains jeunes n'osent même plus dire qu'ils habitent La Courneuve de peur de ne pas trouver d'entreprise. Il faut vite que le président corrige le tir", avertit Patrick Toulmet, qui dirige le Centre de formation d'apprentis de Bobigny (Seine-Saint-Denis) où Emmanuel Macron s'était déclaré candidat en novembre 2017.

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