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Pavageau démissionne et doit être remplacé fin novembre à la tête de FO

Pascal Pavageau a annoncé mercredi qu'il démissionnait de la tête de Force ouvrière, moins de six mois après son élection comme secrétaire général, après la révélation d'un fichier controversé sur les dirigeants du troisième syndicat français, et son remplaçant doit être désigné fin novembre.

"Je démissionne", a déclaré M. Pavageau à l'AFP. Il ne cache pas son amertume dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie, et qui, a-t-il indiqué, sera son unique expression publique.

"Pour l'ensemble de ces documents et ces erreurs de fonctionnement qui ternissent l'image de notre organisation ainsi que mes actions, je vous présente sincèrement mes excuses", écrit-il. "Visiblement, la cabale ne s'arrêtera pas là. Je savais qu'en acceptant le mandat de secrétaire général, tous mes actes seraient passés au crible, mais jamais à ce point".

Il y adresse un réquisitoire contre les "camarades", à qui il demande ironiquement d'être "fiers du mal" qu'ils lui ont "fait, ainsi qu'à l'organisation, en choisissant de faire passer vos intérêts personnels, votre petit pouvoir ou votre aigreur avant tout", sans donner d'explications détaillées sur l'existence du fichier controversé.

L'ancien secrétaire général fustige ceux qui souhaitent que "certains tiroirs ne soient jamais ouverts". "La première chose que vous avez cherché à m'imposer d'arrêter est la mise en place d'un audit sur l'état des finances internes", laisse-t-il entendre.

"En lisant son courrier, on voit qu'il ne se rend pas compte à quel point son fichier insultant pour certains dirigeants a fait du mal en interne", a réagi un responsable d'union départementale.

La direction élargie de Force ouvrière, composée de 35 membres, a décidé dans l'après-midi, à l'issue de près de six heures de réunion, de convoquer le parlement du syndicat pour gérer l'après Pavageau, les 21 et 22 novembre.

Selon deux membres, un successeur sera élu lors de cette réunion du parlement (le comité confédéral national) du syndicat.

L'idée est de pouvoir recentrer au plus vite le syndicat sur les sujets importants du moment: réforme des retraites, négociation sur l'assurance chômage et élections professionnelles dans la fonction publique en décembre.

- "Méthode des fichiers" condamnée -

Le fichier affublait une centaine de dirigeants de FO de qualificatifs comme "niais", "complètement dingue", "anarchiste", "bête" ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral".

La révélation a fonctionné comme un électrochoc en interne. Dès vendredi, Frédéric Homez, secrétaire général de la fédération métallurgie, avait invité Pascal Pavageau à prendre "lui-même la décision de démissionner". Lundi, ce dernier, réputé "réformiste", s'était allié à un confrère appartenant au bord "trotskiste" de FO, Hubert Raguin, à la tête de la fédération de l'enseignement, pour réclamer le maintien de la réunion de mercredi.

Lundi, à l'issue de la réunion hebdomadaire de la direction resserrée (Bureau confédéral) de FO à laquelle Pascal Pavageau était absent, comme quatre autres dirigeants, les neuf responsables présents ont publié un communiqué cinglant sur la "gravité de la situation".

"Nul ne doit être inquiété pour ses opinions", écrivent-ils, citant la déclaration des Droits de l'Homme. "Tout doit donc être mis en œuvre pour condamner et sanctionner en conséquence toute pratique incompatible avec ces principes fondamentaux et les valeurs et statuts de la confédération Force Ouvrière", avaient-ils insisté.

Mardi, la direction élargie a aussi condamné "la méthode des fichiers", mais a garanti qu'il ne "s'agit pas de remettre en cause les orientations" de Pascal Pavageau.

Après avoir obtenu une copie du fichier, la Cnil s'est rendue au siège de FO vendredi pour "un contrôle sur place" dont l'instruction est toujours en cours.

Les rares soutiens de Pascal Pavageau ont tenté de minimiser l'impact du fichier, voyant dans les demandes de démission une bataille rangée entre d'un côté les défenseurs d'une ligne "réformiste", basée sur la concertation avec l'exécutif, défendue par Jean-Claude Mailly, l'ancien numéro un du syndicat; et de l'autre, les partisans d'une ligne plus offensive, celle de Pascal Pavageau, adepte de la grève et d'alliances avec les autres organisations syndicales.

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