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Patrick Shanahan arrive au Pentagone sous le signe de la continuité

Le nouveau chef du Pentagone Patrick Shanahan est arrivé mercredi à la tête de l'armée américaine sous le signe de la continuité, gardant la stratégie de son prédécesseur Jim Mattis, qui lui a laissé deux gros dossiers à régler: le retrait de Syrie et la guerre en Afghanistan.

Ancien numéro deux du ministère de la Défense, M. Shanahan, 56 ans, a officiellement pris ses fonctions de ministre par intérim le 1er janvier, après la démission fracassante de Jim Mattis le 20 décembre, en raison de profonds désaccords avec le président Donald Trump, notamment sur le retrait des troupes américaines de Syrie.

Mercredi, au cours d'une réunion avec les principaux responsables du Pentagone, M. Shanahan "a dit à l'équipe de concentrer ses efforts sur la mise en oeuvre de la stratégie de défense nationale", qui identifie la Russie et la Chine comme les deux grandes puissances adversaires des Etats-Unis, a indiqué un responsable du ministère ayant requis l'anonymat.

Le ministre par intérim leur a dit: "Souvenez-vous: la Chine, la Chine, la Chine", a ajouté ce responsable, sans mentionner la Russie, que le président américain ménage.

Les Etats-Unis accusent la Chine de vol de technologies sensibles et d'expansionnisme diplomatique et militaire.

"En 2019, la stratégie de défense nationale restera notre guide", a tweeté M. Shanahan, ancien ingénieur, qui a passé plus de 30 ans chez Boeing, n'a jamais servi dans l'armée et n'a aucune expérience politique.

Il a été choisi par M. Trump pour succéder dès le début de l'année à M. Mattis, qui avait, lui, prévu une période de transition jusqu'à fin février.

Il revient désormais à cet homme au ton posé et attentif aux détails de gérer le retrait des 2.000 soldats américains déployés en Syrie, un désengagement partiel d'Afghanistan et l'impact de ces décisions sur le terrain et pour les alliés des Américains.

- Beaucoup de questions -

Son manque d'expérience inquiète les élus du Congrès, qui voyaient dans Jim Mattis, ancien général des Marines, un garant de stabilité dans une administration agitée de secousses.

Le représentant démocrate Rick Larsen a ainsi tweeté à l'annonce de sa nomination par le président une série de questions qui montre l'ampleur de la tâche qui l'attend.

"Etes-vous d'accord avec un retrait immédiat de Syrie? Exprimerez-vous un soutien total à l'Otan? Allez-vous reprendre les exercices militaires avec la Corée du Sud?", demandait ainsi M. Larsen en référence aux divergences apparues au fil des mois entre le président et son ministre de la Défense, avant que M. Mattis ne claque la porte.

L'ancien général, grand défenseur des alliances internationales et notamment de l'Otan, alors que le président affirme que les alliés "profitent" des Etats-Unis, avait renoncé avec réticence à d'importantes manoeuvres militaires en Corée du Sud pour faciliter les négociations de M. Trump avec le leader nord-coréen Kim Jong Un.

Est-ce que le groupe Etat islamique (EI) "est vaincu", comme l'affirme M. Trump, demandait aussi l'élu démocrate. "Comment un retrait partiel d'Afghanistan permettra-t-il d'atteindre les objectifs? Est-ce que vous saurez dire non" au président, ajoutait-il.

"Et le Yémen, et l'Arabie Saoudite?". M. Mattis avait été vertement critiqué au Congrès pour son soutien indéfectible à l'Arabie saoudite après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et la position de M. Shanahan sur cette question, comme sur les autres, reste un mystère.

Malgré son manque d'expérience politique, son entourage souligne que M. Shanahan a participé à l'élaboration de la stratégie de défense de M. Mattis depuis son arrivée au poste de numéro deux en 2017.

"Toute sa vie adulte, Shanahan a fait entendre une voix dissidente à ses chefs quand c'était nécessaire", assure un responsable qui le connaît bien. "Il n'aura aucun scrupule à continuer".

M. Shanahan, qui devient le septième des 21 membres du cabinet de M. Trump à assumer des fonctions par intérim, a participé à la mi-journée à un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Le président y a critiqué M. Mattis devant les caméras, affirmant l'avoir, "au fond, renvoyé", alors que l'ancien général a démissionné avec fracas en publiant une lettre assassine à son encontre.

M. Trump, qui a également demandé à M. Shanahan d'arrêter de publier les rapports sur la guerre en Afghanistan, est resté vague sur le calendrier de retrait de Syrie. Cela prendra "un certain temps", a-t-il dit.

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