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Plantu, son regard railleur sur le monde exposé à la BnF

Une centaine de dessins originaux de Plantu sont exposés à partir de lundi à la Bibliothèque nationale de France (BnF), hommage au regard plein d'humour que le dessinateur de presse pose sur le monde depuis près de 50 ans.

"On découvre des dessins anciens, au style encore assez soigné, exécutés à la plume et à l'encre de Chine", explique à l'AFP Martine Mauvieux, responsable du fonds des dessins de presse de la BnF et commissaire de l'exposition.

"Aujourd'hui son geste est plus souple, davantage concentré sur la composition que sur le graphisme", poursuit-elle dans la galerie des Donateurs où une centaine de dessins de Plantu est exposée jusqu'au 20 mai.

Le dessinateur a cédé 500 œuvres à la BnF et lui a également confié 50 ans de production, soit 30.000 dessins qui donnent à lire, avec impertinence, l'histoire du monde.

"Une telle quantité de dessins à étudier représente un travail colossal", souligne la commissaire, "d'où l'importance de les conserver; les chercheurs vont pouvoir y consacrer des travaux".

- 'Les affres de la création' -

"Je voulais vraiment montrer ses dessins originaux, ses études, ses travaux préparatoires" afin de bien marquer les différentes étapes avant leur reproduction dans la presse, poursuit-elle, tout en mettant en avant les thèmes et les personnages récurrents.

Pour l'affiche de l'exposition, la BnF a commandé un "dessin spécial" à Jean Plantureux dit "Plantu", qui fêtera ses 67 ans le 23 mars.

"Il s'est finalement représenté en dessinateur face aux affres de la création", souligne la commissaire guidant la visite aux côtés du dessinateur aux yeux bleus rieurs.

"Certains matins, j'ai tellement peu d'inspiration que j'ai des idées noires", confie Plantu à l'AFP, au point de "me dessiner, une pierre autour du cou, avant de me jeter au fond d'une bassine d'eau".

Le dessin de l'affiche orne aussi la couverture du livre "Plantu 50 ans de dessin" (Ed. BnF/Calmann Lévy) qui fait "office de catalogue", précise la commissaire. Eric Fottorino en signe le texte et consacre même à son ami l'intégralité du dernier numéro Le 1 qu'il dirige.

Dans son hebdomadaire, l'ex-dirigeant du Monde se souvient du "jour où il a +censuré+ Plantu".

"Bonjour les chevilles ! C'est ahurissant tout ça... ", déclare le dessinateur en plaisantant: "Maintenant, j'attends que la police vienne mettre fin à cette imposture qui dure depuis 50 ans !"

- Premier dessin de presse -

A l'époque de la parution de son premier dessin le 1er octobre 1972 dans Le Monde, "je vendais des meubles et des escabeaux aux Galeries Lafayette".

Il avait croqué une petite colombe, un point d'interrogation dans le bec, marquant sa perplexité quant à un accord de paix qui mettrait fin au conflit américain en "Indochine".

"Il a vingt et un ans, le Vietnam est sous les bombes. Pour un jeune de sa génération, c'est la guerre qu'il ne fallait pas faire", rappelle Eric Fottorino, dans le livre.

Plantu, qui se qualifie d'"interprète" du monde, ignorait alors que sa colombe deviendrait une véritable signature, notamment pour "Cartooning for peace", son association de défense de la liberté d'expression des dessinateurs de presse.

Le visiteur pourra voir ou revoir aussi son émouvant dessin inspiré par les obsèques historiques de "Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski", confrères du journal satirique Charlie Hebdo, assassinés le 7 janvier 2015 dans une attaque terroriste.

Un crayon à dessin est brandi par un défunt à travers un cercueil, conçu en carton à dessin et qui traverse la foule, salué par un officier de police ému.

"Faire un policier versant cette petite larme était important pour moi", souligne Plantu, rappelant que "ce jour-là, les policiers ont été applaudis et les cloches de Notre-Dame ont sonné en hommage à Charlie Hebdo ! "

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