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Policiers agressés au Nouvel an à Champigny: au moins 14 interpellations

Les images d'une policière à terre, rouée de coups, avaient fait le tour des réseaux sociaux et suscité l'indignation: au moins quatorze personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'agression de deux policiers le soir du Nouvel an à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) ont été interpellées mardi.

Parmi ces douze hommes et deux femmes, certains sont soupçonnés d'avoir frappé la gardienne de la paix, d'autres d'avoir filmé la scène ou de n'avoir pas réagi, ont expliqué à l'AFP des sources policières. Tous ont été arrêtés tôt mardi matin dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, le Val-d'Oise, en Seine-et-Marne et dans l'Eure.

Âgés de 16 à 20 ans, ils ont été placés en garde à vue pour violences en réunion sur personnes dépositaires de l'autorité publique, non assistance à personne en danger et enregistrement ou diffusion d'images de violences, a confirmé le parquet de Créteil.

Les perquisitions aux domiciles des suspects ont notamment permis de "retrouver les tenues vestimentaires portées par certains au moment des faits" et une grenade de désencerclement probablement dérobée lors de l'agression, selon une source proche de l'enquête.

"Tous les auteurs ont été arrêtés", a affirmé mardi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur LCI. "Ces interpellations témoignent de l'engagement constant des enquêteurs pour, sous l'autorité des magistrats, identifier les auteurs de ces actes", a-t-il salué plus tard dans un communiqué.

Cette vague d'arrestations intervient un peu plus de trois mois après le début de l'enquête, menée par la Sûreté départementale du Val-de-Marne.

Tout avait démarré peu après minuit le 1er janvier, à Champigny-sur-Marne, en proche banlieue parisienne.

Cette nuit-là, un événement non autorisé dans un hangar d'une zone industrielle de la ville tourne à la foire d'empoigne. Parmi les renforts, un capitaine de police et une gardienne de la paix du commissariat voisin de Chennevières-sur-Marne arrivent sur place.

Les deux policiers se garent et continuent à pied. Ils se retrouvent rapidement au milieu de la foule, qui s'éparpille après l'intervention policière. Violemment pris à partie par quelques personnes, le duo se met à courir et se retrouve séparé.

- "Travail de fourmi" -

La suite est racontée par la vidéo qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux. On y voit la policière de 25 ans, roulée en boule au sol, se faire rouer de coups de pieds par plusieurs hommes qui l'encerclent.

"Ils se sont acharnés sur moi", a raconté dans sa plainte la fonctionnaire, dont c'est le premier poste. Frappée au visage, au ventre et aux jambes, un médecin a réévalué à 30 jours son interruption totale de travail (ITT), initialement de 7 jours.

Plus loin, le capitaine de 48 ans reçoit un coup de poing au visage, synonyme de fracture du nez et de 10 jours d'ITT. Lui n'a pas été filmé et l'enquête n'a pas pour l'instant permis de retrouver ses agresseurs.

Cette agression amplement médiatisée avait suscité l'indignation générale de la classe politique. À commencer par le président Emmanuel Macron, qui avait condamné un "lynchage lâche et criminel", en promettant que les coupables seraient "retrouvés et punis".

Elle avait également relancé la grogne des policiers, au moment où le gouvernement s'apprêtait à expérimenter la police de sécurité du quotidien (PSQ), censée améliorer les rapports avec les citoyens. De nombreux rassemblements avaient été organisés dans plusieurs villes pour dénoncer la "haine anti-flics", un peu plus d'un an après l'attaque aux cocktails Molotov qui avait grièvement brûlé deux agents à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016.

Certains syndicats policiers réclamaient le retour des peines planchers ou la suppression des aménagements de peines pour les agresseurs de forces de l'ordre. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait temporisé, en promettant "une réponse forte" sans annoncer de changement législatif.

Le syndicat Alliance s'est félicité mardi "du travail de fourmi" des enquêteurs. "A l'époque on réclamait des peines lourdes, fermes, suivies d'un mandat de dépôt. Dès lors où les faits auront été constitués nous attendons de la justice que ces individus aillent en prison", a indiqué à l'AFP le secrétaire général adjoint d'Alliance, Frédéric Lagache.

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