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Présidentielle au Costa Rica: quatre candidats, le mariage gay en débat

Le Costa Rica vote dimanche pour une présidentielle très ouverte: quatre candidats sur 13 ont des chances d'accéder au second tour dans cette "Suisse de l'Amérique centrale" où le mariage homosexuel est devenu un thème central.

Parmi les favoris de ce premier tour, Fabricio Alvarado, député et pasteur évangélique de 43 ans du parti Restauration nationale (évangélique), s'est détaché ces dernières semaines du peloton, passant de 3% d'intentions de vote en décembre à 16,9%, mercredi, dans le dernier sondage.

Il doit cela à une prise de position très ferme contre l'union de personnes du même sexe, après une récente décision de justice qui affecte tout le continent.

Le 9 janvier, la Cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), institution émanant de l'Organisation des Etats américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage gay, marquant une évolution majeure en Amérique latine, région où les inégalités sont criantes pour la communauté LGBT.

"Tous les droits patrimoniaux issus de liens familiaux de couples du même sexe doivent être protégés, sans discrimination par rapport aux couples hétérosexuels", a écrit la CIDH, dont le siège est à San José, en réponse à une consultation du gouvernement du Costa Rica.

- Balai à la main -

Bien que non-contraignante, cette décision exerce une pression sur les législations locales pour une "rapide mise à niveau afin de garantir les droits de toutes et de tous, quelle que soit leur orientation sexuelle", selon Silvia Augsburger, co-auteur de la loi sur le mariage homosexuel en Argentine, adoptée en 2010.

Ce coup de semonce a fait irruption dans la campagne présidentielle, réveillant la fibre conservatrice des Costariciens, selon des experts.

"Nous parlons d'un pays conservateur et religieux", explique à l'AFP le politologue Felipe Alpizar, de l'université du Costa Rica. Les sondages mensuels du centre d'études politiques (CIEP) de cette université montrent un rejet massif, autour de 65% d'opinions défavorables, du mariage homosexuel, de l'usage récréatif de la marijuana, d'un état laïc et de l'avortement même en cas de viol.

Jusqu'ici, dans ce petit pays vivant de l'écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique, les préoccupations des électeurs tournaient autour de la corruption et la hausse de la criminalité, due essentiellement à l'essor du trafic de drogue, qui ravage ses voisins.

Des thèmes sur lesquels l'avocat pénaliste Juan Diego Castro, 62 ans, issu du petit parti Intégration nationale (PIN, droite), a surfé avec succès grâce à un discours sécuritaire et la promesse de combattre ces fléaux. Après avoir caracolé en tête jusqu'au mois de décembre, celui qui se présentait en public avec un balai, symbole de son intention de tout nettoyer, a plongé de 16 à 8,6%, selon la dernière enquête d'opinion.

- Second tour le 1er avril? -

Si plusieurs candidats se sont dit opposés à la décision de la CIDH, Fabricio Alvarado, le candidat évangélique, est allé plus loin: il s'est dit prêt à retirer son pays de cette institution internationale.

Derrière lui dans les sondages, on trouve l'ex-député Antonio Alvarez, 59 ans, du parti Libération nationale (PLN, social démocrate), la plus grande formation du pays, avec 12,4%. Puis, en troisième position, l'ancien ministre Carlos Alvarado (sans lien de parenté avec Fabricio), 38 ans, du parti au pouvoir Action citoyenne (PAC, centre), à 10,6%, suivi de l'avocat Juan Diego Castro.

"La caractéristique de cette élection est la volatilité et l'indécision" de l'électorat, résume M. Alpizar, du CIEP, dont l'étude dévoilée mercredi souligne la part croissante de personnes ne sachant pour qui voter, passés de 27% à 36,5% en une semaine.

Si aucun des candidats n'atteint les 40% de voix dimanche, un second tour aura lieu le 1er avril pour désigner le successeur du centriste Luis Guillermo Solis. Les députés doivent aussi être désignés ce week-end lors de ces élections générales.

Ce pays, dont la richesse environnementale lui vaut le surnom de "démocratie verte", est un des rares à avoir interdit la chasse sportive et à ne pas s'être laissé séduire par les sirènes de l'exploitation minière ou pétrolière, principales ressources de nombreux Etats latino-américains.

Il a préféré miser sur les énergies renouvelables, dont il est un des champions mondiaux.

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