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Présidentielle: "pas de déclic" à gauche avec l'entrée en lice prévue de Taubira

L'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira devrait sans surprise se déclarer candidate à l'élection présidentielle en fin de semaine, une perspective qui n'a pas provoqué de "déclic" et qui semble même morceler davantage encore la gauche à trois mois du scrutin.

"L'enjeu n'est plus de savoir si elle va être candidate", confie à l'AFP Guillaume Lacroix, président du PRG, l'ancien parti de Mme Taubira.

Celle-ci devrait s'exprimer en fin de semaine, avec un positionnement à même de rassembler la social-démocratie et les écologistes, précise un autre proche.

Depuis sa promesse, mi-décembre, de se décider avant le 15 janvier, c'est-à-dire samedi prochain, Christiane Taubira a enchaîné les déplacements. Dernier en date: une déclaration solennelle, dimanche à Bondy, en Seine-saint-Denis, où elle s'est engagée à respecter le "verdict" de la "Primaire populaire".

Celle-ci n'a de "primaire" que le nom. En effet, face au refus d'y participer de l'écologiste Yannick Jadot, de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, du chantre de la "Remontada" Arnaud Montebourg et du communiste Fabien Roussel, les organisateurs ont décidé de passer à une "investiture populaire".

La plupart "des électeurs de gauche veulent une candidature de rassemblement pour la présidentielle. Les candidates et candidats auraient pu s'organiser entre elles et eux. À nous, citoyennes et citoyens, de la choisir désormais", plaide Samuel Grzybowski, un de ses porte-parole.

Si la plateforme compte plus de 300.000 soutiens, inquiets de ne voir aucune candidature de gauche rivaliser dans les sondages avec les droites et Emmanuel Macron, 110.000 d'entre eux sont spécifiquement inscrits pour le vote qui aura lieu du 27 au 30 janvier. Il donnera "la plus belle des légitimités", selon Christiane Taubira.

Ne souhaitant pas apparaître comme une "candidate de plus", elle "envoie le signal de celle qui joue le jeu" en reconnaissant le vote, explique Guillaume Lacroix, qui ajoute: "Malgré tout, elle prend son risque".

Les quelques sondages qui l'ont testée lui ont attribué entre 2,5% et 7% des intentions de vote, pas de quoi bouleverser la donne à gauche pour l'instant.

- "Une candidature de plus" -

Et quand ils ne peuvent l'ignorer, les candidats se démènent pour la marginaliser, chacun à leur manière. Jean-Luc Mélenchon répète à l'envi que l'important pour la gauche n'est pas "l'union mais la mobilisation", en référence à l'abstention qui la guette.

Yannick Jadot a inlassablement refusé de participer à une primaire, estimant avoir déjà fait cet effort en remportant la primaire écologiste de septembre. "Comme souvent, ceux qui parlent de rassemblement sont ceux qui ont eux-mêmes le moins rassemblé", cingle son entourage lundi, en regroupant comme "sociaux-démocrates" Christiane Taubira, Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg.

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo tient pour sa part une ligne de crête. Elle est la première, en décembre, à avoir demandé l'organisation d'une primaire. C'est elle "qui en appelant à une primaire a créé les conditions d'arrivée" de l'ancienne ministre, ironise un lieutenant de Mme Taubira.

D'abord favorable à un format de primaire classique avec débats et vote physique, Mme Hidalgo ne ferme désormais pas la porte à la reconnaissance de "l'investiture populaire", mais à la condition que Yannick Jadot fasse de même.

Jean-François Débat, maire de Bourg-en-Bresse et proche de Mme Hidalgo, critique la démarche de Christiane Taubira: "l'intérêt, c'est que la primaire débouche sur des candidats en moins, pas sur l'ajout d'une candidature supplémentaire".

La communiste Marie-George Buffet observe aussi: "de fait Christiane Taubira est pour l'instant une candidature de plus, il n'y a pas eu de déclic" sur son nom.

La semaine s'annonce chargée. Anne Hidalgo va présenter son programme jeudi, le même jour Yannick Jadot se rend à Grenoble pour voir le maire Eric Piolle et Jean-Luc Mélenchon tient un meeting important de sa campagne, en réalité augmentée, à Nantes dimanche.

La probable déclaration de candidature de Mme Taubira s'inscrira dans ce planning où chaque camp occupe, plus que jamais, son couloir. "Il y a des discussions à haut niveau chez les équipes des candidats" et "ça va bouger d'ici fin janvier", promet un partisan de l'union.

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