Accueil Actu

Prisons: les surveillants mobilisés dans l'attente d'"arbitrages" gouvernementaux

La mobilisation des surveillants de prison a repris jeudi matin dans toute la France avec de nombreux établissements bloqués dans l'attente d'"arbitrages" gouvernementaux sur leurs revendications pour de meilleures conditions de sécurité.

Les discussions qui se tenaient depuis mardi soir entre les syndicats Ufap-Unsa (majoritaire) et CGT-Pénitentiaire et l'administration pénitentiaire ont abouti mercredi soir à un document envoyé "à l'arbitrage de la garde des Sceaux et de Matignon", ont indiqué les deux organisations dans un communiqué commun.

"Une fois les arbitrages rendus, les discussions reprendront afin de faire un point et finaliser ou pas un document que nous soumettrons aux personnels", ont-elles ajouté, tout en appelant à reprendre dès jeudi matin le "blocage général" des prisons, entamé depuis lundi mais qui avait été suspendu mercredi.

FO-Pénitentiaire n'a pas pris part aux négociations mais participe à la mobilisation nationale, qui a été provoquée par l'agression il y a une semaine de trois gardiens par un détenu islamiste dans la prison de Vendin-le-Viel (Pas-de-Calais).

Jeudi matin, 87 établissements étaient affectés par la mobilisation "à des degrés divers, soit 46% du parc pénitentiaire", selon la Direction de l'administration pénitentiaire, pour qui la mobilisation est "similaire à la journée de mardi".

L'Ufap revendiquait, elle, "140 à 150 établissement bloqués et 6.000 à 7.000 personnels mobilisés", a déclaré à l'AFP son secrétaire national Wilfried Fonck.

A travers la France, les accès aux prisons étaient totalement ou partiellement bloqués par des piquets de grève, avec parfois des barricades de palettes en bois et de pneus enflammés, empêchant ou retardant notamment les visites au parloir et les extractions de détenus vers les tribunaux.

Dans les Hauts-de-France, qui abrite la prison de Vendin-le-Vieil, "les 17 établissements de la région sont bloqués, seul le personnel pénitentiaire peut rentrer", a notamment affirmé à l'AFP le secrétaire régional Ufap-Unsa, Guillaume Pottier.

Le directeur interrégional des services pénitentiaires, Alain Jégo, faisait, lui, état de 16 prisons bloquées.

"On continue parce qu'on a toujours rien obtenu. Il y a eu des choses pour Vendin, mais c'est un mouvement d'ordre national", a expliqué M. Pottier.

- "Ubuesque" -

Après l'agression de Vendin, suivies d'autres à Mont-de-Marsan (Landes), Tarascon (Bouches-du-Rhône) et Varces (Isère), les surveillants de prisons réclament des conditions de travail plus sécurisées, avec notamment une "gestion spécifique pour les détenus terroristes islamistes et radicalisés", des recrutements supplémentaires et une "reconnaissance des métiers pénitentiaires".

"Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard", "De belles promesses c'est bien, des promesses tenues c'est mieux", clamaient ainsi des pancartes devant la maison d'arrêt d'Elsau à Strasbourg, où 80 surveillants étaient rassemblés jeudi.

"Ce qu'il faut, c'est que le mouvement se durcisse. Il faut que les choses changent. On sait que cela va engendrer des incidents pour les coursives, que cela va être dur pour les familles, mais il faut que chacun comprenne (...). On risque notre vie tous les jours", a lancé à l'AFP un surveillant sous couvert d'anonymat.

Le mouvement était assez largement suivi dans toutes les régions de France, les surveillants clamant leur "détermination" également en Outre-Mer. "Le centre de Remire-Montjoly en Guyane a rejoint le mouvement", a souligné Wilfried Fonck.

A Fleury-Mérogis (Essonne), environ 200 personnes ont bloqué pendant quelques heures l'entrée du plus grand centre pénitentiaire d'Europe avant d'être évacuées vers 10H00 par les forces de l'ordre, selon les syndicats sur place.

A Marseille, une centaine d'agents ont également barré tous les accès à la célèbre prison des Baumettes, a indiqué un responsable CGT.

"Ca peut paraître ubuesque mais on fait grève non pas pour demander de l'argent, mais juste pour pouvoir faire notre travail et rentrer à la maison sans passer par les urgences", a souligné Wilfried Fonck: "Les garanties sur la sécurité doivent prévaloir sur tout le reste".

burs-sva/jt/kp

À lire aussi

Sélectionné pour vous