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Procès des attentats de Paris: retour sur l'audition de Salah Abdeslam qui assure "n'avoir tué, ni blessé personne"

Pour la première fois, Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, a affirmé mercredi au procès de ces attaques avoir fait "marche arrière" et renoncé à "enclencher" sa ceinture d'explosifs.

Ce mercredi, durant près de 8 heures, Salah Abdeslam a répondu aux questions de la Cour d'assises de Paris. Il a été question d'un voyage en Grèce effectué avec un co-accusé, du départ et du retour de Syrie de son frère Brahim ainsi que du café des Béguines.

Le président de la Cour d'assise ne voulait pas couper Salah Abdeslam dans son élan et éviter qu'il ne se mure dans son mutisme. La Cour est donc allée jusqu'au finish mercredi soir. Il n'y aura pas d'audition aujourd'hui. Cependant, Salah Abdeslam sera encore longuement interrogé au mois de mars sur la préparation et son rôle exact dans les attentats de Paris.

Les parties civiles ont été surprises qu'il collabore et réponde à de nombreuses questions mais il reste encore beaucoup de zones d'ombres sur son rôle exact dans les attentats du 13 novembre 2015.

Debout dans le box, vêtu d'une chemise blanche, un masque de la même couleur sur sa barbe noire, le Français de 32 ans demande à faire une "déclaration spontanée": "je n'ai tué personne, je n'ai blessé personne. Même une égratignure, je ne l'ai pas faite", assure Salah Abdeslam.

Il a également été question de sa conception du monde, et de son amour pour l'État islamique. Il a répété que même s'il restait un combattant, il ne représentait pas un danger pour la société.

Sur le fond, Salah Abdeslam explique être parti en Grèce pour faire du tourisme, il nie avoir conduit son frère Brahim à l'aéroport de Zaventem lors de son départ en Syrie (il reconnait par contre être venu le rechercher), quant au café des Béguines, il le fréquentait parfois mais il n'a jamais visionné de vidéo d'exactions commises par l'Etat islamique.

Une vision binaire du monde

Sur la forme, Salah Abdeslam est apparu très posé durant les 8h d'audition. C'est d'ailleurs lui qui a tenu à aller au finish hier soir jusque 20h30. Il s'est cependant montré arrogant quand il a été poussé dans ses retranchements, surtout par les avocats des parties civiles.

Salah Abdeslam se présente aujourd'hui comme un combattant de l'organisation État islamique. Il est pour la charia et l'esclavagisme. Il a une vision binaire du monde, un monde divisé entre Occident et Orient : Avant l'été 2015, "j'avais des amis musulmans et des non-musulmans. Ça ne me posait aucun problème à ce moment-là."

Il a beaucoup été question de son frère Brahim, kamikaze du Comptoir Voltaire qui est le seul à être mort dans l'explosion. Selon Salah, quand Brahim est rentré de Syrie, il n'avait pas de mission, ni de cible définie. L'organisation État islamique lui avait demandé de se tenir prêt : il était l'embryon d'une cellule dormante. Abdselam déclare : "Je suis sûr qu'il y a des gens en Europe qui attendent, qui sont prêts et cela va s'activer." Pour lui, Brahim était un leader, il était charismatique, il respectait les gens.

Salah déclare qu'il a lui aussi "pensé" partir en Syrie par humanisme parce qu'il était révolté par les bombardements de la coalition internationale, mais il n'a jamais fait le moindre préparatif.

"Nous avons un Salah Abdeslam qui n'est certainement pas dans le repenti mais dans le combat. C'est quelqu'un qui, encore une fois, est dans le choix de sa stratégie de défense. Il est sur la même ligne, c'est un combattant de l'Etat islamique avec différentes périodes de sa vie où il a commencé par l'adhésion jusqu'à la sympathie et l'allégeance. C'est bien qu'il est parlé. Mais les questions portaient sur une période où il était dans le mutisme. C'est l'instruction qui a parlé pour lui", a réagi Samia Maktouf, avocate de plusieurs parties civiles.

Encore beaucoup de questions

Pour les parties civiles présentes lors du procès, beaucoup de choses ne sont pas encore claires dans les explications de Salah Abdeslam. Arthur Denouveaux, rescapé du Bataclan, et président de l'association de victimes "Life For Paris" a réagi la sortie de l'audience, en disant que "au mois de mars on aura encore des questions sur ce qu'il s'est vraiment passé le 13, sur ce qui était prévu, sur ce que lui devait faire et sur ce qu'il a fait ou pas fait. Ça reste des questions encore assez importantes pour les parties civiles".

L'avocate Samia Maktouf a ajouté : "il y a ses intentions, comment il s'est organisé, la location des voitures, les cache en Belgique, comment ces caches ont été organisées. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas encore dites à ce sujet, et j'espère qu'en ce qui concerne le passage à l'acte, Salah Abdeslam acceptera d'éclairer la Cour, pour permettre aux victimes de comprendre ce qu'il s'est passé".

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