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Procès des attentats de Paris: les réquisitions commencent, à quoi faut-il s'attendre?

Les réquisitions ont commencé mercredi au procès des attentats du 13-Novembre, qui juge à Paris Salah Abdeslam et 19 coaccusés pour une nuit d'horreur ayant fait 130 morts et traumatisé un pays tout entier.

"Que retiendra-t-on de cette audience ? Quelles images ? Quelles paroles resteront ?", a dit l'avocate générale Camille Hennetier, la première des trois avocats généraux qui se succèderont jusqu'à vendredi devant la cour d'assises spéciale. "Votre verdict bien sûr. Le nom des disparus égrenés en septembre dernier. Les récits des victimes, enfin, incontestablement la cruauté des terroristes qui tirent au coup par coup et achèvent certaines personnes avec délectation", a-t-elle poursuivi.

Ce procès hors norme par sa durée, ses plus de 2.500 parties civiles et sa charge émotionnelle touche à sa fin, plus de six ans et demi après les pires attentats jamais perpétrés sur le sol français.

Tour à tour et pendant trois jours, les représentants du parquet national antiterroriste (Pnat) vont se lever pour démontrer quelles sont, selon eux, les responsabilités de chacun des accusés jugés depuis le 8 septembre.

Camille Hennetier, Nicolas Braconnay et Nicolas Le Bris vont tenter de reconstituer le puzzle d'un titanesque dossier, d'abord dans un propos général, puis en développant le cas de chacun des 20 accusés - six d'entre eux, dont cinq hauts cadres de l'organisation Etat islamique présumés morts en Syrie, sont jugés en leur absence. Ce n'est que vendredi qu'ils réclameront des peines leur encontre.

"Incongru"

Douze encourent la réclusion criminelle à perpétuité, dont Salah Abdeslam, unique membre encore en vie des commandos qui ont semé la mort au Stade de France, sur les terrasses parisiennes, et dans la salle de concert du Bataclan. Mutique pendant l'enquête, le Français de 32 ans a répondu aux questions pendant le procès, mais sa "vérité" a peiné à convaincre l'accusation.

C'est "par humanité" et pas "par lâcheté", a-t-il expliqué, que lui-même n'a pas tué, renonçant à actionner sa ceinture explosive dans un bar du 18e arrondissement.

Celui qui s'était présenté comme un "combattant de l'Etat islamique" à l'ouverture du procès a finalement versé des larmes lors de sa dernière prise de parole quelques mois plus tard. "Je vous demande de me détester avec modération", a-t-il prié les rescapés et proches des victimes en demandant leur "pardon".

L'accusation, qui a toujours préféré la thèse d'un défaut de fonctionnement de sa ceinture, a mis Salah Abdeslam face à ses contradictions lors de ses interrogatoires.

"Etrange", "incongru", ont estimé les magistrats du Pnat, que le principal accusé n'ait été recruté par la cellule jihadiste que quelques jours avant les attaques, comme il l'a soutenu. Ou encore qu'il ne puisse identifier le bar qu'il devait viser - invisible dans les documents listant les "cibles" découverts dans un ordinateur de la cellule jihadiste.

Les "bons copains"

Difficile à croire enfin, alors que les commandos du Stade de France, des terrasses et du Bataclan étaient tous composés de trois hommes, que Salah Abdeslam opère "tout seul", lui qui contrairement aux autres n'était jamais allé s'entraîner en Syrie.

Outre le principal accusé qui encourt la perpétuité incompressible - une sanction rarissime qui rend très difficile tout aménagement de peine - les avocats généraux requerront contre Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles qui était aussi "prévu" pour le 13-Novembre, et les "bons copains" qui ont aidé Salah Abdeslam pendant sa cavale.

Certains, comme les accusés Farid Kharkhach, qui a fabriqué des faux papiers "sans savoir" qu'ils étaient destinés à la cellule jihadiste, ou Yassine Atar, qui jure n'être lié au dossier que parce qu'il est le frère du commanditaire des attentats Oussama Atar, espèrent que les débats ont fait changer d'avis l'accusation.

Il ne devrait pas y avoir de surprises dans les réquisitions, le dossier ayant peu évolué au cours des plus de 130 journées d'audience. Ces réquisitions succèdent aux plaidoiries des parties civiles, achevées mardi soir.

Pendants deux semaines, les avocats sont revenus sur cette nuit d'horreur et de chaos, ces scènes de guerre devant le Stade de France ou en plein Paris qui ont laissé des blessures indélébiles. Après les réquisitions, la parole sera donnée à la défense à partir du 13 juin. Le verdict est attendu le 29 juin.

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