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Assassinat de Samuel Paty: les parents se disent "démunis" pour en parler aux enfants, les psys donnent des conseils

Après l'assassinat sauvage du professeur Samuel Paty, de nombreux parents d'élèves se sentent "démunis" et ne savent pas comment aborder le sujet avec leurs enfants, les psychologues préconisant de les "écouter" sans "imposer de questions".

"Ce n'est malheureusement pas la première fois que les parents doivent aborder le sujet délicat des attentats avec leurs enfants mais cette fois, cela touche d'autant plus les enfants car il s'agit d'un professeur, qui aurait pu être le professeur de chacun d'entre eux, ils peuvent se projeter", explique à l'AFP Catherine Verdier, psychologue et thérapeute pour enfants et adolescents.

Poser des questions pour entamer la discussion ou attendre que l'enfant en parle lui-même... Les parents interrogés par l'AFP se sentent très souvent "perdus", "démunis" face à ces situations.

Pour Brigitte Prot, psychopédagogue, "quel que soit l'âge, il ne faut surtout pas que l'adulte plaque ses questions sur l'enfant. Trop souvent les parents veulent expliquer avant d'écouter l'enfant".

"On l'a vu au moment des attentats de Charlie Hebdo, des parents ont voulu absolument poser d'emblée des questions à leurs enfants, mais attention, certains enfants ne sont pas prêts. Je propose donc aux parents d'être avant tout dans l'écoute", ajoute Brigitte Prot.

"Je n'avais pas les mots à chaud pour aborder le sujet avec mes enfants de 14 et 10 ans. Je me sentais un peu perdue et démunie face à cet éventuel échange", témoigne Marie, 42 ans, en région parisienne. "J'en ai finalement parlé à l'aînée vite fait, je vais revenir dessus. J'essaie en revanche d'éviter d'en parler à mon fils car il a une sorte de fascination pour les faits divers, il risque de me poser 1.000 questions", assure cette mère de famille.

En effet, le fait que Samuel Paty ait été décapité constitue un acte particulièrement barbare, très difficile à expliquer aux enfants, et qui peut exercer une fascination chez certains.

"Je pense que les adultes peuvent s'abstenir d'entrer dans les détails sordides de la décapitation car ils risquent de s'y perdre et cela peut nourrir l'obsession déjà présente chez certains enfants", estime Brigitte Prot.

"J'ai un enfant qui ne parle pas souvent, qui garde tout pour lui, c'est difficile"

Mais face à des adolescents qui sont constamment sur les réseaux sociaux et savent pertinemment que l'enseignant a été décapité, "le parent est en droit de dire qu'il ne souhaite pas en parler plus en détail, car il s'agit d'un acte trop ignoble, qu'il faut en revanche condamner fermement", souligne-t-elle.

Malheureusement, pour certains élèves scolarisés à Conflans-Sainte-Honorine, les images sont arrivées trop rapidement sur les réseaux sociaux.

Fanny Sauvêtre, dont la fille de 15 ans était au collège du Bois d'Aulne l'année dernière et a vu la photo circuler sur les réseaux sociaux, "trouve cela très dur à gérer en tant que parent". "Ma fille a été choquée quand ça s'est passé (les attentats) à Paris, mais ça paraissait un peu loin. Là c'est dans son ancien collège, tout d'un coup ça devient très concret pour elle", raconte cette mère de famille de 38 ans.

Sabrina, 42 ans dont le fils a vu à la fois la photo circuler mais aussi l'assaillant à terre. "Mon fils est passé au mauvais moment, à la mauvaise heure. Il a été voir la cellule psychologique. J'ai un enfant qui ne parle pas souvent, qui garde tout pour lui, c'est difficile", dit-elle.

L'assassinat de ce professeur est intervenu à la veille des vacances scolaires de la Toussaint, laissant les enfants coupés de l'école durant deux semaines, "alors que les enseignants auraient certainement aimé en parler tout de suite avec leurs élèves", considère Catherine Verdier. Brigitte Prot pense elle qu'au contraire, c'est "un sas de décompression nécessaire".

Fanny, mère d'un garçon de 10 ans, n'a pas souhaité lui en parler depuis vendredi "car c'est trop lourd à digérer à son âge". "J'étais ravie que les vacances arrivent à ce moment-là pour faire une pause mais maintenant que je sais qu'ils vont en parler en classe à la rentrée, je me dois de lui en parler en premier", déplore-t-elle.

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