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Attentats de Paris: qui sont les kamikazes?

Les enquêteurs sont actuellement en train de retracer le parcours des terroristes qui ont tué 128 personnes vendredi soir lors de 6 attaques à Paris. Les restes des corps des kamikazes qui se sont fait exploser boulevard Voltaire, au Bataclan et au Stade de France, sont ramenés à l'Institut médico-légal (IML). Les enquêteurs espèrent que des traces ADN ou des empreintes exploitables coïncideront avec un fichier d'auteurs d'infractions. Des premières avancées dans ce sens viennent d'être faites:

Un des assaillants du Bataclan qui s'est fait exploser a été identifié. Il s'agit d'un Français né en 1985 qui était connu des services de renseignement pour sa radicalisation (il faisait l' objet d'une fiche S de la DGSI). D'après des sources policières, il s'agit d'Omar Ismaïl Mostefaï. Né à Courcouronnes en Essonne, il est connu pour des faits de petite délinquance mais n'a jamais été incarcéré et n'avait jamais été impliqué judiciairement dans une affaire de terrorisme. Il a été identifié grâce à ses empreintes digitales et à son ADN.


Passeports syrien et égyptien

Selon BFMTV, en plus d'un passeport syrien qui est celui d'un migrant arrivé en Grèce il y a un mois, un passeport égyptien a été retrouvé à proximité du corps de l'un des assaillants du stade de France. Le document est en cours de vérification. La "piste syrienne" est l'une des hypothèses de travail des enquêteurs, ont souligné ces sources, précisant que des vérifications sont effectuées en lien avec des services de renseignement étrangers, notamment européens. Une source policière a indiqué samedi matin à l'AFP que les kamikazes étaient apparemment des hommes "aguerris à première vue et parfaitement entraînés", que des témoins ont par ailleurs décrits "comme assez jeunes et sûrs d'eux". La question de leur entraînement et d'un éventuel séjour en zone de jihad, notamment en Syrie, s'est "assez rapidement" posée dans les investigations, selon des sources policières, ajoutant qu'il s'agissait de "premiers éléments d'enquête" restant "à affiner".

Un témoin interrogé par Le Monde affirme qu'une des voitures avait une plaque belge

La description faite par un témoin des évènements qui sont survenus ce vendredi soir à Paris indique qu'une voiture impliquée dans les attentats avait une plaque belge. "J’ai entendu des tirs pendant au moins trois minutes, qui venaient de l’angle de la rue Alibert et Bichat, j’ai regardé par la fenêtre et vu des gens courir, deux voitures arrêtées devant Le Petit Cambodge et Le Carillon", raconte une jeune femme qui habite dans la rue Bichat. "Encore des tirs, et des gens par terre devant Le Carillon. Puis j’ai vu une des deux voitures noires partir de devant chez moi, j’ai vu surtout le passager de devant qui était très jeune, je lui aurais donné 18-20 ans. Ils sont partis très vite vers la rue du Faubourg du Temple. Je n’ai vu personne derrière. La voiture avait une plaque d’immatriculation belge", ajoute le témoin. Des tickets de parking de Molenbeek auraient été retrouvés dans l'une des voitures des terroristes, mais aucune confirmation n'est encore venue clarifier cette piste. Des perquisitions ont d'ailleurs été menées à Molenbeek toute l'après-midi et dans la soirée de samedi. Selon la Dernière Heure, trois des terroristes impliqués hier dans les attentats viennent de cette commune bruxelloise.


Lien "fondé" entre l'arrestation d'un homme en Allemagne et les attentats de Paris

Le lien entre un homme arrêté en Allemagne la semaine dernière en possession d'armes automatiques et d'explosifs et les attentats de Paris est "fondé", a assuré samedi le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer. "Il y a une hypothèse fondée qu'il y a un lien possible avec la chose", a déclaré M. Seehofer, lors d'un rassemblement de la CSU, le parti conservateur qu'il dirige. La police judiciaire avait confirmé auparavant l'arrestation d'un homme le 5 novembre en Bavière, qui cachait dans son véhicule "plusieurs mitraillettes, revolvers et des explosifs". Selon le site de l'hebdomadaire allemand Focus, l'homme en question viendrait du Montenegro et aurait gardé le silence lors de sa garde à vue, sans prendre d'avocat pour se défendre.


"Des jihadistes avaient déjà menacé d'attaquer des salles de concert"

Un journaliste spécialisé dans le terrorisme et un chercheur sur les questions islamistes rappellent que de récentes vidéos ou déclarations pouvaient laisser penser que la France était toujours sous la menace d'une attaque.



"Ces derniers mois, des jihadistes avaient déjà menacé d'attaquer des salles de concert", écrit David Thomson sur Twitter. "Ces derniers jours, 2 vidéos de l'EI contenaient des images faisant référence à la France alors que le sujet ne s'y prêtait pas directement", explique de son côté Romain Caillet. "Sans tirer de conclusions hâtives, on peut toutefois se demander si ces vidéos ne contenaient pas un signal codé pour les terroristes?", ajoute le chercheur et consultant sur les questions islamistes.




"L'attaque a été coordonnée et planifiée, probablement sur plusieurs semaines"

L'expert en contre-terrorisme Claude Moniquet était sur le plateau de l'édition spéciale du RTLinfo ce samedi pour lancer les premières pistes sur les auteurs des attentats, et leur façon de procéder. Il a rappelé qu'il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en Europe depuis les attentats de Madrid en 2004. C'est aussi la première fois que des attentats suicides sont perpétrés sur le territoire français avec des explosifs. "Le nombre d'exécutants tourne autour d'une dizaine de personnes. L'attaque a été coordonnée et planifiée, probablement sur plusieurs semaines", explique Claude Moniquet. "C'est quelque chose d'assez sophistiqué. C'est un massacre, ce n'est pas une surprise, mais c'est un très mauvais signal", précise l'expert en contre-terrorisme.


"Une ou deux personnes entraînées à l'étranger, le reste sert de chair à canon"

D'après Claude Moniquet, la piste islamiste est plus qu'évidente. "Je n'en vois pas d'autre. Quand vous avez des attentats suicides, le mélange opérationnel, donc l'utilisation d'explosifs, de kalachnikovs, tirer dans la foule... ça indique très clairement une piste islamiste", estime l'expert.

Il dresse également un bref profil des terroristes, sur base des informations disponibles. "Il est encore très tôt pour le dire. Ce qu'on sait de ces gens, par comparaison à ceux qui ont été arrêtés ou éliminés, comme les frères Kouachi, Coulibaly... C'est que ce sont des jeunes individus, dont l'âge peut varier entre 18 et une trentaine d'années. Ils se sont souvent radicalisés très rapidement", explique Claude Moniquet. "Il y a probablement deux strates dans ce groupe. Une ou deux personnes qui ont très certainement été entraînées quelque part, au Yémen ou en Syrie par exemple. Et puis d'autres gens, une espèce de main d'œuvre, qui ont pu être recrutés localement, qui sont plus jeunes, qui ont eu des formations rapides, et qui étaient là exclusivement comme chair à canon pour faire le maximum de dégâts possibles", explique l'expert en contre-terrorisme.

Quant à attribuer les attentats au groupe État islamique, "Il y a deux pistes sérieuses en ce moment. Soit l'État islamique, soit une filiale d'Al-Qaeda, comme le front Al-Nosra, même si ça me paraît peu probable, ou plutôt Al-Qaeda au Yémen, qui avait revendiqué les attentats contre Charlie Hebdo. C'est une possibilité", ajoute le spécialiste.


L'enquête: trouver des hommes de main et des commanditaires

Remonter le fil de soutiens logistiques puis de commanditaires dépendra des traces laissés par les kamikazes. La présence de ceintures explosives est inédite et laisse supposer la présence d'un artificier. "Le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc il est là, quelque part...", pense l'ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, Claude Chouet, contacté par l'AFP.

Dans l'enquête sur les précédents attentats de Paris en janvier, ce travail sur l'entourage a pu être réalisé en partie sur Amédy Coulibaly, grâce à la téléphonie et à l'ADN, ce qui a abouti à la mise en examen de sept de ses hommes de main, mais aucun n'est directement impliqué dans les attaques. Et les frères Kouachi semblent avoir beaucoup plus cloisonné leurs contacts. Les enquêteurs ont la conviction qu'Amédy Coulibaly, qui a agi en coordination avec les frères Kouachi, avait reçu des instructions de l'étranger, probablement de la zone irako-syrienne contrôlée par l'Etat islamique. C'est aussi le cas pour Sid Ahmed Ghlam, arrêté en avril alors qu'il projetait d'attaquer une église à Villejuif.


Comment se déroulent les investigations?

Le parquet de Paris a activé sa cellule de crise permettant de mobiliser tous ses magistrats. Tous les services spécialisés dans l'antiterrorisme sont saisis de l'enquête (SDAT, DGSI et section antiterroriste de la PJ parisienne). Dans les premières heures, l'intégralité des effectifs de la PJ, soit plus de 2.000 policiers, sont également mobilisés.

L'état d'urgence, décrété par François Hollande, donne de larges pouvoirs à la police, notamment en matière de perquisitions désormais permises en pleine nuit. Les investigations déboucheront à terme sur l'ouverture d'une information judiciaire confiée à des juges antiterroristes. Un appel à témoins a été lancé par la police nationale.

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