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Réforme des retraites: deux jours de concertation sans union à Matignon

Durant deux jours d'entretiens à Matignon, syndicats et patronat ont affiché leurs divergences sur la réforme des retraites, tandis que le gouvernement n'a rien dévoilé du calendrier et de la méthode de la nouvelle concertation à venir, que le Premier ministre précisera la semaine prochaine.

Les partenaires sociaux ont été reçus jeudi et vendredi par Premier ministre Edouard Philippe, la ministre des Solidarités Agnès Buzyn et le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, qui a remis en juillet un rapport censé servir de base au futur "système universel" voulu par Emmanuel Macron pour remplacer la quarantaine de régimes de retraite existants.

Le chef de l'Etat a toutefois souhaité qu'une "vraie négociation" s'engage sur ce sujet, ainsi qu'un "grand débat" impliquant les citoyens en parallèle. Un semblant d'ouverture qui n'a pas fait bouger les lignes.

"Nous sommes attachés au système de retraite tel qu'il est aujourd'hui", a souligné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, jugeant "compliqué d'avoir une influence" sur la réforme.

"Nous avons discuté 18 mois avec M. Delevoye et aucune de nos propositions n'a été retenue", a-t-il regretté, avant d'ajouter: "On n'aime pas perdre notre temps".

Lui aussi hostile au projet de l'exécutif, le leader de Force ouvrière, Yves Veyrier avait déjà affirmé jeudi qu'il ferait "tout pour empêcher" la mise en place d'un "régime unique par points".

Les cadres étaient quant à eux à deux doigts de rejoindre le camp des opposants: le numéro un de la CFE-CGC, François Hommeril, s'est dit "médusé" par le revirement de M. Macron, qui privilégie désormais "un accord sur la durée de cotisation" plutôt que "l'âge pivot" proposé par M. Delevoye.

"Ca réduit à néant tout le travail qui a été fait. Nous ne sommes pas d'accord pour repartir d'une page blanche", a mis en garde M. Hommeril.

- "problèmes spécifiques" -

Le changement de pied du président de la République était davantage une main tendue à la CFDT, que son secrétaire général Laurent Berger a acceptée avec prudence: "La discussion s'annonce compliquée" et risque d'"être longue", a-t-il réagi.

Sur la même ligne, Philippe Louis (CFTC) a estimé qu'"il y a énormément de travail à faire", tandis que Laurent Escure (Unsa) entend "négocier jusqu'au bout" tout en souhaitant avoir "assez rapidement, en janvier-février, la connaissance de l'avant-projet de loi".

Un horizon partagé par le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui espère "que cette réforme ait lieu dans la première partie de l'année 2020".

Son homologue de la CPME, François Asselin, veut lui aussi que la négociation soit "la plus rapide possible", indiquant que si le projet de loi était déposé "à l'été prochain ce serait déjà une belle performance".

Du côté des indépendants, Alain Griset (U2P) a demandé "que chaque profession soit vue individuellement de façon à résoudre les problèmes spécifiques", faute de quoi "la situation sera plus dangereuse pour le gouvernement qu'elle pourrait l'être avec les régimes spéciaux" du secteur public.

Quant à la FNSEA, sa présidente Christiane Lambert a promis de "travailler d'arrache-pied" pour "améliorer la situation" des agriculteurs à travers cette réforme.

Avant même de recevoir les partenaires sociaux, M. Philippe avait expliqué mercredi qu'il prendrait le temps "de synthétiser l'ensemble de ce qui (lui serait) dit" avant d'annoncer "dans le courant de la semaine prochaine (ses) choix sur la méthode et le calendrier de la réforme".

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