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Réforme des retraites: les choses sérieuses vont pouvoir commencer

La longue concertation sur la réforme des retraites est enfin terminée, mais l'exécutif n'a presque rien dévoilé de son projet, dont les points clés seront tranchés durant l'été dans le secret des cabinets ministériels.

Fini de jouer. Après un an et demi de discussions avec syndicats et patronat, "nous sommes prêts à proposer un texte de loi rapidement", assure Jean-Paul Delevoye.

Le haut commissaire à la réforme des retraites a encore deux mois pour peaufiner le rapport qu'il remettra au gouvernement, et celui-ci présentera son projet de loi en septembre.

Un ultime délai nécessaire pour éviter la "polyphonie" dont M. Delevoye s'était agacé en avril, lors de la polémique sur l'âge de départ à la retraite.

L'exécutif n'est en effet pas à l'abri de nouvelles dissonances, à l'image d'un Gérald Darmanin, dans son rôle de ministre des Comptes publics, qui a estimé mercredi que la réforme à venir "est une question de dépenses publiques", alors que le haut commissaire claironne depuis le départ qu'il n'y a "pas de contrainte budgétaire".

D'où l'intérêt de bien accorder les violons avec Bercy, Matignon et l'Elysée. "Nos recommandations devront être le plus proche possible de ce que sera le projet de loi", admet-il, tout en souhaitant que le texte soit "peu bavard" et renvoie à "tout un calendrier de décrets et d'ordonnances".

Une manière d'étaler dans le temps les nombreux arbitrages en instance, en particulier sur les sujets les plus sensibles : régimes spéciaux, fonctionnaires, pensions de réversion, décote...

Car si le haut commissaire a posé toutes les questions pendant la concertation, il s'est bien gardé d'y répondre, laissant plutôt les partenaires sociaux exposer leurs priorités.

"Cela a clarifié le paysage politique et syndical, ce qui nous permet aujourd'hui de faire des propositions", explique-t-il.

- "Une mobilisation s'impose" -

Pour ses opposants aussi, tout est plus clair. "La seule chose qu'on espère, c'est que le projet de loi ne voie pas le jour", lance Philippe Pihet, de Force Ouvrière.

La centrale a boycotté le dernier entretien avec M. Delevoye début mai, après le cafouillage au sommet sur l'âge de départ, pour ne pas se rendre "complice d'une grande opération de mystification".

Pour le négociateur, "la concertation aurait pu être une bonne idée, s'il y avait eu de la transparence de la part du gouvernement. Mais comme on n'en attendait rien, on n'a pas été déçu du résultat".

Ce qui devait arriver arrivera donc à l'automne : "Notre rentrée syndicale va tourner autour de la réforme des retraites", prévient-il.

Sans surprise, FO fera combat commun avec la CGT, qui a lancé fin mars une campagne de communication sur le sujet, d'abord destinée à motiver ses troupes.

"Pour un système de retraite juste et solidaire qui permette de vivre, une mobilisation s'impose", a insisté lundi son secrétaire général, Philippe Martinez, en ouvrant à Dijon le 52e congrès de la confédération.

En attendant, "il y a encore un espace pour la discussion, entre les préconisations du haut commissaire et le dépôt du projet de loi, il faut s'en saisir", lance Frédéric Sève, de la CFDT.

Contrairement à ses homologues, il juge que "la concertation a été utile", à double titre : d'une part en faisant émerger "un scénario crédible de système universel sans casse généralisée", d'autre part en révélant "de vraies attentes sociales, qui n'avaient pas forcément été identifiées au départ", notamment pour les femmes et les "basses pensions".

Autant de raisons, selon lui, de continuer les tractations pour mieux déminer le terrain, car "plus on dissimule, plus on crée de fantasmes et de peur".

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