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Réforme du lycée: le choix des maths en première, un bon calcul ?

Pendant les vacances de la Toussaint, pas question de souffler pour Pénélope, élève de première. Au programme: des maths, des maths et encore des maths, une des spécialités de la réforme du lycée qui inquiète toujours par son niveau d'exigence.

La place de l'enseignement des mathématiques a été l'un des principaux points de crispation de cette réforme qui a mis fin, à la rentrée, aux traditionnelles séries (L, ES et S).

Absente du tronc commun, la discipline est désormais enseignée sous forme de spécialité, à raison de 4 heures par semaine, avec un programme très lourd, plus exigeant en tout cas que celui de l'ancienne première S.

Au point que les craintes exprimées l'an dernier se sont matérialisées, selon l'association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP), qui a écrit fin septembre une lettre ouverte au ministre de l'Education: de nombreux élèves ont dit "dès les deux premières semaines vouloir abandonner cette spécialité en terminale", prévient-elle.

Dans le cadre de la réforme, les lycéens qui ont choisi trois spécialités en première n'en conserveront que deux en terminale.

"Le volume de notions à maîtriser est très important, ce qui ne laisse pas le temps de revenir sur les bases", précise Sébastien Planchenault, président de l'association. "Les lycéens les plus fragiles ne suivent pas et cela créé des classes très hétérogènes".

"On va dégoûter des élèves qui avaient encore un peu d'appétence pour la matière", déplore-t-il.

"Il y a de nombreuses connaissances à acquérir, cela ne laisse pas beaucoup de temps pour des exercices concrets", souligne aussi Mickaël Gagin, professeur de mathématiques dans l'Yonne. Dans sa classe de 22 élèves, six pensent abandonner la spécialité l'an prochain.

Amad, en première à Paris, fait partie de ceux qui se sentent "largués", quelques semaines seulement après la rentrée. "Avant la réforme, j'aurais choisi une première ES car je n'étais pas un crack en maths", explique-t-il.

Il s'est senti obligé de conserver les mathématiques par sécurité: "j'ai pensé que cela m'offrirait plus de débouchés".

- "Ca va très très vite" -

Un choix qu'il regrette aujourd'hui: "en cours je ne comprends rien, j'essaye de rattraper en regardant le soir des vidéos sur Youtube"...

Il fait partie des 64% de lycéens à avoir opté pour cette spécialité parmi les douze proposées, ce qui en a fait la matière la plus plébiscitée.

"De nombreux élèves ont pris les maths pour ne pas se fermer des portes", analyse Frédérique Fournier, qui enseigne la discipline près de Toulouse.

"Il y a le spectre de Parcoursup (la plateforme d'accès à l'enseignement supérieur, ndlr) qui pèse, personne ne peut promettre que laisser tomber les maths n'aura pas de conséquence", poursuit-elle.

Les facs n'ont en effet pas précisé quelles seraient les spécialités requises pour être accepté dans telle ou telle formation.

Pénélope, qui ambitionne d'être médecin dans l'armée, s'accroche de peur de voir ce rêve s'envoler: "Vu mon niveau, on m'a fortement déconseillé l'an dernier de choisir les maths mais pour moi, c'était hors de question de ne plus en faire", confie-t-elle.

"Pendant les cours, ça va très très vite, on ne s'attarde pas sur un chapitre, il faut suivre", raconte-t-elle.

Alors, pour suivre, elle assiste, dans son lycée parisien, à une heure supplémentaire de cours de maths par semaine, dans une classe aux effectifs réduits, ce qui lui permet de mieux appréhender les concepts.

Et pendant les vacances, elle va bénéficier de soutien scolaire à domicile: deux heures de physique et quatre de maths par semaine pour "revoir, refaire, avancer".

Chez Maths assistance, un organisme proposant du soutien scolaire tout au long de l'année, les inscriptions n'ont pas augmenté par rapport à la même période de l'an dernier.

"Mais les élèves inscrits consomment davantage d'heures", souligne son gérant, Saïd Bichr. "On sent bien que le nouveau bac", qui introduit une part de contrôle continu, "a aussi créé un stress supplémentaire".

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