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Sécurité, assurance chômage: l'exécutif entre dans le dur

Plus de policiers et gendarmes, et coup d'envoi d'une réforme controversée des conditions d'indemnisation des chômeurs: l'exécutif a présenté mercredi deux projets de loi sensibles en Conseil des ministres, sur lesquels il espère rallier la droite face à une gauche décidée à en découdre.

Avec ces deux textes, Emmanuel Macron et sa Première ministre Élisabeth Borne entrent dans le dur de ce début de quinquennat, en l'absence de majorité absolue, après un premier exercice plus consensuel cet été sur le pouvoir d'achat, en pleine explosion des prix de l'énergie due en partie à la guerre en Ukraine.

Le texte sur l'assurance chômage ouvre la voie à une nouvelle réforme qui s'annonce comme l'une des plus clivantes avec le budget 2023, en attendant celle hautement inflammable des retraites dont le chef de l'État a dit viser une "première entrée en vigueur" à l'été prochain.

Dans un premier temps, le gouvernement entend prolonger les règles actuelles d'indemnisation, durcies en 2019 et qui expirent fin octobre.

C'est la suite qui déclenche la fureur des syndicats:la volonté de l'exécutif d'aller vers une modulation des conditions d'indemnisation des chômeurs selon la conjoncture, avec l'objectif d'atteindre le plein emploi (soit un taux de chômage d'environ 5% contre 7,4% actuellement) à la fin du quinquennat.

Sur quels critères ? "Lorsqu’il y a beaucoup d’emplois disponibles à pourvoir, le régime doit être plus incitatif pour aller chercher un emploi", a résumé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à l'issue du Conseil des ministres.

- Le gouvernement tranchera -

Cela reviendra, dans le contexte actuel, à durcir les règles, la réforme se devant, selon les mots d'Emmanuel Macron, d'être "plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé".

Le gouvernement va lancer à cette fin une "concertation" avec les partenaires sociaux "à très court terme", dans les "prochaines semaines", a indiqué Olivier Véran.

Face au refus catégorique des syndicats de négocier une telle modulation, le ministre du Travail Olivier Dussopt a d'ores et déjà annoncé qu'"à la fin le gouvernement prend(ra) les décisions qu’il doit prendre".

Pour ce premier texte au menu du Parlement début octobre, les débats s'annoncent agités, particulièrement à l'Assemblée avec la coalition de gauche Nupes et le Rassemblement national.

"Ce n'est pas en tapant sur les chômeurs qu'on créera des cuisiniers, des soudeurs, des chaudronniers (...)", a déclaré mercredi Sébastien Chenu (RN) sur Public Sénat. Le gouvernement table sur une oreille plus conciliante du côté des Républicains qui ont affirmé s'inscrire dans l'opposition.

- "Personne ne peut être contre" -

Le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) prévoit de son côté 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans pour les forces de l'ordre.

"Cette Lopmi prolonge le réarmement de moyens (engagé lors du premier quinquennat Macron) et vient les sanctuariser pour les cinq prochaines années dans des proportions totalement inédites", a assuré Olivier Véran.

La Première ministre a annoncé mardi "8.500 postes de policiers et gendarmes" supplémentaires en cinq ans, dont 3.000 dès 2023. Elle a aussi rappelé que 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires avaient déjà été déployés au cours du précédent quinquennat.

Le texte, qui sera d'abord présenté au Sénat en octobre, prévoit aussi la création de 11 unités de forces mobiles et de 200 nouvelles brigades de gendarmerie.

"On pense qu’il y aura un consensus assez large, personne ne peut être contre la création d'effectifs", anticipe-t-on au ministère de l'Intérieur.

Le projet Lopmi a toutefois été raccourci de moitié - il ne compte plus que 15 articles - par rapport à sa version initiale transmise au Parlement avant l'élection présidentielle.

Il ne comprend pas la réforme controversée de la police judiciaire qui rencontre actuellement l'hostilité de nombreux enquêteurs et magistrats.

En juillet, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait aussi expliqué vouloir intégrer dans la Lopmi des dispositions sur l'expulsion des étrangers délinquants. Avant d'annoncer une loi immigration, séparée de la Lopmi.

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