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Slovénie: le Premier ministre saborde son gouvernement en bout de course

Le Premier ministre slovène de centre gauche Miro Cerar a présenté mercredi soir sa démission après la remise en cause d'un projet majeur d'infrastructure, sur fond de crise au sein d'une majorité en fin de mandat.

"Les forces du passé ne nous permettent pas de travailler pour les générations futures. (...) Je présente ma démission au parlement", a annoncé le Premier ministre lors d'une conférence de presse impromptue.

Quelques heures plus tôt, la Cour constitutionnelle avait invalidé un référendum de septembre 2017 portant sur l'aménagement du port de Koper, sur la côte adriatique.

Lors de cette consultation, les électeurs slovènes avaient approuvé la construction d'une nouvelle voie ferrée pour desservir le seul grand port commercial, d'une importance stratégique pour le pays.

Il s'agit d'un projet phare de la majorité de M. Cerar, estimé à plus d'un milliard d'euros. Le Premier ministre espérait un lancement des travaux avant l'été. La Cour constitutionnelle a reproché au gouvernement d'avoir manqué à son devoir de neutralité en finançant la campagne avec des fonds publics.

Le Parti du centre moderne de Miro Cerar (PCM) se préparait à des élections difficiles, prévues en juin ou juillet, au terme de son mandat de quatre ans. Elu en 2014, cet ancien juriste respecté de 54 ans, avait alors fait sensation en remportant les législatives à la tête de la formation qu'il avait créée, quelques mois après être entré en politique.

Mais le désaveu de la Cour constitutionnelle intervient après une série de crises qui ont fragilisé la majorité gouvernementale.

Plusieurs vagues de grèves ont paralysé ce petit pays de l'Union européenne depuis le début de l'année, portées notamment par les revendications sociales des agents de la fonction publique qui exigent des hausses de salaire.

- Electorat désabusé -

La Slovénie a renoué avec une croissance vigoureuse de 5% en 2017, la plus élevée en dix ans, après avoir connu une sévère récession en 2012 et 2013 en raison des difficultés de son secteur bancaire.

Mais le gouvernement a jusqu'ici opposé une fin de non-recevoir aux revendications, estimant qu'une hausse des traitements dans la fonction publique "plongerait à nouveau la Slovénie dans la récession".

Il y a quelques mois, le sort d'un migrant syrien soutenu par une partie de l'opinion publique avait déjà fait vaciller la coalition et fragilisé M. Cerar.

L'annulation du référendum a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", selon le Premier ministre qui a accusé mercredi ses partenaires de coalition d'avoir délibérément "saboter plusieurs projets" de l’exécutif ces derniers temps.

Miro Cerar a estimé qu'il revenait au chef de l'Etat Borut Pahor de convoquer ou non des législatives anticipées pour renouveler les 90 députés du parlement. Il rencontrera le président jeudi. Ces élections pourraient déboucher sur une fragmentation de l'hémicycle, rendant difficile la formation d'un gouvernement dans ce pays de l'ex-Yougoslavie.

Avant ce scrutin qui interviendra au plus tard en juillet, la formation de M. Cerar est très largement devancée dans les sondages par ses principaux rivaux, dont le parti conservateur (SDS) de l'ancien Premier ministre de centre droit Janez Jansa et les sociaux-démocrates (SD), actuellement alliés de M. Cerar au sein de la majorité.

Mais un nouveau venu caracole régulièrement en tête des enquêtes d'opinion: Marjan Sarac, un ancien comédien et maire d'une petite ville, candidat au programme flou et sans parti structuré.

Celui qui s'était fait connaître pour ses imitations d’hommes politiques slovènes avant de se recycler dans la politique, avait déjà créé la surprise en se qualifiant pour le second tour de l'élection présidentielle en novembre 2017

Dans ce pays de deux millions d'habitants, il avait alors fait campagne sur le rejet des élites auprès d'un électorat désabusé, qui avait massivement boudé les urnes.

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