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Sports: des mesures nouvelles, sur fond de grogne et de contrainte

Une enveloppe globale en baisse, mais des mesures nouvelles pour le haut niveau et les pratiques sportives. Pour son premier budget, la nouvelle ministre des Sports Roxana Maracineanu a tenté de résoudre une équation difficile: répondre à la grogne du mouvement sportif avec de faibles marges de manœuvre.

Depuis un an, et malgré l'élan attendu par l'attribution des Jeux olympiques à Paris en 2024, les annonces de diminutions budgétaires, la fin des emplois aidés, utiles aux clubs amateurs, et les craintes de suppressions de postes ont fortement crispé les relations entre les acteurs du monde sportif et le gouvernement.

Une incompréhension telle que le Comité olympique français (CNOSF), où l'on répète volontiers qu'"on n'est pas la CGT" et qu'"on ne sait pas bloquer le périph'", a lancé une pétition en ligne vendredi, pour que "le sport bénéficie de moyens à la hauteur". Lundi vers 16H00, elle avait recueilli quelques 160.000 signatures. De rares champions, tels Kevin Mayer ou Teddy Riner ont pris la parole pour relayer l'inquiétude.

- "Budget préservé" -

Mais pas de miracle. Pour la seconde année consécutive, le budget de fonctionnement du ministère des Sports subit une baisse assez sensible de 30 millions d'euros, à 451 millions d'euros (hors 65 millions pour les chantiers des JO de Paris-2024).

Ce budget se décompose en deux parties: d'un côté, les crédits sports, comprenant notamment les moyens alloués aux fédérations; de l'autre, le budget du Centre national pour le développement du sport (CNDS, environ 130 millions), le bras financier du ministère, qui distribue les subventions sur le terrain.

Depuis quelques jours, Roxana Maracineanu martèle pourtant le message d'un budget "préservé". Selon son ministère, la baisse de 481 à 451 millions d'euros d'une année sur l'autre s'explique par la surévaluation, l'année dernière, d'une dépense pour régler les cotisations salariales des arbitres.

Le ministère a même annoncé des "mesures nouvelles" pour 40 millions d'euros, grâce à d'autres marges de manœuvres.

Ainsi, 25 millions d'euros sont annoncés pour les crédits de la haute performance, qui atteindront "88 millions d'euros en 2019". Quinze millions supplémentaires seront consacrés à "la réduction des inégalités en particulier sur le renforcement du +savoir nager en France+". Ces 40 millions d'euros transiteront pour une grande partie par les subventions aux fédérations.

- "Bricolage" -

A chaud, le tableau ne convainc pas les parlementaires spécialistes des questions sportives. "Comment peut-on annoncer qu'un budget est préservé quand il perd 30 millions? 30 millions ce n'est pas indolore", a protesté auprès de l'AFP le sénateur LR de l'Isère Michel Savin, rappelant que ce budget ne représente que 0,3% dans celui de la nation.

"Il n'y a pas d'élan. On devrait être dans une logique de dynamique, là c'est du bricolage budgétaire. On réagit en catastrophe, mais ce n'est toujours pas à la hauteur de l'ambition que les pouvoirs publics doivent se donner pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024", a abondé le député Nouvelle Gauche de la Loire, Régis Juanico.

"Les discussions se poursuivent afin d'obtenir des financements supplémentaires pour le développement des pratiques", indique le ministère, où l'on espère des enveloppes supplémentaires lors du débat parlementaire.

Début septembre, la publication de la lettre de cadrage de Matignon, demandant au ministère de supprimer 1.600 ETP (équivalent temps plein) entre 2018 et 2022 avait mis le feu aux poudres. Depuis, Roxana Maracineanu a promis que les conseillers techniques sportifs (CTS), ces cadres d'Etat travaillant pour les fédérations et visés par le courrier de Matignon, ne perdraient pas leur emploi, sans rassurer sur leur statut et leur prise en charge.

Le budget 2019 s'inscrit dans le contexte de la naissance annoncée d'une nouvelle agence du sport, chargée du haut niveau et des pratiques sportives et pilotée par l'Etat, le mouvement sportif et les collectivités territoriales, avec la présence des entreprises. Cette agence reprendra une partie des budgets du ministère. Le CNOSF réclame 400 millions d'euros de l'Etat. Selon des sources proches du dossier, le gouvernement en propose 310.

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