Accueil Actu

Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, "Paris-2024, ça vient vite"

A 24 ans, Mathilde Lamolle a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques: jusqu'aux JO de Paris, la championne d'Europe, finaliste du tir au pistolet à 10 m lors des récents Jeux de Tokyo, raconte son parcours à l'AFP.

Dans ce sixième épisode, elle détaille la difficile décompression de l'après-JO et la reprise du travail avec un nouveau coach et une nouvelle structure d'entraînement.

"Après les Jeux, j'ai pris un mois de vacances. Mais étrangement, j'ai mis beaucoup de temps à couper. Déjà, on a dû rentrer juste après nos épreuves et mes collègues et les autres Français étaient encore en compétition. Donc je suivais à la télé, sur les applis, j'étais encore dans l'ambiance des Jeux. Et même après, j'ai mis du temps à réaliser. Je suis restée en activation maximale, comme si mon corps et mon cerveau n'avaient pas intégré que c'était fini. Ca a été tellement intense les deux dernières années, notamment avec le report, que j'ai mis vraiment beaucoup de temps à couper, à faire comprendre à mon corps qu'il n'avait plus besoin d'être performant. Quand je me levais, c'était encore +tu dois être performante, tu dois faire ça et ça+, alors que non, c'était terminé. Quand j'ai réussi, j'ai vraiment coupé, coupé. Mais ça a pris du temps."

- Reconstruire de zéro -

"Quand j'ai repris en septembre, j'ai appelé mes coachs et ils n'ont pas pu me confirmer qu'ils repartaient avec moi. Je n'ai appris que mi-octobre que j'avais un nouvel entraîneur. Je ne suis plus avec Laurent Sasso mais avec Walter Lapeyre, qui m'entraînait déjà à 10m et qui est maintenant mon seul coach".

"Ca a été une période difficile. Il fallait faire le bilan des Jeux et se remettre au travail parce qu'on n'a que trois ans avant Paris-2024, ça vient vite. Et j'étais toute seule, sans savoir vers qui me tourner. Laurent a fait son choix, le rythme des compétitions était lourd et il voulait passer plus de temps avec sa famille. Je comprends très bien, je ne lui en veux pas du tout. Mais c'est frustrant de se dire qu'il n'y a que trois ans et que je dois repartir à zéro. Tous mes points de repère, je dois les oublier et repartir sur quelque chose de neuf".

"Je me dis que c'est bien pour casser les routines, mais je vois aussi qu'il ne me connait pas encore, que je ne le connais pas encore et qu'il va falloir qu'on se mette d'accord très vite. Avec Laurent, ça faisait dix ans, on se connaissait parfaitement et on n'avait parfois même pas besoin de parler. Là je reconstruis de zéro et c'est bizarre de commencer la saison sans lui. C'est sans doute l'opportunité de travailler différemment, d'aller chercher d'autres ressources. C'est une nouvelle aventure".

- Etiquette décollée -

"On va vraiment commencer à accélérer en janvier. Je serai avec Walter à Bordeaux une semaine sur deux. J'y suis déjà allée en stage, faire du repérage, discuter pour voir comment il fonctionne et comment je fonctionne. On a à peine débuté".

"Entretemps, les compétitions ont repris, avec la President's Cup, qui réunit les 12 meilleurs mondiaux de chaque discipline. Je n'ai eu qu'un mois de préparation, très intense. Je n'ai pas fait des gros matchs de qualification, mais en finale j'ai plutôt bien tiré et je fais 2e au 10m et 3e au 25m. Ca confirme que les finales me conviennent bien".

"Le 25 m reste ma priorité mais je croyais déjà un peu au 10 m, je n'aimais pas qu'on me mette une étiquette de spécialiste 25 m. Je pense être polyvalente, je m'entraîne sur les deux disciplines. La 7e place aux Jeux et la 2e à la President's Cup, pour moi ça n'a rien changé. Mais la DTN m'a enfin enlevé cette étiquette et dit maintenant m'attendre autant sur 10 m que sur 25 m. Ca n'est pas une pression supplémentaire, mais j'ai deux disciplines où je suis attendue, il faut assumer."

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

À lire aussi

Sélectionné pour vous