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Tariq Ramadan échappe à une nouvelle mise en examen pour viol

Incarcéré dans une affaire de viols sur deux femmes, l'islamologue suisse Tariq Ramadan a, pour la première fois, reconnu des relations sexuelles "consenties" avec sa troisième accusatrice, lors de son interrogatoire mardi devant les juges qui ont décidé de ne pas le mettre en examen dans ce volet.

"Les magistrats ont considéré, à la suite des explications de M. Ramadan et des documents qui ont pu être fournis, qu'il n'y avait pas lieu de mettre en examen M. Ramadan concernant Mounia", a déclaré l'avocat de l'intellectuel devant la presse à l'issue de l'audition, débutée en milieu de matinée et achevée vers 21H00 au tribunal de Paris.

"C'est un tournant dans cette affaire", s'est félicité Me Emmanuel Marsigny, dont le client reste mis en examen pour deux viols.

Devant les juges, Tariq Ramadan a maintenu qu'il n'avait jamais eu le moindre rapport sexuel avec les deux premières plaignantes.

L'enquête, démarrée en octobre, reposait initialement sur les accusations d'anciennes admiratrices du prédicateur --la militante laïque et ancienne salafiste Henda Ayari et une femme connue sous le pseudonyme de "Christelle"-- qui ont décrit des rapports sexuels forcés d'une grande violence.

En reconnaissant cette relation adultère, éloignée des enseignements qui ont fait sa célébrité, Tariq Ramadan a terni un peu plus son image auprès de ses soutiens, lui qui fut une des rares figures médiatique et populaire de l'islam en Europe.

Mais, sur le plan judiciaire, il a obtenu un répit, dont Me Marsigny entend profiter pour déposer une nouvelle demande de remise en liberté de son client, qui avait été refusée une première fois en mai.

La troisième plaignante, Mounia Rabbouj, est ancienne escort-girl, protagoniste du procès pour proxénétisme du Carlton aux côtés de Dominique Strauss-Kahn. Elle affirme avoir été violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014, ce qui avait conduit le parquet de Paris a réquérir une nouvelle mise en examen de l'islamologue.

A la veille de l'audition de mardi, la défense avait déposé "plus de 300 vidéos et plus de 1.000 photos" témoignant d'une relation consentie entre l'intellectuel et cette femme.

"Il a longuement expliqué aux magistrats (...) qu'il y avait eu des jeux sexuels, qu'il y avait eu des relations sexuelles également mais qu'elles ont toutes été toujours librement consenties", a raconté Me Marsigny.

Contacté par l'AFP, l'avocat de Mounia Rabbouj, Me Francis Szpiner, a déclaré qu'il attendait de connaître les déclarations de M. Ramadan et les motivations des juges avant de les commenter.

L'intellectuel de 55 ans, écroué depuis sa mise en examen le 2 février, est actuellement détenu à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne) en raison de sa sclérose en plaques, dont le traitement a été jugé compatible avec sa détention.

- Effritement des soutiens -

Au gré des révélations sur sa vie personnelle dans cette affaire, ses soutiens se sont peu à peu effrités, même si sa famille monte régulièrement au créneau pour continuer à le défendre.

"Mon soutien à mon père n'est ni aveugle, ni naïf. J'ai vécu pendant une trentaine d'années avec lui et les contradictions des plaignantes me confortent dans ma conviction", a ainsi affirmé sa fille Maryam Ramadan dans un entretien à Libération publié mardi matin, dénonçant également un "acharnement".

La défense a également dénoncé mardi soir la "volte-face" récente de Mme Ayari, qui a modifié le lieu et la date des faits qu'elle dénonce et qu'elle situe désormais le 26 mai 2012 dans un hôtel de la place de la République à Paris.

Concernant "Christelle", Tariq Ramadan a déclaré l'avoir vue 20-30 minutes dans le hall de son hôtel à Lyon le 10 octobre 2009, alors qu'elle dénonce des faits commis la veille.

En garde à vue, l'islamologue a reconnu avoir rencontré Henda Ayari et "Christelle" en public, une seule fois chacune, mais a nié tout rapport sexuel. Confronté à "Christelle", il a admis un "jeu de séduction" dans leurs échanges électroniques.

En Suisse, une quatrième femme a porté plainte et son témoignage doit encore être versé au dossier français.

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