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Toulouse: Cardon, ex-ennemi public N.1 à nouveau convoqué devant la justice

Doublement condamné à perpétuité pour meurtres, séquestration et vols dans les années 1980, l'ex-ennemi public N.1 Lionel Cardon doit revenir lundi devant la justice, notamment pour des home-jackings en 2015 près de Toulouse alors qu'il était en semi-liberté.

Ce procès, prévu sur une semaine devant la cour d'assises de Haute-Garonne, reste toutefois dans l'attente de la décision d'un expert lundi matin, car l'accusé, âgé de 60 ans, a été hospitalisé après une grève de la faim de 80 jours. "Il est très faible", a précisé son avocat Me Pierre Blazy, selon lequel l'expert doit déterminer si Lionel Cardon est en état d'être jugé.

L'accusé a observé cette grève de la faim pour protester contre la suppression de sa liberté conditionnelle. "Il n'a pas supporté d'être réincarcéré" et voulait être transféré de la prison de haute sécurité de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) à celle de Muret (Haute-Garonne), a expliqué son défenseur.

Cardon doit comparaître avec un comparse de 23 ans interpellé sous le nom de Mohamed Boubaka, de nationalité tunisienne, mais identifié comme Omar Kadri, né à Mostaganem (Algérie).

Les faits remontent à août 2015 dans la banlieue toulousaine. Les deux hommes avaient pris en otage un couple de bijoutiers à domicile pour se faire ouvrir le magasin. Butin: autour de 20.000 euros.

Trois semaines plus tard, Cardon était venu seul chez une responsable d'un bureau de Poste. Préjudice pour l'établissement: 6.315 euros. A cela s'ajoutent la détention d'armes: fusil à pompe, pistolet, taser..., l'utilisation de fausses plaques.

L'identification de Cardon n'avait pas tardé. Les enquêteurs avaient trouvé son ADN puis il avait été reconnu lors d'un "tapissage".

Il avait avoué ces home-jackings commis alors qu'il était en semi-liberté depuis 2012 dans le cadre de son projet de réinsertion visant à devenir entraîneur de boxe, une discipline découverte en quartier d'isolement.

Retour alors à la case prison pour cet ancien Détenu à Haut Risque (DHR), qui dans un entretien au Monde en 2012 affirmait pourtant vouloir s'en sortir honnêtement et contredire la doxa selon laquelle un homme tel que lui était perdu pour la société.

- "Plus le chien fou" -

Mais son passé ne plaide pas en sa faveur. Cardon a vécu plus de 30 ans derrière les barreaux entre sa première condamnation en 1981 pour vols aggravés et la dernière en 1997 pour évasion.

En mai 1983, il avait bénéficié d'une première liberté conditionnelle. Mais dès octobre, il avait été accusé d'avoir tué un couple de médecins de Pessac (Gironde). Malgré ses dénégations, il avait été condamné à perpétuité en 1986, avec 18 ans de sûreté.

En novembre de la même année, il avait abattu de deux balles un motard de la police qui l'avait pris en chasse place de la Concorde à Paris. Pendant sa fuite, il avait même contacté la presse et invoqué la légitime défense, avant d'être condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

En prison, Cardon ne s'est pas tenu tranquille. En 1989, il a tenté de s'évader. En 1991, avec un codétenu, il prend en otage un gardien.

Le "noble art" semblait l'avoir calmé, en lui offrant un nouvel horizon: devenir entraîneur de boxe et avoir une salle. "Mais personne ne l'a aidé", déplore son avocat, dénonçant "le manque d'encadrement" des longues peines à leur sortie.

Alors Cardon replonge, et ne respecte pas sa semi-liberté. "Quand on passe trente ans avec des gens qui ne parlent que de hold-up et de braquage, on finit par le banaliser", commente Me Blazy.

Pourtant, l'avocat voulait croire à la rédemption de son client. A ses yeux, Cardon s'était transformé. "Il n'était plus le chien fou qui montait sur le toit de la prison. Tout semblait en place pour sa sortie. Son projet de réinsertion, c'était la boxe", assure-t-il rappelant que derrière les barreaux, il entraînait déjà des codétenus.

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