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Touria Rafjaoui, 53 ans, jugée en France pour avoir commandité l'assassinat de son ex-mari: le mobile serait un "fichier compromettant"

Une quinquagénaire, accusée d'avoir commandité avec l'appui d'un complice l'assassinat de son ex-mari en juin 2015 au Mans, est jugée depuis lundi devant les assises de la Sarthe, aux côtés d'un homme soupçonné d'avoir été son bras armé.

Cheveux longs et noirs, teint mat, vêtements sobres, Touria Rafjaoui, 53 ans, a pris place dans le box des accusés aux côtés de Jean-François Ornano, 44 ans, un homme au visage creusé, aux cheveux soigneusement peignés et portant une barbe de quelques jours. Le procès, ouvert à 10h00 devant les assises de la Sarthe, doit durer jusqu'au 8 février. Tous deux se disent innocents. En face des accusés, sur le banc des parties civiles, se sont installées les deux filles de l'accusée et de la victime.

Le 29 juin 2015, Frédéric Guittard, 51 ans, ex-cadre dirigeant d'une société de charcuterie artisanale à Connerré (Sarthe), avait été retrouvé mort, tué par trois balles, dans son appartement complètement retourné. Initialement, trois accusés avaient été renvoyés devant les assises. Mais, coup de théâtre, l'une des co-accusés, Magalie Pinardaud, a été retrouvée morte il y a dix jours dans son appartement à Ajaccio.


Elle aurait cherché à récupérer un "fichier compromettant sur sa vie sexuelle"

A l'origine, "il y avait un différend très important sur le partage des biens et sur le montant des pensions à verser aux enfants", avait expliqué en janvier 2016, l'ancien procureur de la République du Mans Philippe Varin après la garde à vue des trois accusés. Décidée à "administrer une raclée" à son mari, selon ses déclarations aux enquêteurs, Touria Rafjaoui aurait fait appel à ses deux amis corses. Elle aurait cherché à récupérer un "fichier compromettant sur sa vie sexuelle", que son mari, avec qui elle fréquentait des clubs échangistes, menaçait de révéler.

Dans un premier temps, elle avait affirmé aux enquêteurs avoir tué son mari de "deux coups de feu", avant que Jean-François Ornano ne s'accuse de l'homicide ainsi que du vol de l'ordinateur et du téléphone portable de la victime. Il était ensuite revenu sur ses propos, se disant innocent.


"Elle était le seul lien humain entre les parties"

C'est grâce au traçage du téléphone portable de la victime que les enquêteurs ont pu remonter au domicile de Jean-François Ornano et de Magalie Pinardaud et les appréhender. Agée de 45 ans, cette dernière a été libérée après 18 mois de détention provisoire en raison de graves problèmes de santé. Atteinte d'une maladie génétique, elle aurait ingéré une grande quantité de médicaments. Une autopsie a été réalisée mais les résultats ne sont pas encore connus. Le parquet d'Ajaccio s'oriente néanmoins vers un suicide, ou une cause naturelle.

"Magalie Pinardaud est la seule qui pouvait dire des choses. Elle était le seul lien humain entre les parties", regrette Alain Ifrad, avocat de Touria Rafjaoui, qui plaidera l'innocence. Il évoque la folie du couple corse, à qui sa cliente avait confié ses déboires. Pascal Rouiller, avocat de Jean-François Ornano, plaidera lui aussi l'innocence de son client qui selon lui "s'est fait piéger."

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