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Un an de prison ferme pour la députée PS Sylvie Andrieux

La députée socialiste des Bouches-du-Rhône Sylvie Andrieux a été condamnée à un an de prison ferme mercredi par le tribunal correctionnel de Marseille pour avoir détourné plus de 700.000 euros de subventions de la région Paca à des fins de clientélisme électoral, une peine supérieure aux réquisitions.

Sa condamnation à trois ans de prison, dont deux avec sursis, est assortie d'une amende de 100.000 euros et de cinq ans d'inéligibilité.

Le tribunal s'est montré plus sévère que le parquet qui avait requis, lors du procès en mars, deux ans de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende à l'encontre de l'élue des quartiers Nord de Marseille, reconnue coupable de détournement de fonds publics.

Mme Andrieux était absente au prononcé du délibéré et s'exprimera devant la presse cet après-midi pour annoncer un éventuel appel qui aurait un effet suspensif sur sa condamnation. L'un de ses avocats présents n'a pas fait de commentaires.

Parmi la vingtaine de prévenus, son ancien attaché parlementaire Rolland Balalas a été condamné à 30 mois avec sursis et un ancien responsable d'association présenté comme le pivot du "système", Boumédienne Benamar, a écopé de 30 mois ferme et 30.000 euros d'amende. Le tribunal a prononcé deux relaxes dont celle d'un ex-fonctionnaire de la région jugé pour complicité, Jean-Guillaume Lalange. Les autres condamnations ne dépassent pas un an ferme.

Les coupables devront également rembourser solidairement la région, partie civile, à hauteur de 716.593 euros, somme imputable dans sa globalité à Mme Andrieux et M. Balalas, et au prorata des sommes indument perçues aux membres de deux "réseaux" impliqués dans le détournement.

"On va chercher les plus solvables", a ironisé après l'audience l'avocat de la collectivité, Me Gilles Gauer, évoquant une décision "satisfaisante".

"On n'était pas là pour faire des exemples, l'important était que la lumière soit faite sur certains agissements et que les sommes soient remboursées. Le tribunal a tranché entre ce qui relevait du fonctionnement de la région et ce qui relevait d'abus politiques", a-t-il ajouté.

Dans cette affaire, l'une de celles qui embarrassent le PS dans les Bouches-du-Rhône, Mme Andrieux était soupçonnée d'avoir détourné de l'argent de la région, dont elle fut vice-présidente de 1998 à 2009, pour rétribuer des "relais électoraux" dans les quartiers où elle est élue parlementaire depuis 1997.

L'enquête avait été ouverte à la mi-2007 après le signalement à la justice, par la cellule Tracfin de Bercy, de flux financiers suspects sur les comptes d'associations censées oeuvrer à la réhabilitation des quartiers. Elles se sont avérées des coquilles vides, l'argent servant à assurer un train de vie confortable à leurs dirigeants qui aidaient Mme Andrieux à se faire élire.

A l'audience avait été décrit un système bien rodé reposant parfois sur la menace, le vice-procureur Jean-Luc Blachon évoquant "un procès de voyous" dont le système de défense épousait celui de la parlementaire.

M. Benamar s'était notamment défaussé sur M. Balalas, décrit comme son "seul patron". Des déclarations d'autant plus favorables à Mme Andrieux que son ex-bras droit ne devait pas comparaître en raison de problèmes de santé. Elle déclarait aussi que celui-ci "avait un rôle central" et "gérait tout".

Mais l'intéressé s'était finalement présenté, au grand regret des avocats de la députée. Le tribunal avait lu ses déclarations durant l'enquête, où il décrivait un système voué à faire en sorte que "la popularité de Mme Andrieux dans les quartiers augmente", et il avait confirmé.

Fille d'un baron du defferrisme, cette femme de 51 ans aux tenues chics se présente comme une "députée de terrain" aux valeurs "chevillées au corps". A la barre, celle en qui le président PS de la région Michel Vauzelle est venu dire qu'il n'avait "plus confiance", avait crié au complot, affirmant n'avoir "jamais" regardé le contenu des dossiers de subventions et avoir toujours ignoré la nature frauduleuse des associations. Ses avocats avaient vilipendé un dossier "à l'odeur nauséabonde" et un "traquenard politique", plaidant la relaxe.

Alors que Mme Andrieux était mise en examen depuis deux ans, Solférino lui avait retiré son investiture à la veille des législatives de juin 2012, son renvoi en correctionnelle ayant fuité dans la presse. Cela ne l'avait pas empêchée de remporter un quatrième mandat, de justesse au second tour face au Front national, dont le candidat était présent mercredi au tribunal.

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