Accueil Actu

Un hommage national rendu au gendarme héroïque Arnaud Beltrame

La République française honorera ce matin aux Invalides le gendarme mort dans l’attaque terroriste de l’Aude. Un hommage qui symbolise le besoin d’incarnation de la nation, et qui a pour but de réunir tous les citoyens quel que soient leurs convictions politiques ou religieuses.

Escorté de sept motards de la garde républicaine, le convoi funéraire du colonel Arnaud Beltrame est arrivé aux Invalides mercredi matin où toute la nation rendra un hommage national au "héros" qui a donné sa vie lors de l'attaque jihadiste dans l'Aude vendredi.

Après une minute de silence observée à 10h00 dans toutes les gendarmeries et préfectures, mais aussi à l'Elysée et place Beauvau, le convoi a quitté le Panthéon à 10h30 devant une foule silencieuse, puis a traversé les rues de Paris sous la pluie. Des milliers de personnes, dont plusieurs centaines de lycéens, ont salué son passage, le long d'un trajet jalonné de CRS, gendarmes mobiles, cavaliers à cheval et sapeurs-pompiers, en tenues d'honneur.

Avant l'arrivée du convoi, des centaines de personnes ont afflué dans la cour de l'hôtel des Invalides où le président Emmanuel Macron prononcera vers 11h45 l'éloge funèbre de cet officier de 44 ans qui "a fait le don de sa vie pour protéger nos concitoyens".


Des victimes, leurs familles mais aussi des centaines d'anonymes

Toute la nation est rassemblée pour cette cérémonie: outre le président et l'ensemble du gouvernement, des anciens présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy, des dirigeants politiques de tous bords dont Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Laurent Wauquiez, plus de 300 députés et de nombreux anciens ministres, dont François Fillon, Alain Juppé, Manuel Valls.

Parmi les 1.200 invités figurent aussi les familles des victimes, les personnes présentes lors de l'attaque, des élus des communes touchées ainsi que des centaines d'anonymes, dont de nombreux militaires, autorisés à assister à la cérémonie.

"Ça me semblait important de participer à cet hommage et de rendre les honneurs au lieutenant colonel Beltrame qui nous a permis d'aller au-delà de la colère et de la haine", commentait Victoire, 23 ans, debout le long du trajet. "C'était important pour moi d'être là pour rendre hommage à tous ces policiers qui nous protègent tous les jours et qui risquent leur vie pour nous", dit Andrée, 64 ans.


Son "courage exemplaire" et sa "totale abnégation"

Près du Panthéon, à la demande du proviseur du Lycée Henri IV, les élèves sont venus eux aussi rendre hommage au gendarme. "Il est important que les adolescents participent à la tristesse de la nation", a expliqué Rémi, un prof d'anglais.

Le temps d'une matinée, cette cérémonie mettra entre parenthèses la polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement qui n'a cessé d'enfler depuis les attaques menées vendredi à Carcassonne et Trèbes par Radouane Lakdim, un petit délinquant radicalisé.

Parallèlement, le lieutenant-colonel a été promu au grade de colonel sur décision du président. Il est également cité à l'ordre de la Nation pour son "courage exemplaire" et sa "totale abnégation".


Accompagné de 200 frères d'armes

Le cercueil d'Arnaud Beltrame sera accompagné par 200 de ses frères d'armes, qui l'ont croisé au cours de sa brillante carrière dans l'armée et la gendarmerie.

Fait rare, le gros bourdon de la cathédrale Notre-Dame a sonné pendant le parcours. Une minute de silence sera respectée.

Témoignant de l'émotion nationale, la cérémonie était retransmise en direct par de nombreuses chaînes de télévision.

Le "Sens du devoir"

Silhouette élancée et yeux clairs, Arnaud Beltrame était sorti major de l'Ecole militaire interarmes de Saint-Cyr Coëtquidan en 1999, avant de vivre de riches expériences dans une unité d'élite de parachutistes, en Irak, à la sécurité de l'Elysée et au commandement d'une compagnie en Normandie.

Ses obsèques seront célébrées jeudi à Ferrals, dans les Corbières, où il résidait avec son épouse. Les trois autres victimes -Hervé Sosna, Jean Mazières et Christian Medves- seront également inhumées jeudi.

Depuis sa mort, Arnaud Beltrame symbolise le "sens du devoir", la "bravoure", le "courage" et "l'héroïsme" et plusieurs municipalités comme Pau ou Alès (Gard) ont donné son nom à une rue ou un lieu public.


Une politique gouvernementale de lutte contre l'islamisme radical critiquée

Mais cette unanimité ne vaut pas pour la politique gouvernementale de lutte contre l'islamisme radical et de suivi des plus extrémistes, vivement mise en cause par la droite et l'extrême droite.

Laurent Wauquiez (LR) a dénoncé lundi la "coupable naïveté" d'Emmanuel Macron et réclamé le rétablissement de l'état d'urgence et l'expulsion des étrangers fichés "S". Marine Le Pen a accusé le pouvoir de "se cacher derrière un héros pour échapper à sa propre incompétence et à sa propre lâcheté".

Le Premier ministre Edouard Philippe leur a répondu en disant se "méfie(r) des réponses juridiques rapides". Il existe déjà "un arsenal juridique (...) pour comprendre, suivre, sanctionner", a-t-il souligné.

Tué vendredi lors de l'assaut du GIGN, Radouane Lakdim était fiché "S" (pour "sûreté de l'Etat") depuis 2014.

À lire aussi

Sélectionné pour vous