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Un réfugié azéri blessé, son épouse tuée dans un guet-apens près de Toulouse

Un ressortissant azéri, Rahim Namazov, grièvement blessé par balle, et sa femme Aïda, tuée: un couple de réfugiés politiques a été victime d'un guet-apens, vendredi matin à Colomiers dans la banlieue de Toulouse.

"Ce matin, à 08H50, sur la commune de Colomiers, allée Blaise-Pascal, un individu accompagné d'un complice, en position d'attente dans une voiture stationnée non loin, tirait à plusieurs reprises au moyen d'une arme de poing en direction d'un véhicule circulant sur la voie publique", a indiqué le parquet de Toulouse, dans un communiqué.

"Plusieurs pistes d’enquête sont envisagées à ce stade, mais compte-tenu du caractère probablement organisé de ces faits criminels", le parquet de Toulouse s'est dessaisi au profit de la JIRS de Bordeaux, une juridiction interrégionale spécialisée.

Le 13 mars, le couple avait porté plainte pour des "menaces de mort proférées par téléphone", a encore indiqué le parquet, soulignant qu'une enquête avait dès lors été confiée au SRPJ de Toulouse.

Entendu par la police après sa plainte, M. Namazov "expliquait que les menaces qu'il subissait, lui et sa famille, depuis peu, pouvaient être en lien avec son activité de journaliste qu'il avait exercée dans son pays d'origine et qu'il poursuivait en France sur des réseaux sociaux".

Selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), "à l'heure actuelle, il ne peut être établi qu'il existe un lien entre les tragiques crimes le visant lui et son épouse" et "de quelconques activités journalistiques".

D'après les premiers éléments de l'enquête, le couple, qui a trois enfants, avait déposé la plus jeune à l'école à Colomiers et venait de se garer au pied de son immeuble de quatre étages quand il a été pris pour cible.

Au total, sept balles ont été tirées par une arme de poing. Aïda Namazov, 39 ans, a été "atteinte grièvement au niveau de la tête" et est décédée en début d'après-midi à l'hôpital Purpan, où son mari, lui-même touché au niveau du dos, l'avait conduite en voiture.

Sur place, des rubans jaunes marqués "police technique et scientifique" interdisaient toute la matinée tout accès à la scène du crime dans ce quartier résidentiel proche du collège-lycée international Victor Hugo de Colomiers, où les coups de feu ont été entendus.

Le couple était seul au moment des tirs. Une de ses filles se trouvait en classe de neige, tandis que la plus jeune était à l'école, selon l'entourage de la famille. Le fils, âgé de 15 ans et scolarisé au collège Victor Hugo, a été pris en charge par une cellule psychologique après avoir entendu les coups de feu alors qu'il se trouvait chez lui, au rez-de-chaussée de l'immeuble.

Rahim Namazov a été emprisonné puis menacé de mort et expulsé de son pays, selon l'Association des journalistes de Toulouse (AJT) qui n'a pas "connaissance d'activités journalistiques".

Dans une vidéo postée sur Youtube le 23 décembre 2010, après son arrivée dans l'agglomération toulousaine, il racontait avoir "écrit dans (son) journal qu'il fallait s'attendre une nouvelle fois à des élections truquées et illégales" dans son pays.

"C'est pour cela que j'ai été arrêté trois fois, emprisonné 10 jours de suite à chaque fois. La dernière fois, on m'a passé à tabac. On m'a cassé une dent. Ils m'ont prévenu: après les élections, tu vas mourir, et ta famille aussi. Parce que tu nous gênes. Après ces menaces, j'ai décidé de m'enfuir", déclarait-il alors.

- Mafia -

Le responsable chez RSF de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale, Johann Bihr, a attiré l'attention de l'AFP sur un tweet de la journaliste d'investigation azérie Khadija Ismaylova, "personnalité très reconnue". Elle affirme que Namazov "prétendait être un journaliste persécuté" mais que cette guerre pourrait être le résultat d'une "bagarre sur internet avec des gens de la mafia"... "Ces derniers temps, sur internet, il a prétendu être de la mafia", a-t-elle notamment écrit.

Rahim Namazov avait obtenu le statut de réfugié en 2012, selon le parquet citant la cour nationale du droit d'asile. Mais personne n'avait signalé sa présence à Colomiers ni comme exilé politique ni comme journaliste, a déclaré à l'AFP la maire PS de la commune Karine Traval-Michelet.

Celle-ci a estimé qu'on ne pouvait pas s'empêcher de penser à "un éventuel règlement de comptes politique" en raison du profil de Rahim Namazov, "journaliste torturé et emprisonné dans son pays".

L’Azerbaïdjan, République du Caucase sortie de l’ex-URSS en 1991, arrive 162ème sur 170 dans le classement 2017 de la Liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières.

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