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Un mois de prison avec sursis requis contre Eric Drouet, figure des "gilets jaunes"

Un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende ont été requis vendredi contre Éric Drouet, une figure des "gilets jaunes", qui était jugé pour "organisation de manifestations sans déclaration préalable" mais a toujours nié tout rôle de leader dans le mouvement.

Éric Drouet a-t-il organisé des manifestations le 22 décembre et le 2 janvier à Paris? Il le nie. "Je ne suis responsable de rien du tout", a affirmé le chauffeur routier de 34 ans, vêtu d'un bomber sombre.

"Je n'ai aucun rôle d'organisateur ou de leader dans ce mouvement" des gilets jaunes, a dit Éric Drouet au tribunal. "Je suis juste un relai", a affirmé ce père de famille, qui a été l'un des initiateurs de la première mobilisation nationale des "gilets jaunes" le 17 novembre, en créant sur Facebook l'événement "Blocage national contre la hausse des carburants".

Plusieurs messages qu'il a envoyés sur les réseaux sociaux ont été lus à l'audience. "On dira au dernier moment" le lieu de rassemblement, "Nous irons où nous voulons aller", "C'est demain les amis. (...) Dans le respect de la loi mais pas plus" etc.

Pour Olivier Christen, procureur adjoint de Paris, il n'y a pas de doute: "Éric Drouet montre qu'il est un organisateur du mouvement". A ce titre, il devait donc faire une déclaration préalable de manifestation. "L'objectif est de permettre de préserver l'ordre public", a rappelé Olivier Christen.

"Évidemment les revendications sont pacifiques. (...) Mais s'inscrire en dehors du cadre légal ne permet pas de mettre en place les conditions pour éviter les débordements", les casseurs, a-t-il poursuivi.

Le 22 décembre, Éric Drouet avait signé une déclaration préalable pour une manifestation à Versailles, mais il s'est finalement rendu à Paris, et a été interpellé non loin des Champs-Élysées.

Le prévenu a expliqué que les "gilets jaunes" voulaient éviter les "parcages" par les forces de l'ordre. "Dès qu'il y a des parcages, ça se passe mal", a-t-il dit. "Mais il n'y a pas toujours des parcages dans les manifestations", a rétorqué le procureur. La salle s'est chargée de lui répondre dans un brouhaha: "Bien sûr que si!".

Éric Drouet affirme que le 2 janvier, quand il a été interpellé près des Champs-Élysées, il voulait "juste se rendre au restaurant" avec des amis, après avoir allumé des bougies à Concorde en hommage aux "gilets jaunes" décédés.

- "Casser le mouvement" -

Quelques heures avant, il déclarait toutefois dans une vidéo diffusée sur Facebook: "Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l'opinion publique". Il voulait, selon son avocat, Khéops Lara, "dénoncer son traitement". "On était juste là pour aller au restaurant, mais on devait suivre les CRS. On voulait montrer qu'on ne pouvait pas aller où on veut. (...) On s'attendait à un contrôle d'identité mais pas plus", a-t-il affirmé.

Khéops Lara a dénoncé une arrestation "arbitraire" et demandé l'annulation de la procédure: "On embarque des gens en garde à vue sans aucun motif préalable". "Cette affaire, c'est les prémisses de ce qui nous attend avec la loi anticasseur", qui prévoit notamment des interdictions administratives de manifester, s'est-il indigné.

"On utilise la police, et vous aussi (le tribunal, NDLR) pour mâter un mouvement social majeur", s'est indigné l'avocat du "gilet jaune". "Ce procès est clairement politique. On veut désigner (Éric Drouet) comme figure pensante, comme tête. On vous demande de le condamner pour cela. On veut casser le mouvement en silence", a-t-il encore ajouté.

Plusieurs de ses soutiens avaient fait le déplacement au tribunal, dont Jérôme Rodrigues qui a perdu son œil dans une manifestation. "C'est toujours les mêmes qui sont arrêtés. Les pacifistes, pas ceux qui nuisent", a déclaré à la presse, à l'extérieur du tribunal, Raquel Garrido, ex-porte-parole de La France insoumise, parti dont le leader Jean-Luc Mélenchon a exprimé son admiration pour Éric Drouet.

Le tribunal rendra son jugement le 29 mars. Le 5 juin, Éric Drouet sera à nouveau jugé, mais cette fois pour port d'arme prohibé, un bâton lors de la manifestation du 22 décembre.

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