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Une expérimentation d'apprentissage de la lecture en éducation prioritaire fait polémique

Un programme d'apprentissage de la lecture en éducation prioritaire, proposé sous forme d'expérimentation par l'association Agir pour l'école, suscite de vives critiques chez les syndicats d'enseignants, alors que le ministère de l’Éducation dénonce "une fausse polémique".

Les trois principaux syndicats de professeurs des écoles ont envoyé cette semaine une lettre au ministre Jean-Michel Blanquer pour dire leur "inquiétude" sur une expérimentation "sans rigueur reconnue, ni validité" présentée aux enseignants par les autorités académiques du Nord. Elle est destinée à être mise en œuvre dans 102 classes de grande section de maternelle et CP dans ce département à la rentrée 2018.

Agir pour l'école, créée en 2011 avec pour objectif la lutte contre l'échec scolaire, est la branche éducation de l'Institut Montaigne, think tank réputé libéral. Jean-Michel Blanquer a été membre de son comité directeur.

Les trois syndicats signataires, le Snuipp-FSU, le SE-Unsa et le Sgen-Cfdt, reprochent à cette méthode de "ne pas avoir fait ses preuves, loin s'en faut", d'être chronophage et de nier la liberté pédagogique des professeurs en raison de son caractère très contraignant (le livret explicatif pour la première phase comporte 88 pages).

Le ministère voit dans ces protestations "une fausse polémique" et souligne que cette expérimentation, déjà mise en place sous le quinquennat précédent, est basée sur le volontariat des enseignants. "On ne délègue rien. Et cette expérimentation, comme d'autres, est développée en partenariat avec le ministère", déclare-t-on.

L'apprentissage se fait par groupe de cinq enfants et le professeur, à raison de 30 minutes par jour, pendant que les autres enfants sont "en autonomie". Dans une classe de 25 élèves en maternelle, 2h30 chaque matin sont donc consacrées à cet apprentissage, aux dépens du reste, selon les syndicats.

"Oui cela prend du temps", reconnait Laurent Cros, délégué général de Agir pour l'école. Mais une partie des enfants des milieux défavorisés a besoin de plus de temps pour apprendre à lire que ceux issus des classes moyennes, et une grosse partie du temps scolaire doit être consacré au décodage, indique-t-il. Ces sessions s'étalent sur un maximum de six semaines, sur neuf mois d'école, ajoute M. Cros.

Pour Claire Krepper, secrétaire nationale au SE-Unsa, "ce n'est pas de la pédagogie, mais du dressage". Et rien ne dit ensuite que les enfants savent lire en comprenant ce qu'ils lisent, ajoute-t-elle.

Agir pour l'école et les opposants à cette expérimentation s'appuient chacun sur des évaluations favorables, ou pas, à ce programme.

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