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Meeting d'Eric Zemmour: des militants de SOS Racisme frappés par des supporters du candidat

Éric Zemmour a réuni plusieurs milliers de partisans ce dimanche au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), pour un premier meeting de campagne censé démontrer la force de sa candidature, pourtant critiquée, après des déplacements chahutés. Ils étaient 13.000 à s'être rassemblés autour de leur candidat, selon les organisateurs.

Des militants de SOS Racisme menant une action qui se voulait "non-violente" ont été agressés par des participants lors du meeting, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Au début du discours d'Eric Zemmour, une dizaine de militants de l'association se sont levés au fond de la salle sur une rangée, avec une lettre en jaune sur chacun de leurs maillots noirs, permettant d'afficher le message "Non au racisme".

Ils ont aussitôt été pris violemment à partie par d'autres participants au meeting, qui les ont frappés, ou ont lancé sur eux des sièges, comme le montre une vidéo diffusée par SOS Racisme sur Twitter, avant d'être évacués. Au moins deux personnes étaient en sang, a constaté un journaliste de l'AFP.

On voulait faire une action non-violente

"En quelque secondes des chaises ont été lancées, des militants jetés à terre et frappés. Ils ont fini avec des plaies ouvertes - au moins deux - d'autres ont pris des coups. Voilà en 2021, en France, quand on vient dans un meeting pour dire non au racisme, on finit avec la tête en sang", a réagi auprès de l'AFP Dominique Sopo, président de SOS Racisme. "Cela fera l'objet de plaintes de la part de militants agressés pour déterminer qui sont les agresseurs et qu'ils répondent de leurs actes", a précisé M. Sopo. "On voulait faire une action non-violente, j'insiste non-violente", a expliqué sur place Aline Kremer de SOS-Racisme.

"Nos militants étaient présents au meeting de #Zemmour à Villepinte pour dire non au racisme de manière pacifique. La vidéo, d'une violence inouïe, parle d'elle-même, nos militants se sont fait frapper et insulter pour avoir rappelé notre lutte antiraciste", a aussi écrit l'association sur Twitter.

Il ne faut pas venir faire de provocation dans notre salle

Ces personnes "n'avaient pas à être là, il ne faut pas venir faire de provocation dans notre salle", a réagi Antoine Diers, un membre de l'équipe de campagne d'Eric Zemmour. "S'il y a eu usage de la force avec excès, je le regrette mais je trouve qu'avec toutes les provocations qu'on subit, on est vraiment très très calme", a-t-il ajouté. "On est les gens les plus provoqués. On a l'impression d'être caricaturés tout le temps. Dans un pays démocratique, tout le monde a le droit de défendre des idées", a-t-il argué.

Des journalistes hués

Plus de 400 journalistes étaient accrédités pour l'événement. Avant que le meeting ne démarre, une équipe de l'émission "Quotidien" a été huée par le public aux cris de "et tout le monde déteste +Quotidien+", avant d'être mise brièvement à l'abri, a constaté l'AFP.

Le polémiste a calqué son calendrier sur le congrès des LR, qui ont choisi samedi leur championne Valérie Pécresse, au profil plus modéré que son rival Éric Ciotti.

Comme Marine Le Pen, sa concurrente à l'extrême droite, M. Zemmour a invité les déçus LR à le rejoindre, dans une lettre ouverte où il atteste: "Nous sommes si proches".

Initialement prévu au Zénith, à La Villette, dans le nord-est de Paris, le meeting a finalement été délocalisé à Villepinte, en banlieue. L'équipe de M. Zemmour l'explique par "l'engouement populaire", mais admet aussi des raisons de sécurité.

Un dispositif de sécurité dense a été déployé à Villepinte. Des tensions ont éclaté à la mi-journée entre des dizaines d'opposants à la venue d'Éric Zemmour et les forces de l'ordre, devant la gare du RER.

Quarante-six personnes, qui se trouvaient dans une zone interdite aux manifestations, ont été interpellées, a indiqué la préfecture.

A Paris, quelque 2.200 manifestants selon la préfecture, 10.000 selon les organisateurs, se sont rassemblés dans le calme pour dénoncer la candidature et le discours à leurs yeux "raciste" d'Eric Zemmour, à l'appel d'une cinquantaine de syndicats, partis et associations.

Le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, avait lancé une pétition pour faire annuler le meeting par les propriétaires du lieu, le groupe Viparis, en l'interpellant sur sa "charte de la diversité".

"L'ordre"

Le meeting permet de mesurer les ralliements, alors que l'organisation est critiquée en interne pour sa fragilité et que des militants plus radicaux ont intégré la campagne, comme l'ex-mégrétiste et proche des identitaires Grégoire Tingaud, chargé de coordonner les référents régionaux.

Le financier Charles Gave a retiré son soutien et le souverainiste Philippe de Villiers n'était pas présent dimanche.

Mais plusieurs personnalités de la Manif pour tous, opposées au mariage homosexuel, sont venues: l'ex-député conservateur Jean-Frédéric Poisson, qui s'occupera des législatives, ainsi que Christine Boutin qui présidait avant lui le petit Parti chrétien-démocrate (devenu "VIA la voix du peuple").

Au micro, M. Poisson s'est félicité d'avoir avec d'autres "installé les enjeux de civilisation au coeur de la campagne présidentielle".

Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, associé jusqu'à présent à LR, a dénoncé la "décomposition idéologique de la droite", qui "aurait dû proposer une réelle alternative au progressisme de la gauche, berceau d'Emmanuel Macron".

Le souverainiste Paul-Marie Coûteaux, ancien porte-parole de Marine Le Pen et ami d'Eric Zemmour, a fait huer l'ambassade des Etats-Unis pour ses messages d'alerte devant les risques de sécurité du meeting, ainsi que la "féodalité" des journalistes, "techniciens de la propagande". Il a appelé Eric Zemmour à devenir "le roi de France".

La figure des "gilets jaunes" Jacline Mouraud, au nom des "gens ordinaires", a dénoncé la "mondialisation heureuse, cheval de Troie des étrangers".

Etaient présents également Pierre-Jean Chalençon, collectionneur d'objets de Napoléon, accusé d'avoir organisé des dîners clandestins pendant le confinement, l'animateur de télévision Eric Naulleau ou encore Karim Ouchikh, un proche de l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, promoteur de la théorie du "grand remplacement" .

Le général Bertrand de la Chesnais, ex-tête de liste pour le RN à Carpentras (Vaucluse), qui planche déjà sur les questions de défense, pourrait être nommé directeur de campagne.

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