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Violé lors d'une interpellation, Théo raconte le calvaire qu'il a subi: "Dès qu’il m’a fait ça je suis tombé sur le ventre"

Un policier a été mis en examen pour viol et ses trois collègues pour violences volontaires en réunion. Les inculpations font suite à une interpellation où un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque, ce jeudi. Theo, le jeune homme agressé, s'est confié à son avocat depuis son lit d'hôpital. Nos confrères de BFMTV ont pu consulter son témoignage.

Depuis l'hôpital dans lequel il est soigné, Théo, le jeune homme de 22 ans blessé durant son interpellation par des policiers à Aulnay-sous-bois, s'est confié sur les faits à l'un de ses avocats. Nos confrères de la chaîne BFMTV se sont procuré le document sonore.


"Je suis parti devant les caméras

D'après nos confrères, le jeune homme affirme qu'il venait de sortir de chez lui pour rendre visite à plusieurs connaissances et qu'il s'est retrouvé au milieu de l'interpellation par hasard. Il aurait été surpris par la violence des interpellations et a souhaité se placer dans le champ des caméras de surveillance.

"Je savais que là où on était il n’y avait pas de caméras, j’ai réussi à me débattre, je suis parti devant les caméras. J’ai pas cherché à fuir, j’ai dit aux policiers, 'vous avez déchiré mon sac', ils me répondent 'on s’en fout'. Ils sont trois à me saisir, je leur demande, pourquoi vous faites ça, ils ne me répondent pas, ils me disent que des injures", aurait expliqué Théo.


"J’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses"

La jeune victime raconte alors sa version des événements et les terribles violences qu'il a subies. "Il me regarde, j’étais de dos, mais j’étais en trois quart, donc je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement. Dès qu’il m’a fait ça je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force. Là il me dit 'les mains dans le dos', j’ai dû mettre mes mains dans le dos, ils m’ont mis les menottes et là ils m’ont dit ‘assieds-toi maintenant’, je leur ai dit ‘j’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses’, et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête, et moi j’avais tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère (...) c’était vraiment trop dur pour moi. (...) Mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal".


Les secouristes à leur arrivée au commissariat: "Là c’est très grave"

Un riverain serait alors intervenu et aurait demandé aux policiers ce qu'ils allaient faire à Théo. Le jeune homme aurait alors été embarqué dans un combi, où il a subi de nouvelles violences et des insultes. Une fois au commissariat, incapable de s'asseoir, Théo aurait été obligé de se coucher. Après quelques instants, un des agents aurait décidé d'appeler le Samu. "Le Samu me retourne, il regarde la plaie et me dit ‘là c’est très grave, il y a au moins 5 ou 6 centimètres d’ouverture, faut l’opérer le plus rapidement possible. (...) Ils ont dit que j’avais perdu beaucoup de sang", confie Théo.


2 mois de convalescence

Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme, qui a dû être opéré, était toujours hospitalisé dimanche. Après son transport à l'hôpital d'Aulnay, un médecin avait diagnostiqué à la victime, par ailleurs blessée au visage et au crâne, "une plaie longitudinale du canal anal" et une "section du muscle sphinctérien", et lui avait prescrit 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT).

"C'est un vrai choc, comme on n'en a jamais connu à Aulnay. Théo (le jeune homme blessé) est un citoyen français engagé dans la vie de son quartier, c'est une famille exemplaire", a dit à l'AFP Hadama Traoré, qui a grandi aux "3.000" et vient de fonder un mouvement citoyen, "La révolution est en marche".


Un policier poursuivi pour viol

Jeudi dernier, quatre policiers initialement soupçonnés de "viol en réunion" avaient été placés en garde à vue dans les locaux de la "police des polices". Dimanche matin, le parquet de Bobigny avait ouvert une information judiciaire pour "violences" mais le juge d'instruction chargé de l'enquête a, in fine, décidé de poursuivre l'auteur présumé des coups de matraque télescopique pour "viol". Les quatre hommes ont par ailleurs été placés sous contrôle judiciaire et quatre d'entre eux se sont vus interdire par le juge d'exercer l'activité de fonctionnaire de police.

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