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Violences en ligne contre les femmes: le HCE appelle à "en finir avec l'impunité"

Insultes sexistes, menaces de viol ou de mort sur internet, logiciels de surveillance: le Haut conseil à l'égalité (HCE) appelle à "en finir avec l'impunité" des auteurs de violences en ligne à l'égard des femmes, dans un rapport publié mercredi.

Si internet peut être un "formidable" outil d'expression et de mobilisation collective - comme l'a illustré la vague de témoignages sur les réseaux sociaux après l'affaire Weinstein - il est aussi un espace de violences "massives" contre les femmes, constate le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.

Son rapport, remis au secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi, distingue deux formes majeures de violences faites aux femmes en ligne: le "cyber-contrôle dans le couple", c'est-à-dire l'usage par un conjoint d'outils numériques de surveillance et de géolocalisation, et le harcèlement sexiste et sexuel en ligne.

Il existe peu de données chiffrées en France sur le premier phénomène, dont on peut cependant présager "l'ampleur" en se basant sur des enquêtes réalisées à l'étranger et sur les remontées des associations qui accueillent les femmes victimes de violences, selon le HCE.

Concernant le harcèlement sexiste et sexuel en ligne, un "testing" mené par le HCE sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et YouTube) en juin et juillet 2017 a révélé "une très grande impunité vis-à-vis de ces discours de haine", seuls "8% des contenus sexistes signalés" ayant été supprimés. Le HCE juge la modération "insuffisante, aléatoire et non graduée, parfois trop lente".

"Nous sommes mobilisés pour faire reculer la violence contre les femmes en ligne et nous continuerons à travailler avec de nombreuses associations dans ce domaine", a réagi Facebook dans un communiqué. La plateforme a dit "souhaiter prendre toute sa part dans la réflexion sur ces questions si importantes, au côté du HCE et de toutes les parties prenantes".

Parmi ses 28 recommandations, le HCE suggère d'obliger par la loi les plateformes à réagir aux signalements "dans les plus brefs délais".

Les jeunes filles sont particulièrement visées, selon le HCE. Une fille sur cinq de 12 à 15 ans rapporte avoir été insultée en ligne sur son apparence physique.

Les femmes qui dénoncent le sexisme sont aussi des cibles, comme en attestent de récents "raids" contre des journalistes, femmes politiques ou militantes féministes. Le HCE cite l'exemple de la youtubeuse Marion Seclin, qui a reçu en juin 2016 "plus de 40.000 messages d'injures sexistes, de menaces de viol ou de mort", suite à la publication d'une vidéo dénonçant le harcèlement de rue.

Le HCE suggère plusieurs évolutions du droit: allonger de un an à trois ans le délai de prescription des délits de presse que sont les injures publiques et incitations à la haine commises en ligne; réviser la définition du harcèlement pour couvrir les problématiques des "raids".

Il recommande aussi de "mesurer et comptabiliser" les violences faites aux femmes en ligne, de rappeler les interdits posés par la loi au moyen d'une grande campagne de communication, et de renforcer la formation des professionnels sur le "cyber-contrôle au sein de couple" (associations, policiers, gendarmes).

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