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Zemmour au cœur d'une enquête pour apologie du terrorisme: du "respect" pour les journalistes

Il y a selon lui "quelque chose de respectable" chez les jihadistes: les propos du polémiste Eric Zemmour dans le magazine Causeur ont déclenché vendredi l'ouverture, par le parquet de Paris, d'une enquête pour apologie du terrorisme. Dans le numéro d'octobre de ce mensuel qui se revendique à rebours du "ronron dominant", l'essayiste habitué des polémiques déclare prendre "l'islam au sérieux": "Je ne le méprise pas! Je ne pense pas que les jihadistes soient des abrutis ou des fous". Il poursuit: "Et je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient - ce dont nous ne sommes plus capables".

"Quand des gens agissent parce qu'ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable"

Ces propos figurent dans une longue interview publiée jeudi dans le cadre de la promotion de son livre "Un quinquennat pour rien", où il prédit une guerre de civilisations dans une France meurtrie par les attentats islamistes et menacée, selon lui, dans son identité par l'islam. Aux journalistes qui lui demandent s'il respecte "des gens qui roulent en camion sur des enfants", en référence à l'attentat du 14 juillet à Nice, l'essayiste répond: "Quand des gens agissent parce qu'ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable. Et en même temps de criminel et de mauvais, c'est ainsi, les humains sont complexes, donc combattons-les, mais arrêtons de les mépriser."

"Il réagit à une question évoquant des terroristes comme des 'esprits faibles'"

Apologie du terrorisme ? Olivier Pardo, avocat d'Eric Zemmour, se dit scandalisé par l'ouverture de cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne de la PJ parisienne. "Il réagit à une question évoquant des terroristes comme des 'esprits faibles'. Ce qu'il dit c'est que le terrorisme est un ennemi armé intellectuellement et que nous devons aussi être armés intellectuellement pour le combattre".

Les propos d'Eric Zemmour repris par plusieurs médias ont suscité des réactions d'indignation, alors que la France est frappée depuis janvier 2015 par une série d'attentats qui ont fait 238 morts et des centaines de blessés.

"Glorification des auteurs des attentats"

Une avocate de victimes d'attentats, Samia Maktouf, SOS Racisme et la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac) ont tour à tour dénoncé ces propos auprès du procureur de la République de Paris. Dans son courrier adressé au magistrat, Me Maktouf estime que ces déclarations expriment une "glorification des auteurs des attentats" et une "banalisation" de ces crimes.

La sortie médiatique de l'essayiste a également agité la twittosphère: "Zemmour fait l'apologie du terrorisme. Les extrêmes se rejoignent comme tjrs (toujours). Je suis avec les victimes et partage leur colère", a tweeté Patrick Pelloux, ancien chroniqueur à la rédaction de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, décimée par un attentat le 7 janvier 2015.

Jihadistes "courageux"

La Société des journalistes (SDJ) de la radio RTL, où Eric Zemmour est chroniqueur depuis six ans, a par ailleurs condamné les déclarations du polémiste. Ces propos évoquent ceux tenus par l'ex-membre du groupe armé d'extrême gauche Action directe Jean-Marc Rouillan, qui avait qualifié de "très courageux" les jihadistes, le 23 février, lors d'une émission de radio. Il a été condamné le 7 septembre à Paris à huit mois de prison pour apologie du terrorisme.

Le tribunal avait considéré que M. Rouillan, qui a lui-même fait partie d'un "mouvement terroriste", avait "fait preuve d'empathie" à l'égard des auteurs des récents attentats en France. Eric Zemmour avait été condamné en 2011 pour avoir déclaré à la télévision: "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait". La cour d'appel de Paris a en revanche confirmé en juin sa relaxe pour avoir évoqué des "bandes" d'étrangers "qui dévalisent, violentent ou dépouillent" lors d'une chronique sur RTL en 2014.

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