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"Cahiers de la corruption": Kirchner à nouveau face au juge

L'ancienne présidente argentine Cristina Kirchner doit se rendre lundi à une deuxième convocation en trois semaines devant le juge qui instruit les "Cahiers de la corruption", un grand scandale qui implique l'administration Kirchner.

Lundi vers 11h00, elle est attendue dans le bureau du juge Claudio Bonadio.

Selon Mme Kirchner, le magistrat lui en veut personnellement car elle a tenté en vain de le démettre de ses fonctions lorsqu'elle était au pouvoir.

De son côté le juge la soupçonne d'avoir été la responsable, avec son mari Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007, d'un système de corruption institutionnalisé dont le centre névralgique était le ministère de la Planification, chargé des Travaux publics.

- Immunité de sénatrice -

Elue sénatrice en octobre 2017, Cristina Kirchner est ainsi protégée par une immunité parlementaire qui l'a met à l'abri d'un placement en détention.

Elle peut toutefois être convoquée par la justice, mise en examen, jugée et condamnée.

Dans ce dernier cas, il faudrait que la majorité des sénateurs vote la levée de son immunité pour qu'elle soit incarcérée.

Carlos Menem, président de 1989 à 1999, coule de jours heureux en Argentine après avoir été condamné à 7 ans de prison dans une affaire de contrebande d'armes. A 88 ans, il a été réélu sénateur l'an dernier.

Le juge Bonadio a déjà expédié en prison une dizaine de fonctionnaires du ministère de la Planification. Parmi eux, le vice-ministre Roberto Baratta, dont le chauffeur Oscar Centeno a révélé les remises de sacs d'argent dans un cahier.

Bonadio n'a pas eu besoin de signer un mandat d'arrêt contre le ministre de la Planification Julio De Vido, ni contre le vice-ministre Julio Lopez, tous deux se trouvaient déjà en prison dans le cadre d'autres affaires.

L'arrestation de Julio Lopez, en juin 2016, avait été rocambolesque. Il avait été prix en flagrance alors qu'il tentait de dissimuler 9 millions de dollars en liquide dans un couvent près de Buenos Aires.

Lors de sa précédente convocation dans le cadre des "Cahiers de la corruption", le 13 août, Mme Kirchner avait demandé la récusation du juge Bonadio. Elle dénonce une "persécution politique" et compare son cas à celui de son homologue brésilien Lula.

Depuis qu'elle a quitté le pouvoir en décembre 2015, Mme Kirchner a été mise en cause dans 6 dossiers. Dans cinq affaires, Bonadio est le juge d'instruction.

"(Ce lundi), je vais dans le bureau de (Claudio) Bonadío pour la septième fois", a ironisé dimanche Cristina Kirchner, sur son compte Twitter.

- Opposante N.1 -

Elle a demandé à ses partisans de s'abstenir de l'accompagner au tribunal de Comodoro Py, situé dans la zone portuaire de Buenos Aires.

"Ne vous mobilisez pas, a-t-elle écrit. Garder votre énergie pour défendre l'université et la santé publiques, la science et la technologie, et aider ceux qui sont en difficulté, qui malheureusement sont nombreux dans notre pays".

Elle faisait référence à la mauvaise passe économique que traverse l'Argentine et aux coupes budgétaires dans le secteur public.

Lors de sa première convocation, plutôt que de répondre aux questions dans le bureau du juge, l'ancienne avocate avait remis une déclaration écrite au magistrat.

Dans la perspective de la présidentielle d'octobre 2019, Mme Kirchner, 65 ans, est la principale figure de l'opposition à Mauricio Macri, qui a annoncé qu'il briguerait un second mandat.

Lors des législatives de mi-mandat, en 2017, elle a démontré que son parti Unité citoyenne pesait environ 30% des suffrages, notamment chez les plus pauvres, qui ont bénéficié d'aides sociales pendant la présidence des Kirchner, en partie supprimées par le gouvernement Macri.

Dans le scandale des "Cahiers de la corruption", outre des membres de l'administration Kirchner, la justice a pour la première fois épinglé une trentaine de chefs d'entreprises.

La plupart ont reconnu avoir versé de l'argent en liquide à des fonctionnaires et accepté de collaborer avec la justice, en échange d'une remise en liberté.

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