Accueil Actu

"Cette nuit-là, j'ai cru mourir. Il était d'une extrême violence" : une troisième femme accuse l'islamologue Tariq Ramadan de viols

Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour un viol en 2012 à Paris et pour un autre sur personne vulnérable en 2009 à Lyon.

L'intellectuel musulman Tariq Ramadan, actuellement en détention après avoir été accusé de viols par deux femmes, doit désormais affronter une troisième plaignante qui affirme avoir été victime d'une dizaine de viols avec sévices entre 2013 et 2014.

Cette Française musulmane d'une quarantaine d'années et qui souhaite garder l'anonymat, dit avoir été sous "l'emprise" du théologien suisse et avoir été violée en France, à Bruxelles et à Londres, selon une source proche du dossier. 

La mère de famille s'est confiée dans une interview donnée à Europe 1. Elle explique avoir été victime d'une dizaines de viols. 


"Ça a été la pire nuit de ma vie"

"J’ai cru mourir. Il était d’une extrême violence, comme jamais je n’ai pu le vivre dans ma vie. Ça a été la pire nuit de ma vie", confie-t-elle au micro d'Europe 1. 

Selon elle, tout a commencé en février 2013. Tariq Ramadan l'aurait contactée via Facebook. Ils s'échangent ensuite leurs numéros de téléphone. Commencent alors l'envoi de "photos dénudées, des mots doux et des fantasmes". La mère de famille se confie, raconte son passé d'escort-girl sans savoir que ces révélations lui porteront préjudice...

Ils se seraient ensuite donné rendez-vous dans un hôtel de Bruxelles. "J’étais à sa merci. La surprise de ces actes dégradants était telle que j’étais choquée, tétanisée et j’attendais le matin pour partir", explique-t-elle.


"Étant sous son emprise, j'exécutais ses ordres"

L'islamologue la menace de révéler son passé d'escort à sa famille et de rendre publiques ses photos dénudées. La plaignante évoque ensuite ainsi une dizaine de viols. "Étant sous son emprise, et comme il menaçait ma famille et moi-même, qu’il m’insultait et qu’il me rabaissait, j’exécutais ses ordres", explique la mère de famille.

"Il fallait que je lui obéisse, que je sois disponible 24H/24, que je fasse tout ce qu'il me dise, prendre des photos dans des positions de soumission, à genoux pour lui demander pardon, l'appeler 'maître'", a-t-elle confié à Europe 1. "Au départ, il y a eu des sentiments sinon je n'aurais pas accepté de le voir. C'est une fois l'avoir rencontré que je me suis dit 'comment faire marche arrière' et c'est là que j'ai perdu les pédales", continue-t-elle. 

Des "comportements sexuels brutaux"

Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour un viol en 2012 à Paris et pour un autre sur personne vulnérable en 2009 à Lyon.

Au moins trois femmes témoignant sous X ont aussi rapporté des "comportements sexuels brutaux", selon une source proche de l'enquête.

L'intellectuel, qui nie tout rapport intime avec ces deux femmes, a été écroué à la prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, la justice craignant des risques de fuite, de pressions sur les plaignantes ou de réitération des faits.

La détention de ce petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans a suscité un vif émoi dans une partie des rangs musulmans, certains dénonçant un "deux poids, deux mesures", voire un "complot" contre une des rares figures médiatiques de l'islam européen, mais dont l'étoile avait déjà commencé à pâlir.


Une expertise médicale ordonnée

Tariq Ramadan avait invoqué son état de santé pour contester sa détention provisoire, qui a néanmoins été confirmée par la cour d'appel de Paris fin février. Une première expertise médicale avait remis en question les deux maladies, une sclérose en plaques et une neuropathie, dont le théologien dit souffrir, jugeant leur diagnostic "incertain".

Une expertise médicale complète a été ordonnée par les juges et doit être rendue d'ici la fin mars.

En novembre, la défense de Tariq Ramadan avait riposté en portant plainte pour subornation de témoins contre l'essayiste Caroline Fourest, qu'elle soupçonne d'avoir influé sur les deux accusatrices. Mme Fourest, qui accuse de longue date le théologien de dissimuler un projet d'un islam politique, a porté plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse.

À lire aussi

Sélectionné pour vous