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"Gilets jaunes": "risques avérés" de violences à Bordeaux, le maire veut une "ville morte"

Le maire de Bordeaux Nicolas Florian a appelé habitants et commerçants à faire de la capitale girondine une "ville morte" samedi, à la veille d'un acte 20 des "gilets jaunes" avec des "risques avérés de dégradations et de violences", selon la préfecture, et la présence annoncée de "centaines de casseurs".

"Je décrète la ville morte demain à Bordeaux. Je suis très inquiet de ce qui pourrait se passer. On nous annonce des centaines de casseurs, de gens qui sont là pour en découdre", a déclaré devant la presse le maire qui a succédé à Alain Juppé en début de mois. "C'est une journée qui peut être apocalyptique."

"Je demande aux commerçants de baisser leur rideau pour se protéger, et je demande aux Bordelaises et aux Bordelais de rester chez eux afin de permettre aux forces de police de faire leur travail et qu'on ne prenne pas le risque d'un accident", a insisté M. Florian.

"J'ai bien conscience que cela (appel à une ville morte) dramatise la situation, mais je préfère prévenir, alerter", a-t-il ajouté. "Je n'ai pas envie d'avoir des drames humains derrière des drames matériels."

Il a enfin appelé les "+gilets jaunes+ dits de bonne foi à prendre bien conscience maintenant de leurs responsabilités", car "s'il n'y a pas de défilé des +gilets jaunes+ en ville, il n'y aura pas de casseurs, pas de black blocs".

Bordeaux reste depuis mi-novembre un bastion des "gilets jaunes" avec des rassemblements chaque samedi de plusieurs milliers de personnes, régulièrement ponctués de heurts en fin de journée. Même si l'affluence aux rassemblements avait baissé ces derniers weekends, un peu plus de 2.500 personnes samedi dernier, selon une source proche du dossier.

Alors que des appels sur les réseaux sociaux ont invité les Toulousains à se joindre au défilé de samedi, la préfecture de Gironde a annoncé que le "dispositif de sécurité et de secours sera renforcé".

Fait inhabituel, elle a publié un communiqué pour alerter sur la "volonté manifeste de certains groupes, violents et très déterminés, de provoquer d'importants troubles à l'ordre public et des dégradations ce samedi dans le centre ville, et de se confronter aux forces de l'ordre".

Les commerçants du centre sont appelés à "prendre des mesures de précaution particulières", en retirant notamment de la voie publique tout ce qui peut "faire office de projectile", a ajouté le communiqué, publié peu avant les propos du maire.

Jeudi, plus d'une centaine de commerçants s'étaient rassemblés sur la rue Sainte-Catherine, la grande artère piétonne de Bordeaux, pour dire leur "ras-le-bol" de la casse des samedis.

La préfecture a publié les arrêtés habituels d'interdiction de manifester dans une longue liste de rues et places du centre, encore élargie, ainsi que de transporter ou vendre toute forme de produits d'artifice, carburant au détail ou autres produits inflammables.

Par ailleurs, un "Village jaune citoyen", rassemblement statique sous tentes, organisé depuis deux samedis en bord de Garonne, sans incidents mais sans grande affluence, a de nouveau été autorisé.

"Sous la menace de peines de prison et de lourdes amendes", la CGT Ford, avec Philippe Poutou, des branches de SUD et d'autres groupes, ont par ailleurs renoncé à manifester ce même samedi au centre ville contre "la loi anti-casseurs" et "pour la liberté de manifester", indique un communiqué. Le rassemblement n'avait pas été autorisé.

Une autre manifestation prévue en début d'après-midi, des professionnels de l'Education nationale, a été autorisée.

Pour ce 20e épisode des "gilets jaunes", la nouvelle préfète de Nouvelle-Aquitaine nommée cette semaine, Fabienne Buccio (jusqu'alors préfète de Normandie) n'a pas encore pris ses fonctions, l'intérim étant assuré par la préfète déléguée pour la défense et la sécurité, Valérie Hatsch.

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