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Erdogan entame sa visite à Londres en critiquant les décisions de Trump

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé lundi à Londres que les Etats-Unis avaient perdu "leur rôle de médiateur" au Proche-Orient après leur décision de déménager leur ambassade en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.

"Nous rejetons cette décision qui viole le droit international et les résolutions des Nations unies", a déclaré le président turc au deuxième jour de sa visite au Royaume-Uni, lors d'une conférence au prestigieux centre de réflexion de Chatham House.

"Avec cette décision, les Etats-Unis ont choisi d'être une partie du problème, et perdent leur rôle de médiateur dans le processus de paix" au Proche-Orient, a-t-il ajouté.

Il a exhorté la communauté internationale à "jouer son rôle le plus rapidement possible" et à prendre des mesures pour mettre fin à "l'agression croissante d'Israël". Et il a réaffirmé que "la création d'un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale", était "la seule solution pour une paix durable".

Les Etats-Unis ont inauguré lundi leur nouvelle ambassade en Israël à Jérusalem, conformément à la décision prise par le président américain Donald Trump, pendant qu'une cinquantaine de Palestiniens étaient tués par l'armée israélienne lors de manifestations de protestation dans la bande de Gaza.

Le président turc a également critiqué dans son intervention une autre décision de M. Trump, qui a dénoncé l'accord nucléaire avec l'Iran. "L'accord nucléaire est un développement significatif qui doit être préservé", a-t-il réaffirmé, estimant qu'une "participation constructive de l'Iran" et "le dialogue politique avec l'Iran sont bénéfiques pour la communauté internationale".

Concernant l'Union européenne, M. Erdogan a réaffirmé que "la pleine adhésion continue à être notre but stratégique", tout en dénonçant vivement la "politisation" du processus dont est selon lui victime son pays, qui frappe à la porte de l'UE depuis 1963.

- Tapis rouge -

Le président turc a entamé dimanche une visite officielle de trois jours au Royaume-Uni qui déroule pour lui le tapis rouge, dans la perspective de l'après Brexit et des nouveaux partenariats commerciaux que le pays espère nouer.

Mardi, il aura ainsi le privilège d'être reçu par la reine Elizabeth II, un honneur qui n'a fait l'objet d'aucune contestation alors qu'une visite annoncée de Donald Trump avait provoqué une levée de boucliers.

La visite de M. Erdogan ne manque toutefois pas d'être accompagnée de manifestations: lundi devant Chatham House, dans le coeur très select de Londres, un groupe d'une quinzaine de Kurdes s’époumonait avec un haut-parleur pour dénoncer "Erdogan fasciste" et "Erdogan terroriste", fustigeant notamment les actions militaires turques contre les Kurdes en Syrie.

Une autre manifestation est prévue mardi devant Downing Street, où le président turc rencontrera la Première ministre Theresa May, cette fois-ci pour défendre la liberté de la presse en Turquie, à l'appel notamment de l’organisation de défense des droits des journalistes Reporters Sans Frontières (RSF), alors que quelque 150 journalistes sont emprisonnés en Turquie, sous l'état d'urgence.

Un porte-parole de Downing Street a assuré lundi que Mme May "évoquera la question des droits de l'Homme" avec M. Erdogan, soulignant que la Turquie doit "remplir ses obligations internationales y compris le respect de la liberté d'expression et la liberté politique".

Les deux dirigeants doivent évoquer la lutte contre le terrorisme, les questions migratoires et la stabilité régionale, selon le porte-parole.

L'accroissement des échanges commerciaux entre les deux pays sera également à l'agenda, alors que les Britanniques s’apprêtent à quitter l'UE en mars 2019. "Nous sommes prêts à coopérer davantage avec le Royaume-Uni après le Brexit, dans tous les domaines", a assuré le président turc

Sa visite intervient à quelques semaines des élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin en Turquie. M. Erdogan, qui règne sans partage sur la scène politique turque depuis 15 ans, entend asseoir davantage son pouvoir lors de ce scrutin qui marquera le passage à un système présidentiel avec un chef de l'État aux pouvoirs élargis.

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