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"Un pays, deux systèmes": le statut spécial de Hong Kong

La vague de manifestations antigouvernementales sans précédent à Hong Kong alimente une guerre des mots qui s'envenime entre la Chine et l'ancienne puissance coloniale britannique.

Hong Kong a été rétrocédé en 1997 aux termes d'un accord qui garantissait au territoire une autonomie et des libertés inconnues sur le continent, selon le principe "un pays, deux systèmes" au coeur du différend actuel entre Londres et Pékin.

Qu'est ce que le "un pays, deux systèmes"?

Londres a hissé son drapeau sur le "rocher stérile" décrit par Lord Palmerston en 1841.

Plus d'un siècle plus tard, à l'issue de longues négociations, Londres et Pékin se sont mis d'accord sur les conditions du retour de Hong Kong dans le giron chinois.

Selon la déclaration sino-britannique de 1984 signée par la Première ministre britannique Margaret Thatcher et le Premier ministre chinois Zhao Ziyang, Hong Kong serait rétrocédée en 1997 mais gouvernée sur le principe "un pays, deux systèmes". Ce statut spécial resterait en vigueur pendant cinquante ans.

Qu'a-t-il de spécial?

La déclaration conjointe stipule que Hong Kong bénéficie "d'un degré élevé d'autonomie, hormis en matière d'affaires étrangères et de défense", et de son propre système judiciaire, législatif et exécutif.

La législation d'avant 1997 "restera en grande partie inchangée", dit le texte. La Région administrative spéciale conserve son système capitaliste, avec des échanges indépendants et des flux de capitaux "libres" à la différence du continent. Les investissements étrangers et la propriété privés sont protégés.

Et les libertés ?

"Les systèmes économique et social actuels de Hong Kong resteront inchangés de même que son mode de vie", souligne la déclaration explicitement.

Ses droits, parmi lesquels l'indépendance de la justice, la liberté d'expression, de la presse, d'association, de religion, intellectuelle et le droit de grève, sont garantis.

Cela signifie que les habitants de Hong Kong, région chinoise, jouissent de libertés qui n'existent pas sur le continent. L'Etat de droit est la clé de voûte de la culture hongkongaise et de sa réussite en tant que centre d'affaires international.

L'accord a-t-il tenu?

De plus en plus de Hongkongais accusent la Chine de renier ses engagements et de rogner sur ces fameuses libertés en "interprétant" la mini-Constitution du territoire dans le but de museler les critiques et d'évincer les opposants du Parlement.

La peur et la colère se sont soldées le mois dernier par de gigantesques manifestations provoquées par un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine.

D'où vient la querelle diplomatique actuelle?

La déclaration de 1984 a été enregistrée auprès des Nations unies en tant que traité. Mais Pékin l'a décrite ces dernières années comme un "document historique" non contraignant.

Londres n'est pas du tout de cet avis.

A la suite des récents affrontements violents entre manifestants hongkongais et policiers anti-émeutes, le Royaume-Uni a rappelé à la Chine son obligation de protection des libertés de Hong Kong, lui demandant de ne pas se servir les manifestations comme "prétexte à la répression".

Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a menacé la Chine de "graves conséquences" en cas de violation de l'accord.

Pékin a lui dénoncé une "ingérence grossière" dans ses affaires intérieures. Le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé Londres d'être "encore plongé dans les fantasmes des anciens colons britanniques".

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